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Actualités - REPORTAGES

Le Liban compte actuellement une quarantaine d’établissements d’enseignement supérieur. Cette pléthore sert-elle la qualité de l’éducation ? Ou est-ce l’offre qui régit la demande ? Quels sont les enjeux en cause?

De nombreuses contradictions caractérisent la situation de l’enseignement supérieur dans le monde: plus les hommes politiques parlent du rôle crucial de l’enseignement supérieur et de la recherche pour le développement de la société, plus ils réduisent en fait les budgets des universités. Les attentes se développent à un rythme plus rapide que les financements mis à disposition pour améliorer la situation. Au Liban, le problème est encore plus aigu, vu le grand nombre d’universités privées (compte tenu de sa superficie) et l’incapacité de l’université publique à répondre à toutes les exigences. L’enseignement supérieur est confronté à des changements résultant de l’introduction des nouvelles technologies, et en particulier de l’informatique, ainsi que du traitement de texte, du courrier électronique et de l’Internet. Alors que la technologie pourrait peut-être s’avérer avantageuse pour certains programmes et certaines disciplines, son impact sur l’enseignement et l’apprentissage en général reste à établir. Face à la technologie… À l’aube du XXIe siècle, les nouvelles technologies de l’information et de la communication révolutionnent notre monde. Les contrecoups se répercutent sur la société, la vie politique et l’économie. Notre façon d’appréhender l’univers et notre rapport à la connaissance sont ainsi profondément modifiés. Parler de connaissance, c’est parler aussi des lieux dédiés à la connaissance, tels les universités. Ici aussi, les nouvelles technologies de l’information et de la communication transforment les relations professeurs-étudiants de même que la structure des cours, la manière de communiquer la connaissance. Nous n’avons qu’à réfléchir à tout ce que vont apporter des technologies comme la vidéoconférence - qui n’en est qu’à ses balbutiements - en terme de qualité de l’enseignement et de contacts professeur-étudiant. Même s’il nous est difficile aujourd’hui d’imaginer comment sera le futur, des pionniers ont déjà tracé des voies créatrices et innovatrices. L’université de la formation continue (UFC), Alger, a été la première université dans le monde arabe à utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la diffusion de l’enseignement à distance. Parallèlement, depuis sa création, l’UFC a introduit avec succès le multimédia, la télévision et la radio dans la pratique pédagogique et l’animation scientifique des enseignements. Comment repenser les programmes La technologie est un outil qui doit devenir un élément constitutif des processus d’éducation et de recherche. Mais il faut veiller à ce que tout le matériel et tous les logiciels soient disponibles dans la même proportion pour tous, et ceci est vrai également au niveau international. Un volet de la formation des enseignants doit être consacré à leur familiarisation à la technologie de l’éducation. Les enseignants doivent apprendre à élaborer de nouveaux modules d’information et de technologies pour éviter la reprise par des secteurs commerciaux, et maintenir le contrôle de l’éducation entre les mains des responsables de l’éducation. Le fait qu’aujourd’hui un pourcentage important d’individus d’une tranche d’âge déterminée suit des cours d’enseignement supérieur doit avoir des conséquences pour les objectifs, le contenu et les formes des études. Ceux qui ont le droit d’étudier parce qu’ils détiennent des qualifications traditionnelles seront rejoints par leurs aînés ayant une expérience professionnelle, et il n’est pas impossible qu’un nombre croissant d’entre eux poursuivent des études parallèlement à leur activité professionnelle. L’accès à l’enseignement supérieur doit également être assuré aux travailleurs salariés qui n’ont pas les qualifications traditionnellement requises pour accéder à l’enseignement supérieur, car il s’agit de réduire les désavantages sociaux et de promouvoir l’égalité des chances. L’étude est également synonyme de qualifications professionnelles, mais elle ne doit pas se réduire à cet aspect seulement. Elle ne doit pas être orientée uniquement vers les besoins du marché de l’emploi, mais devrait faciliter une vision critique du monde professionnel dans lequel les diplômés de l’enseignement supérieur souhaitent trouver un emploi riche de signification, conçu en fonction de l’homme et bien rémunéré. L’’écart est en effet de plus en plus grand en matière de statut et de rémunération. C’est à tous ces enjeux-là que doit répondre le gouvernement libanais, et notamment le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Changement d’optique pédagogique «Avec la mondialisation et l’effondrement des frontières, l’information est devenue ouverte à tous. La culture est globale. L’analyse devient critique », dit Ghada Hinain, présidente de l’AUT. Elle explique à quel point les philosophies pédagogiques ont changé. «La philosophie traditionnelle en matière d’éducation consistait à percevoir le professeur comme unique source d’information. Cette philosophie s’est récemment modifiée tant aux États-Unis qu’en Europe. Cette nouvelle tendance n’est pas encore suivie au Liban. C’est sur cette nouvelle philosophie que se fonde l’AUT. Il y a à peu près une décennie, il s’est avéré selon ce nouveau mythe que l’éducation la plus efficace est centrée sur l’étudiant dans le cadre de ce qu’on appelle l’enseignement interactif. L’étudiant connaît le sujet avant de venir en classe. Il entreprend des lectures et des recherches et surfe l’Internet à la recherche d’informations y ayant trait. En classe, les différentes références sont confrontées, étudiées, analysées et débattues. Une fois les informations collectées, le professeur complète les lacunes. L’audience ne reçoit pas mais participe activement au brassage d’idées». L’enseignement supérieur connaît ainsi trop de changements pour ne pas être affecté par les nouvelles tendances qui bouleversent les notions d’éducation et d’enseignant. Il reste à voir à quel point le Liban saurait tirer profit de ces changements.
De nombreuses contradictions caractérisent la situation de l’enseignement supérieur dans le monde: plus les hommes politiques parlent du rôle crucial de l’enseignement supérieur et de la recherche pour le développement de la société, plus ils réduisent en fait les budgets des universités. Les attentes se développent à un rythme plus rapide que les financements mis à disposition...