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Actualités - OPINIONS

Bush-Ben Laden, - une même logique simpliste

Il y a du simplisme dans la façon dont George W. Bush présente sa troisième guerre mondiale (si l’on peut qualifier de guerre les opérations militaires lancées par les États-Unis et la Grande-Bretagne depuis dimanche dernier). En effet, le président américain a divisé le monde en deux : une partie à ses côtés, contre le terrorisme, une autre contre lui, avec le terrorisme. Ceux qui sont avec lui se doivent de l’appuyer non seulement dans sa guerre contre le terrorisme, et non seulement dans son droit de se venger pour les victimes innocentes tombées à New York et à Washington. Ils doivent aussi appuyer son choix du théâtre des opérations (présentes et à venir), son choix des armes, des moyens et des objectifs à atteindre. Ainsi, quiconque serait hostile à l’un de ces facteurs serait automatiquement hostile à tous. Et quiconque oserait conseiller à George W. Bush de renoncer à la politique des deux poids, deux mesures serait rayé de la liste des nations civilisées. C’est de la même façon que Ben Laden a divisé le monde en deux. Une partie, celle des croyants, à ses côtés, contre les États-Unis et l’autre contre lui, qu’il s’agisse des infidèles, «des juifs et des chrétiens» ou des musulmans impies qui coopèrent ou se font les complices des États-Unis. Ceux qui sont avec lui doivent proclamer la guerre sainte contre les États-Unis, à l’image de ce qui s’est passé à New York et à Washington. Ceux qui ne le font pas, qui hésitent ou atermoient, sont voués aux enfers. Il n’est pas difficile de constater que la logique de l’élimination de l’autre chez Bush et Ben Laden est la même, même si elle est justifiée différemment. Le président américain ne voit aucune raison de traiter le terrorisme autrement que par la guerre. Il insiste pour livrer sa guerre avant d’avoir clairement défini la nature du terrorisme, ou de songer à s’attaquer à ses causes. Ben Laden, de son côté, ne voit pas la raison de distinguer entre le terrorisme et l’islam, et donc entre la guerre contre le terrorisme et la guerre contre l’islam. Il persiste à refuser de voir certaines vérités essentielles, et notamment qu’il est faux de classer les juifs et les chrétiens, en tant que religions révélées, comme des ennemies de l’islam. Les chrétiens arabes, et en particulier les chrétiens orientaux dans leur ensemble, souffrent avec les musulmans du monde arabe et islamique du terrorisme sioniste et de l’appui inconditionnel des États-Unis à ce terrorisme. Il ignore le fait que ces chrétiens orientaux se trouvent aux côtés des musulmans, et défendent à leurs côtés un même destin. Le «jihad» de Ben Laden contre les États-Unis, son appel à l’élimination des non-musulmans de la confrontation avec Israël sont donc privés de toute raison d’être. Le président Bush a le droit de punir ceux qui se sont rendus coupables de l’action terroriste qui a dévasté son pays. Toutefois, il n’avait aucun droit d’ignorer la légalité internationale. Ben Laden a, de son côté, le droit de condamner la politique américaine en Palestine. Mais il n’avait aucun droit de recourir à une action terroriste (si tant est qu’on peut interpréter ses propos, dimanche soir, comme une revendication) qui a fait des milliers de morts, des Américains aussi bien que des ressortissants de plus de 60 pays différents, dont certains partageaient certainement sa condamnation de la politique américaine. La simplification de faits complexes par un recours à une logique sans nuance conduit toujours, que ce soit dans les affaires internationales ou dans les affaires nationales, à ignorer ou à éliminer des forces dont la sagacité serait bienvenue dans l’aménagement de règlements intermédiaires, sans qu’il soit besoin de renier ses principes fondamentaux. * Secrétaire général du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien. Lé 1:
Il y a du simplisme dans la façon dont George W. Bush présente sa troisième guerre mondiale (si l’on peut qualifier de guerre les opérations militaires lancées par les États-Unis et la Grande-Bretagne depuis dimanche dernier). En effet, le président américain a divisé le monde en deux : une partie à ses côtés, contre le terrorisme, une autre contre lui, avec le...