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Actualités - REPORTAGES

Un secteur en plein essor

À l’heure de la mondialisation et de l’essor que connaît l’enseignement supérieur dans le monde, le débat traditionnel entre système à «crédits» – ou américain – et système français semble être plus que jamais pertinent. Et notre pays est loin d’être épargné. Pour les universités qui adoptent le système américain, comme l’Université Haigazian, il n’y a pas de doute, c’est le système à crédits qui l’emporte haut la main. C’est aussi l’avis de la NDU (Notre-Dame University). Selon Georges Eid, vice-président des affaires académiques, «le système américain est beaucoup plus dynamique que le système français, considéré plutôt statique. L’étudiant n’a pas ainsi à redoubler son année s’il échoue en une seule matière. Le système américain, plus flexible, permet de donner une opportunité à tout le monde, pas seulement à une certaine élite. L’excellence suivra, mais progressivement. La suprématie de la langue anglaise dans le monde aide beaucoup à promouvoir ce système». L’Alba (Académie libanaise des beaux-arts) s’efforce, quant à elle, de concilier systèmes français et américain. Ainsi, les cours pratiques se fondent sur le système des valeurs alors que les cours théoriques suivent le système annuel. Pour Georges Haddad, directeur de l’Alba, «le système français permet de faire un suivi régulier des étudiants. Les professeurs se plaignent, non seulement au plan local mais aussi international, du manque de culture croissant des étudiants. Un tournant est entamé : la génération actuelle n’appartient pas à la génération précédente et n’a pas encore trouvé sa lignée». Politique d’orientation : où est la faille ? Quel que soit le système d’éducation engagé par les établissements d’enseignement supérieur, une chose est sûre: en matière de choix de carrière, tout le monde s’accorde à critiquer le manque d’orientation des étudiants. Georges Eid remarque à bon escient que les étudiants libanais sont mal guidés. «Une société ne peut se contenter de trois spécialisations uniquement. Tous les parents veulent que leurs enfants soient avocats, médecins ou ingénieurs. Le gouvernement se doit de diversifier, de distribuer les spécialisations et d’étudier les besoins du marché de manière à aboutir à une réelle complémentarité. Il se doit d’adopter une politique claire en matière d’enseignement supérieur». Ghada Hinain, présidente de l’AUT, se plaint aussi du manque d’orientation. «Il faut miser sur le domaine dans lequel l’étudiant brille. Il s’agit de l’orienter afin de faire un choix judicieux. Au Liban, bon nombre de jeunes détiennent le même diplôme sans pouvoir se lancer sur le marché du travail. Des spécialisations nouvelles peuvent servir aussi bien l’étudiant que son pays. L’orientation doit commencer dès l’école. C’est là qu’il faut préparer l’étudiant pour l’université et le guider vers de nouvelles spécialisations, autres que la médecine, le génie et le droit». Georges Haddad est d’accord : «Le nombre des institutions d’enseignement supérieur touche la quarantaine. L’offre est pratiquement la même en matière de spécialisations. L’enseignement supérieur court vers la catastrophe. Il ne faut pas pourtant sombrer dans le pessimisme. La jeunesse libanaise ne doit pas quitter le pays et accepter ces quelques années difficiles en attendant des jours meilleurs». Après les études, le boulot S’il est vrai que l’orientation est l’apanage des écoles et du gouvernement, c’est aux universités qu’incombe le devoir de mener à bien le choix de la carrière. Mais il ne s’agit pas seulement de former. Il y a le marché du travail à prendre en considération. L’Alba aide ses étudiants à se placer. Dès la remise des diplômes, la plus grande majorité des étudiants ont déjà plusieurs offres à étudier. «Mais la crise de l’emploi se fait plutôt ressentir en architecture. C’est dans ce secteur que l’offre se fait rare. Mais nous faisons de notre mieux», note Georges Haddad. La NDU aussi œuvre dans cette direction. Un bureau de recrutement a été mis en place pour étudier les demandes des étudiants et les placer dans différentes entreprises, banques et compagnies d’assurances, etc. L’AUT ne fait pas exception. «Dès le premier semestre, l’étudiant entre dans le monde du travail pour entreprendre sa formation. L’AUT aide ce dernier à entrer en contact avec les géants du marché, employeurs potentiels. L’étudiant a l’occasion de mettre en pratique son savoir tout en continuant ses études » assure Ghada Hinain. Et d’ajouter : «Dans la majorité des cas, les étudiants sont recrutés par l’employeur, ce qui aide à absorber la crise de chômage qui commence à se faire sentir dans le pays». Pour ceux qui veulent juste travailler pour joindre les deux bouts, la NDU a innové en