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Actualités - INTERVIEWS

RENCONTRE - À la recherche d’un folklore imaginaire

Les quatre membres du Workshop de Lyon sont également des membres cofondateurs de l’Arfi (Association à la recherche d’un folklore imaginaire). Depuis plus de vingt ans, les musiciens lyonnais de l’Arfi réalisent ce qu’ils désignent comme «une splendide utopie» : inventer leurs possibles racines, leur donner vie en improvisant, et parcourir le monde les oreilles déployées. L’Arfi se compose d’une vingtaine de musiciens permanents et d’un certain nombre d’associés, plus une équipe administrative et technique qui ne fait pas surnombre. Mais qu’est-ce qu’ils ont fait de spécial ? «Gasp ! vous avez du temps devant vous ?», rétorque Maurice Merle. - Pas trop : «Bon faisons bref : surtout de la musique avec des répertoires originaux pour chaque groupe ou projet, et ça, n’importe où et à propos de tout ce qui les séduit comme : le cinéma, la cuisine, les arts plastiques, etc.». - ? ? ? «Par exemple donner Potemkine sur les escaliers à Odessa ; pour le Workshop de Lyon : jouer à Toronto, Tananarive, Saint-Pétersbourg Sao Paulo ; pour l’Effet Vapeur : Lagos ou Bratislava ; pour la Marmite Infernale : à Rabbat ou à Clusone ; pour Festin d’oreille : à Porto ou à Helsinki ; pour Baron samedi en Amérique du Sud ou en Ukraine... J’arrête, ça fait catalogue». Plus sérieusement, Jean Bolcato explique : «L’Arfi est née le 18 février 1977, s’enracine dans l’expérience, le vécu, d’au moins une formation et une association : respectivement le Workshop de Lyon – dont on fêtera dignement les trente et un ans cette année, et qui poussa ses premiers cris en tant que “Free Jazz Workshop” de Jean Mereu, Maurice Merle et Jean Bolcato (1971) et l’Association pour les Nouvelles musiques (ANM) créée la même année (regroupement, notamment, de musiciens et plasticiens)». C’est au fil des rencontres – par exemple au Théâtre du Chêne Noir d’Avignon en 71 – avec des musiciens comme Frank Wright, Bobby Few, Muhamad Ali, Steve Lacy, Beb Guérin ou Steve Potts, que se forge peu à peu l’identité du futur collectif. «Tout est parti d’un mouvement soixante-huitard, protestataire et esthétiquement révolutionnaire, explique Christian Rollet. On s’inscrivait dans la mouvance Ornette Coleman...». Depuis, une évolution s’est faite, parfois en douceur, parfois à grands coups de remise en question. «Nous avons évolué vers une plus grande rigueur musicale, poursuit Rollet. Il y a eu des grands tournants, vers la thématique, la mélodie... Mais nous n’avons jamais renoncé à une “moralité” politique, à l’antilibéralisme économique, en tout cas pour la vieille garde. Nous restons un peu utopistes, idéalistes, mais comme nous avons à notre actif une réussite concrète, nos idées sont crédibles. Quelles que soient les qualités objectives de ce que nous jouons, le problème est de savoir comment la musique passe, qui elle intéresse, si les jeunes écoutent, voient qu’on ne fait pas de la musique de grands-papas... L’Arfi n’est pas tournée vers la commémoration, c’est un mouvement perpétuel, pas forcément avec des gens toujours nouveaux – il n’est pas facile d’avoir l’esprit Arfi. Que ce soit dans le domaine de l’improvisation ou dans l’attitude politique, sociale... Tout se fait en direction de l’improvisation, d’un projet musical. Pas forcément d’une carrière, d’une rentabilité immédiate.» «Avant, on faisait des concerts, rappelle Rollet. Ensuite, il a fallu faire des “créations” – qui relèvent plus du “look”, de la “bonne idée”, que du travail monumental. Maintenant, il faut aussi faire “de la pédagogie”. Heureusement, nous avons à peu près les forces pour faire face”». Cette approche débouche souvent sur de véritables spectacles.
Les quatre membres du Workshop de Lyon sont également des membres cofondateurs de l’Arfi (Association à la recherche d’un folklore imaginaire). Depuis plus de vingt ans, les musiciens lyonnais de l’Arfi réalisent ce qu’ils désignent comme «une splendide utopie» : inventer leurs possibles racines, leur donner vie en improvisant, et parcourir le monde les oreilles...