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Actualités - CHRONOLOGIES

Coalition antiterroriste - Powell prend contact avec le chef du gouvernement - Branle-bas de combat politico-diplomatique

Branle-bas de combat politico-diplomatique au Liban : Beyrouth, qui doit répondre aux conditions d’adhésion à la coalition antiterroriste que Washington cherche à établir, a décidé dans un premier temps d’engager des concertations régionales et internationales avant de prendre position. Des concertations d’autant plus urgentes que les États-Unis semblent pressés de connaître la réponse de Beyrouth aux sept points qu’ils imposent à tout État qui ferait partie de l’axe antiterroriste. Vingt-quatre heures après que l’ambassadeur US Vincent Battle eut remis aux dirigeants libanais des copies de la lettre comprenant les sept conditions américaines à une adhésion à la coalition, le secrétaire d’État américain Colin Powell a relancé hier à ce sujet le chef du gouvernement Rafic Hariri, qui avait pris la route de Damas pour conférer avec son homologue syrien, avant de prendre l’avion, en soirée, pour Paris où il aura des entretiens avec le président Jacques Chirac, attendu aujourd’hui à Paris au terme d’une brève visite à Washington. M. Hariri doit aussi se rendre en Jordanie, en Arabie séoudite et peut-être en Égypte. L’impatience américaine est somme toute compréhensible, surtout si l’on tient compte du fait que Washington se voit dans l’urgence de déclencher une riposte aux actions terroristes qui ont visé le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, la semaine dernière. Par la voix de leur ambassadeur à Beyrouth, les États-Unis ont attiré l’attention du Liban – bien qu’en des termes diplomatiques – sur le fait qu’il abrite des groupes qui figurent sur la liste américaine des organisations terroristes. Et depuis que le FBI a fait état de la présence d’un Libanais parmi les pirates de l’air, Beyrouth se trouve en quelque sorte dans le collimateur US. Tous ces développements ont commandé des concertations libanaises au plus haut niveau. Au palais de Baabda, les chefs de l’État, le général Émile Lahoud, du Parlement Nabih Berry et du gouvernement Rafic Hariri ont évalué la situation et passé en revue les informations liées à l’hécatombe à New York et à Washington, ainsi que les contacts diplomatiques des dernières heures. Le chef de la diplomatie Mahmoud Hammoud, qui était censé prendre part à la réunion, a dû s’excuser pour des raisons de santé. Selon des sources politiques proches du pouvoir, c’est au cours de cette réunion que la décision a été prise de charger M. Hariri d’effectuer une tournée auprès de quelques pays amis pour sonder leurs intentions concernant la situation internationale. Selon les explications fournies par le chef du Parlement aux députés qu’il a reçus plus tard place de l’Étoile, les trois dirigeants ont réaffirmé la position adoptée à la suite des attentats du 11 septembre tout en soulignant la nécessité d’établir une distinction entre les actes terroristes et de résistance. M. Berry a aussi indiqué à ses visiteurs que les informations concernant l’entretien du sous-secrétaire d’État américain au Proche-Orient William Burns avec les ambassadeurs arabes accrédités à Washington ont été aussi examinées, avant que les trois pôles du pouvoir ne se mettent d’accord sur la nécessité d’une position arabe unifiée et ne jugent tout aussi nécessaire que M. Hariri effectue une tournée dans la région pour tenter de concrétiser cette idée. De la discrétion et de la prudence Première étape de cette tournée : Damas où le chef du gouvernement a été reçu pour la deuxième fois en vingt-quatre heures par son homologue syrien, Mohammed Moustapha Miro. Aucune précision n’a été donnée sur la teneur de l’entretien. «La visite à Damas a pour but de renforcer la collaboration entre le Liban et la Syrie face aux développements aux niveaux arabe et international», selon les informations officielles distribuées à la presse. Le souci d’éviter de commenter la dernière démarche américaine auprès du Liban et les sept conditions de Washington est évident : il transparaît dans toutes les prises de position. Ainsi, M. Hariri se serait abstenu de dire au secrétaire d’État américain ce que le Liban pense du projet d’établissement d’un axe international antiterroriste. Du moins, c’est ce qui ressort d’un communiqué publié par le bureau de presse du chef du gouvernement sur l’entretien Powell-Hariri. M. Powell a pris contact avec le chef du gouvernement alors que ce dernier se trouvait à Damas. «L’entretien avec M. Powell a porté sur les