offrant un programme pionnier appelé WSG (Work-Study Grant). Cette initiative permet aux étudiants de consacrer un nombre précis d’heures de travail à l’université en contrepartie d’une déduction des frais de scolarités. L’université aide également les étudiants faisant face à des difficultés financières et octroie des bourses selon la compétence. De plus, les frais de scolarité sont échelonnés sans intérêts. Projets futurs d’expansion Les universités semblent jusque-là épargnées par les crises qui touchent à peu près tous les secteurs de la vie. La preuve ? Le nombre croissant des établissements de l’enseignement supérieur qui poussent un peu partout dans le pays. Même des régions comme le Nord ou le Sud, qui étaient plutôt pauvres en infrastructures universitaires, sont aujourd’hui bien desservies. Les principales universités au Liban ont veillé à y ouvrir des branches. Il n’y a qu’à voir les multiples projets d’expansion et de construction qu’elles sont nombreuses à entreprendre pour se convaincre que l’enseignement supérieur au Liban ne craint pas grand-chose. La NDU est dans la phase finale de la construction d’un nouveau campus s’étendant sur 1 million de m2 capable d’absorber 7000 étudiants. Le nouveau campus comporte une église, un restaurant, un théâtre, une bibliothèque, des salles de lecture et des laboratoires, en plus d’immenses terrains consacrés aux activités sportives. Haigazian aussi se prépare à inaugurer un bâtiment qui englobera une grande salle d’examens, une salle de conférences et un théâtre équipé des techniques audiovisuelles les plus modernes. Elle cherche sans cesse à perfectionner ses programmes pour aller de pair avec les progrès scientifiques et technologiques, et à établir des laboratoires médicaux, chimiques et biologiques ainsi qu’à rester à l’avant-garde de l’évolution en matière d’informatique. À chacun son optique, à chacun son apport C’est dans la diversité des universités que l’enseignement puise toute sa richesse. À chaque établissement son point de vue, à chacun son apport. Pour l’Alba, tout est question de culture et d’art. Dès sa fondation, l’École d’architecture se démarque de l’enseignement du génie en privilégiant la culture et l’art sous toutes ses formes. Elle se base d’une part sur un enseignement théorique des fondements de la pratique des arts, des sciences et des techniques que doit connaître un architecte, et d’autre part, sur des exercices pratiques à travers le travail en atelier pour la formation de l’esprit au projet d’architecture. Les responsables de Haigazian acquiescent : la culture est à la base de tout. L’université dispose de deux bibliothèques rares. La première comporte une grande collection de documents tant en arabe qu’en anglais, alors que la seconde est constituée d’une collection rare de livres arméniens. Les deux collections comptent près de 70000 volumes. Par ailleurs, convaincue que l’éducation est un processus à vie, Haigazian donne aux adultes l’opportunité d’acquérir un nouveau savoir et de nouvelles compétences à travers deux programmes de formation continue: le programme d’éducation pour adultes et le programme de formation pour enseignants. La NDU, de son côté, mise sur l’environnement. C’est la seule université au Liban à assurer une licence en sciences environnementales en en sciences actuarielles. Décidément, à chacun son image ! Pour l’AUT, c’est la technologie qui prime. La majorité des classes sont équipées d’ordinateurs, de moniteurs et de projecteurs pour une meilleure adaptation aux méthodologies modernes d’enseignement. Les activités de l’AUT vont au-delà du simple aspect académique. Des projets visent à promouvoir le patrimoine culturel du Liban ainsi que tout le potentiel de sa jeunesse. Une pièce de théâtre (Les délires de Salomé) a été jouée en juillet dernier à Artaba pour mettre en valeur un site romain délaissé. Les étudiants ont dépassé toutes les attentes et ont montré la différence qui existe entre la création universitaire et les pièces de théâtre dites «commerciales». De plus, une étude faite par le département de l’hôtellerie sur le développement touristique de Qana a été acclamée par la municipalité et par les responsables. L’étude a voulu montrer la volonté de l’AUT d’agir avec la communauté et de mettre les ressources académiques de l’université au service de la société. N’est-ce pas là la raison d’être de tout établissement d’enseignement supérieur digne de ce nom?
À l’heure de la mondialisation et de l’essor que connaît l’enseignement supérieur dans le monde, le débat traditionnel entre système à «crédits» – ou américain – et système français semble être plus que jamais pertinent. Et notre pays est loin d’être épargné. Pour les universités qui adoptent le système américain, comme l’Université Haigazian, il n’y a pas de...