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Actualités - CHRONOLOGIES

Inquiétudes marquées à Beyrouth - L’esprit de revanche va-t-il balayer le processus de paix ?

À Beyrouth, des diplomates arabes et libanais de haut rang s’interrogent avec inquiétude : l’esprit de revanche, sans doute légitime ou du moins compréhensible, qui anime les États-Unis ne risque-t-il pas de gommer tout espoir de réactiver le processus de paix dans la région ? Les Américains, déjà remarquablement déconnectés ces derniers mois du dossier israélo-arabe, ne seraient-ils pas tentés de faire valoir, et de faire savoir, qu’il ne faut rien attendre d’eux avant qu’ils n’en aient fini avec Ben Laden et les taliban ? Pourtant, les attentats du 11 septembre devraient en bonne logique inciter Washington à stimuler d’urgence la reprise des pourparlers palestino-israéliens et israélo-syro-libanais. Parce qu’au fond, c’est le pourrissement du conflit, en partie dû à leur évidente partialité, qui a valu aux USA le terrible raid terroriste sur Manhattan et le Pentagone. Précédé, accompagné et suivi d’une nette montée d’hostilité, ou du moins de reproches, de la part du monde islamique et arabe. De plus, sur le plan ponctuel, les Américains ont tout simplement besoin de ce même monde dans leur guerre contre le terrorisme. Une bataille qu’eux-mêmes annoncent comme devant être de longue durée. Ce qui signifie que la relance du processus risque de trop attendre, alors que les complications ne cessent de s’accumuler. Ces diplomates rappellent qu’après la guerre du Golfe, Washington n’a pas su tenir les promesses faites à travers Madrid. Parce qu’il n’a pas voulu contrer l’obstructionnisme israélien. Les résolutions de l’Onu sont donc restées lettre morte. Pire encore, Washington a tenté de dévier de la voie qu’il avait lui-même tracée, du principe fondamental de la terre moyennant la paix globale, en initiant les accords séparés d’Oslo. Qui ont abouti au fiasco que l’on sait. Dès lors, selon ces sources, les Américains doivent se hâter de corriger la trajectoire, s’ils veulent obtenir le soutien du monde islamique et arabe dans leur combat. Il leur faut veiller à consolider la trêve dans les Territoires. Et y imposer une levée du blocus et un retrait des Israéliens derrière les lignes en vigueur avant l’intifada, il y a un an. En prélude à la concrétisation des accords conclus antérieurement, dont celui de Charm el-Cheikh. On relève à ce propos que le président Moubarak d’Égypte n’a cessé ces derniers mois de mettre en garde les États-Unis contre les effets, sur leurs propres intérêts, de leur partialité en faveur d’Israël. À plusieurs reprises, il a invité le président Bush à mettre en pratique sans tarder les principes énoncés à Madrid par son propre père. Mais Washington a continué à ignorer ses avertissements, en laissant pratiquement la bride sur le cou à Sharon pour qu’il mate de force l’intifada. Qu’il avait lui-même provoquée par son incursion outrageante sur l’esplanade d’Al-Aqsa. Cependant, ajoutent ces personnalités, il faut espérer que les explosions sur leur sol ont enfin réveillé les Américains. Et leur ont fait comprendre le danger qu’entraîne la poursuite du cycle de violence israélo-palestinien et du gel du processus de paix. Mais d’autres sources pensent que les USA sont actuellement trop centrés sur leur guerre contre le terrorisme pour s’engager dans une voie diplomatique parallèle qui nécessiterait trop d’attention et d’efforts de leur part. Ces sources ajoutent que Washington a certes besoin de calmer le jeu et d’amadouer les Arabes, mais qu’il peut se contenter d’un statu quo de trêve lui permettant de se consacrer entièrement à la lutte contre Ben Laden. Cependant, relèvent ces personnalités, les Arabes peuvent demander un prix déterminé pour accepter ce time-out souhaité par les USA. Il s’agirait que ces derniers acceptent l’idée d’une proclamation d’un État palestinien dans ses limites actuelles, en la faisant à leur tour admettre par Israël. Lequel État palestinien serait ensuite habilité à reprendre les négociations en vue d’étendre son territoire et de régler les questions pendantes. Dans cet ordre d’esprit, M. Ghassan Tuéni suggère que la Ligue arabe prenne l’initiative. En demandant la reconnaissance d’un État palestinien que proclamerait son président virtuel, M. Yasser Arafat, et dont la capitale serait Jérusalem. On sait que les États-Unis s’opposent à toute proclamation unilatérale à ce sujet, en posant comme condition l’agrément d’Israël. Mais, répètent en conclusion ces sources, les pays arabes et musulmans sont aujourd’hui en mesure de faire pression efficacement sur Washington afin qu’il modifie sa position. D’autant qu’à l’intérieur même d’Israël, les travaillistes et une bonne frange de la population sont pour qu’on en finisse avec cette question et qu’on laisse les Palestiniens avoir un État. Comme ils en ont le droit, sans doute avant d’autres.
À Beyrouth, des diplomates arabes et libanais de haut rang s’interrogent avec inquiétude : l’esprit de revanche, sans doute légitime ou du moins compréhensible, qui anime les États-Unis ne risque-t-il pas de gommer tout espoir de réactiver le processus de paix dans la région ? Les Américains, déjà remarquablement déconnectés ces derniers mois du dossier israélo-arabe,...