Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

L’Iran condamne fermement les attaques - Téhéran soupçonne les USA de chercher à s’implanter militairement dans la région

L’Iran, bien qu’adversaire résolu des taliban, a vivement condamné les frappes américaines sur l’Afghanistan, estimant que ces opérations, lancées en dépit de ses conseils et de ceux «du monde islamique», ne feraient qu’aggraver le terrorisme dans le monde. «Les opérations américaines ont commencé. Mais une question demeure, qui reste sans réponse : quels sont leurs objectifs ?», s’est interrogé hier matin le chef de la diplomatie iranienne Kamal Kharazi. Ces objectifs ne sont pas «clairs», a-t-il ajouté, l’Iran soupçonnant les États-Unis de chercher surtout à s’implanter militairement dans la région. «On peut douter que ces opérations éliminent le terrorisme», mais «par contre, elles répandent plus encore ce genre d’idées», a également relevé M. Kharazi. Téhéran, qui avait annoncé à l’avance son opposition aux frappes, reproche aux Occidentaux, avec lesquels il a été en consultation constante depuis les attentats du 11 septembre, de n’avoir pas pris en compte ses conseils. «Les conseils que le monde islamique et nous avons prodigués n’ont pas été pris en compte», a déploré M. Kharazi. «Dès le début, nous avons dit que pour lutter contre le terrorisme, il ne fallait pas faire la guerre. Il faut examiner les causes du terrorisme et le déraciner», a-t-il ajouté. M. Kharazi a réitéré le refus de son pays d’ouvrir son espace aérien aux Américains, même pour des vols humanitaires. «Nous avons donné des conseils, nous avons dit qu’il ne fallait pas créer une catastrophe (en Afghanistan) pour en résoudre une autre (les attentats du 11 septembre)», a-t-il dit. L’Iran, qui partage 900 km de frontières communes avec l’Afghanistan, a également mis en garde Washington usant d’un ton de grande fermeté contre toute violation de ses frontières. «Les États-Unis doivent respecter l’intégrité territoriale, maritime et aérienne de la République islamique d’Iran, et s’abstenir de tout acte qui pourrait l’enfreindre», avait averti le ministère dès dimanche soir. Hier, M. Kharazi a réitéré avec force le refus de l’Iran d’ouvrir son espace aérien à l’aviation américaine pour quelque opération que ce soit en Afghanistan, y compris humanitaire. Il a révélé que l’Iran l’avait exprimé aux Américains eux-mêmes, et que ces derniers avaient «accepté» la position de l’Iran. Les deux pays n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 21 ans. L’Iran, dont les médias insistent sur la «tragédie» que vit le peuple voisin afghan et dont une grande partie de la population parle une langue identique à la sienne, affirme s’inquiéter beaucoup des répercussions politiques de l’action américaine. Très hostile aux taliban, fondamentalistes sunnites, pourfendeur d’Oussama Ben Laden, Téhéran s’est plusieurs fois déclaré d’accord pour une lutte antiterroriste au niveau mondial, mais sous l’égide de l’Onu et avec une définition de ce «terrorisme» qui ne soit pas celle des Américains, accusés de soutenir Israël. Téhéran estime que la «méthode américaine» n’est pas la bonne, se trouvant ainsi en désaccord avec certains responsables de l’opposition afghane, y compris les chiites du Hezb-é-Wahdat très proches de l’Iran qui semblent miser sur un succès des frappes américaines pour favoriser un soulèvement. «Bien sûr, l’Iran ne peut être indifférent à l’avenir de l’Afghanistan et nous ne sommes pas contents des évolutions actuelles. Le prochain gouvernement afghan doit être créé dans la transparence et la démocratie, avec la volonté et l’avis des Afghans, sans formule imposée de l’extérieur», a déclaré M. Kharazi. Mais, «nous reconnaissons le gouvernement (du président afghan déchu) Burhanuddin Rabbani, qui a toujours son siège à l’Onu. C’est ce gouvernement qui peut jouer son rôle pour cette période transitoire», assure M. Kharazi.
L’Iran, bien qu’adversaire résolu des taliban, a vivement condamné les frappes américaines sur l’Afghanistan, estimant que ces opérations, lancées en dépit de ses conseils et de ceux «du monde islamique», ne feraient qu’aggraver le terrorisme dans le monde. «Les opérations américaines ont commencé. Mais une question demeure, qui reste sans réponse : quels sont...