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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-États-Unis - Hariri appelle à ne pas tirer de « conclusions hâtives » dans l’enquête - Pour sa famille, Ziad Jarrah était l’otage des pirates de l’air

Le Libanais Ziad Samir Jarrah fait-il effectivement partie des auteurs suspects des détournements et des attentats à New York et à Washington comme l’indique le FBI ? Le bureau de presse du Premier ministre Rafic Hariri a affirmé samedi que «le Liban, tant au niveau du gouvernement que du peuple, n’a absolument rien à voir avec ce qui s’est passé aux États-Unis, mais il se considère plutôt comme l’un des États victimes de ces attaques». «Le Liban a perdu dans ces attentats certains de ses fils les plus brillants qui travaillent aux États-Unis, que ce soit dans leurs locaux au World Trade Center ou en tant que passagers à bord des avions détournés», a souligné le communiqué qui appelle à ne pas tirer de «conclusions hâtives» à cet égard. Et de rappeler enfin que M. Hariri «fut le premier à condamner ces opérations terroristes» le jour même où elles se sont produites. Récapitulons les faits : Ziad Jarrah, 25 ans, originaire de Marj (Békaa-Ouest), étudiait depuis quatre ans le génie aéronautique en Allemagne. Il figure sur la liste, diffusée vendredi par le FBI, des suspects du détournement du Boeing 757 d’United Airlines assurant la liaison Newark (New Jersey)-San Francisco (Californie) et qui s’est écrasé en Pennsylvanie. Le parquet général fédéral allemand a confirmé samedi que Ziad Jarrah faisait partie du groupe de terroristes présumés de Hambourg déjà identifié. «Il s’agit de la personne qui a réservé comme passager sur l’appareil qui s’est écrasé en Pennsylvanie», a déclaré le procureur général fédéral allemand Ray Nehm, lors d’une conférence de presse, précisant que l’amie de Jarrah avait déclaré sa disparition. D’autre part, selon le quotidien allemand Hamburger Abendblatt à paraître lundi, arrivé en 1997 à Hambourg, Ziad Samir Jarrah s’est inscrit dans une école supérieure d’aéronautique et a suivi des cours d’ingénieur. Il a été rayé des registres de l’établissement il y a quelques semaines pour ne pas avoir payé les droits d’inscription de l’année universitaire à venir et qui commence début octobre, écrit le journal. L’homme habitait la plupart du temps à Hambourg, où, avec l’Émirati Marwan al-Shehhi, 23 ans, également à bord de l’un des avions détournés, il faisait partie du groupe de terroristes présumés constitué autour de Mohammed Atta, 33 ans, un Égyptien disposant d’un passeport émirati, vraisemblablement aux commandes du premier Boeing ayant percuté l’une des deux tours du World Trade Center, à New York. Le procureur général fédéral allemand, Kay Nehm, avait indiqué samedi que deux appartements avaient été perquisitionnés vendredi soir à Bochum, dans lesquels Jarrah a temporairement séjourné. Des «éléments» ont été découverts dans ces lieux, pouvant mener les enquêteurs à des contacts ou des complices. Une valise avec des documents sur les avions a notamment été trouvée. Comme Mohammed Atta, Ziad Samir Jarrah a pris des cours de pilotage. Il a fréquenté deux écoles d’aviation en Floride, où il s’est rendu en juillet 2000, selon le parquet général fédéral. Jeudi, le procureur général fédéral avait annoncé l’ouverture d’une information judiciaire sur une «association constituée au début de l’année à Hambourg avec des personnes d’origine arabe aux convictions islamistes fondamentalistes». Toutefois, le procureur général fédéral avait souligné qu’au stade actuel de l’enquête rien ne permettait de relier ces trois hommes à Oussama Ben Laden. Or la famille du suspect et les services de sécurité libanais ont affirmé samedi que rien dans son passé n’avait permis d’associer le jeune homme à des activités terroristes, voire à l’intégrisme musulman. Évoquant ces accusations, un communiqué des services