développements à la suite des attentats qui ont frappé New York et Washington la semaine dernière, ainsi que sur la demande de coopération lancée par les États-Unis pour la lutte contre le terrorisme», selon le communiqué. M. Hariri a «réitéré la condamnation de tout acte terroriste et souhaité que Washington accorde une importance particulière à la reprise du processus de paix au Proche-Orient, parallèlement à son action pour la création d’une coalition internationale face au terrorisme», selon ce texte. Le Premier ministre a «insisté sur la nécessité d’un retour à une approche globale du processus de paix, basée sur la légitimité internationale, le principe de la terre contre la paix et les résolutiuons 425, 338 et 242 de l’Onu». À Paris où il s’est rendu en fin d’après-midi, M. Hariri doit s’enquérir auprès du président Chirac des résultats de ses entretiens, mardi à Washington, avec son homologue américain. Il doit aussi lui exposer la prise de position libanaise selon laquelle les actes terroristes et de résistance ne peuvent pas être confondus. On sait que les États-Unis classent les opérations anti-israéliennes du Hezbollah dans la catégorie des actes terroristes. M. Hariri sera de retour à Beyrouth à la fin de la semaine. Le haschisch De sources politiques proches du pouvoir, citées par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane, on indique que les responsables libanais souhaitent établir une stratégie pour suivre les développements qui se succèdent depuis les attentats du 11 septembre. Ils sont toutefois «soucieux d’adopter une position qui n’irrite pas les États-Unis et qui ne porte pas préjudice dans le même temps à la sécurité et à l’unité internes», selon la même source. En d’autres termes, une condamnation libanaise des actes terroristes, dans le sens voulu par Washington, ne manquera pas de provoquer de vifs remous sur la scène locale. Et d’un autre côté, le Liban serait mal vu s’il refuse de participer à une coalition internationale antiterroriste ; surtout que de sources politiques informées, on fait valoir que Washington a expressément demandé à Beyrouth de désarmer le Hezbollah pour qu’il devienne un parti politique et d’éradiquer la culture du haschisch dans la Békaa partant du principe que l’argent de la drogue sert généralement à financer des actions terroristes. Toujours dans le cadre de la coopération qu’ils voudraient obtenir du Liban, les États-Unis auraient également remis aux autorités libanaises une liste des noms de terroristes présumés qu’ils recherchent, selon la même source. Mais cette dernière information a été démentie par M. Berry devant ses visiteurs ainsi que par des sources politiques proches du pouvoir, qui soulignent que le Hezbollah n’a jamais mené une opération contre des objectifs américains au Liban et que les partisans d’Oussama Ben Laden, impliqués dans les attentats de Denniyé, sont soit morts soit sous les verrous. Selon M. Berry, «des noms ont été cités lors de contacts (établis entre des services) de sécurité, mais aucun nom n’était celui d’un Libanais». Quant aux sources proches du pouvoir, elles reprochent aux États-Unis de vouloir ouvrir le dossier du terrorisme en général, en déterrant des actes terroristes qui remontent à plusieurs années, comme, dans le cas du Liban, l’attentat contre l’ambassade américaine à Ras-Beyrouth en 1983. Selon ces sources, Washington devrait prendre son temps avant de lancer une guerre contre le terrorisme, car «le réseau qui a commandité l’opération-kamikaze contre le World Trade Center et le Pentagone pourrait avoir planifié d’autres actes terroristes, suivant des méthodes qui ne viendraient pas à l’esprit des services de sécurité américains». Mais quelle que soit l’attitude américaine, au Liban, l’heure reste aux concertations. Dans la foulée des contacts entrepris dans le cadre d’une coordination arabe, le ministre des Affaires étrangères a discuté hier au téléphone avec son homologue égyptien, Ahmed Maher, ainsi qu’avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. De son côté, le directeur des affaires politiques au palais Bustros Nagy Abi Assi a conféré successivement avec l’ambassadrice d’Allemagne, Gisela Kämpfe-Sikora, et l’ambassadeur de Chine, Liu Zhentang.
Branle-bas de combat politico-diplomatique au Liban : Beyrouth, qui doit répondre aux conditions d’adhésion à la coalition antiterroriste que Washington cherche à établir, a décidé dans un premier temps d’engager des concertations régionales et internationales avant de prendre position. Des concertations d’autant plus urgentes que les États-Unis semblent pressés de...