CORRESPONDANCE - Le concours « Operalia » animé par Placido Domingo - Une véritable pépinière de l’art lyrique

Le bel canto se porte bien sous toutes les latitudes. Son écho a résonné à Washington où vient de se tenir le concert intitulé Operalia. Plus de mille personnes y ont assisté et, cette année, il était dédié aux victimes de l’attaque du 11 septembre. On a pu entendre, au cours de cette soirée, des talents qui viennent de percer de par le monde et qui ont eu ainsi voix au chapitre international grâce à «l’Association Operalia» qui leur donne la possibilité de recevoir un prix de valeur (50 000 dollars pour chaque gagnant, offerts par le philanthrope Vilar) et surtout d’être reconnus et de pouvoir faire des débuts sur la scène mondiale. «Operalia» a été fondée en 1993 par Placido Domingo et continue à fonctionner sous son égide. C’est le plus grand concours international d’art lyrique. Il englobe tous les registres de voix qui en sont à leur début professionnel. Un comité artistique choisi par Placido Domingo est chargé d’étudier les dossiers des candidats et d’écouter toutes les cassettes qui les accompagnent. Mille participants et cinq gagnantes Chaque membre de ce comité travaille seul et donne à chacun des postulants des points allant de 0 à 10. Puis un bureau spécialisé «tabule» les scores pour choisir les 40 meilleurs. Ceux-ci sont par la suite soumis à trois autres épreuves : une sélection préliminaire qui retient 20 candidats, un semi-final qui en sélectionne 10 et, en définitive, cinq gagnants seront nommés, qui se produiront durant un gala public. Chaque année, 1 000 à 1 200 audio-cassettes sont soumises à l’association. Cette année, les heureuses gagnantes avaient toutes moins de 30 ans. Il y avait une mezzo soprano chinoise nommée Guang Yang, une soprano de la République de Georgie, Elizaveta Martirosyan, une Sud-Coréenne, Hoo-Ryoung Hwang, une Italienne, Alessandra Rezza, et une Australienne, Rachelle Durkin. Cette nouvelle fournée se produira au Centre Kennedy en janvier prochain, sous la direction de Placido Domingo, qui a fait remarquer que, d’année en année, les talents sont en train de gagner en qualité. Il explique aussi ce qui l’a poussé à créer «Operalia» : «Je connais fort bien les difficultés qu’éprouvent les jeunes chanteurs à se forger une carrière. Mon but est de leur ouvrir la voie, en assurant les meilleures conditions professionnelles. Il y a beaucoup de belles voix à découvrir de par le monde, mais souvent les jeunes artistes souffrent d’un manque de direction vocale et dramatique de même que d’une orientation efficace. Je me propose de contribuer à identifier non seulement les meilleures voix mais mais aussi ceux dont la personnalité, le caractère et le pouvoir d’interprétation sont les promesses d’un artiste accompli. Ce sont ceux-là qui seront les stars de demain». «Les conditions du concours, ajoute le ténor, sont rigoureuses car elles ne portent pas seulement sur le timbre et la technique vocale mais aussi sur le talent d’acteur et la présence scénique. Voilà pourquoi le jury n’est pas exclusivement composé de chanteurs éminents. Par ailleurs, les artistes doivent avoir accès aux meilleurs entraîneurs, directeurs d’affaires et producteurs. Sans eux, leur carrière ne peut prendre une bonne forme». À noter que sans participer au choix des gagnants, Placido Domingo suit de très près le déroulement du concours. Il sélectionne les membres du jury parmi les personnes les plus compétentes dans les domaines du théâtre et de la musique. De plus, il prend sous son aile les gagnants mais aussi les autres, procurant à tous des possibilités de travail dans le cadre des projets dans lesquels il est impliqué ou dans différentes compagnies de par le monde. Faisant de son «Opéralia» une véritable pépinière de l’art lyrique.