libanais affirmait en effet que «la famille Jarrah n’est membre d’aucune organisation ou courant religieux». «La première activité d’un groupe d’Oussama Ben Laden a été décelée au Liban fin 1999, lors des affrontements qui ont opposé l’armée libanaise aux fondamentalistes musulmans à Denniyé, au cours desquels tous les dirigeants de ce groupe ont été tués», selon le communiqué. Les affrontements, qui se sont produits début janvier 2000, avaient fait 45 morts, dont 14 militaires libanais. L’un des chefs du groupe fondamentaliste sunnite, Abou Aïcha, tué lors de ces affrontements, était effectivement connu pour avoir combattu aux côtés de Ben Laden en Afghanistan. Le communiqué officiel ajoute que «ni le nom de Ziad Jarrah ni celui d’aucun autre membre de sa famille» ne sont apparus lors de l’enquête ou les arrestations qui ont suivi, et dont certaines ont eu lieu dans la Békaa. Ces mêmes services ont confirmé que Ziad est libanais et poursuit depuis quatre ans des études de génie aéronautique à Hambourg. Ses parents lui envoyaient à cette fin 1 500 dollars par mois. Le communiqué indique que le jeune homme a, dans un appel téléphonique depuis les États-Unis, informé ses parents, qui résident à Marj, qu’il cherchait à poursuivre ses études dans ce pays, ajoute le communiqué sans préciser la date du contact téléphonique. Le démenti formel de la famille La famille dément toute implication de Ziad dans l’opération terroriste. Elle a affirmé hier dans un communiqué qu’il avait été l’otage des pirates de l’air qui ont détourné un avion d’United Airlines. «Ziad était l’un des otages des pirates de l’air, à l’instar des autres passagers (…). Nous sommes affligés par les rumeurs et les dires colportés par les médias étrangers et locaux qui ajoutent des détails imaginaires, consciemment ou inconsciemment», dit le texte signé «les Jarrah». Le communiqué ajoute que «s’il est prouvé que notre fils était sur l’avion, il serait une des milliers de victimes innocentes tombées dans ces horribles et condamnables attentats et dont les proches méritent la solidarité». «Nous autres parents de Ziad, nous connaissons son enfance, son itinéraire, ses mœurs et sa période d’études en Allemagne et nous sommes convaincus qu’il n’appartenait à aucune organisation et à aucun groupe religieux ou non religieux», ajoute le texte. «Il a étudié le génie aéronautique, mais ne sait pas piloter des avions. Il s’est rendu aux États-Unis pour un mois d’entraînement avant de regagner l’Allemagne afin d’y poursuivre ses études et c’est pourquoi nous affirmons qu’il était sur l’avion qui a explosé», poursuit le texte. Selon la LBC, la famille indique que Ziad voulait rentrer au Liban pour s’y établir et épouser sa fiancée d’origine turque. Il devait même assister au mariage de sa cousine au Liban le 22 septembre. L’oncle du jeune homme, Jamal Jarrah, affirme lui aussi que celui-ci n’a jamais appartenu à un quelconque parti politique ou courant religieux. «Ziad a fait ses études à Beyrouth dans des établissements chrétiens, à La Sagesse et à l’école du patriarcat». Jamal Jarrah indique en outre que l’école où Ziad s’entraînait à Miami n’était pas la même que celle où se sont entraînés les pirates de l’air présumés. Selon lui, il n’a pas été non plus en Afghanistan, contrairement à ce que la chaîne américaine CNN a prétendu. La LBC rapporte enfin que la famille tente en vain d’appeler la fiancée de Ziad et que deux des enfants de Jamal Jarrah vivent aussi à Hambourg, l’un d’entre eux ayant été appréhendé hier par la police allemande. La veille, samedi, Jamal Jarrah avait tenu une conférence de presse à Marj, pour déclarer notamment que la famille avait demandé au gouvernement libanais et à l’ambassade des États-Unis des précisions sur le sort de Ziad. «Nous n’avons reçu aucune réponse jusqu’à présent», a-t-il indiqué, avant de poursuivre : «Le gouvernement a promis de nous aider, alors que l’ambassade nous dit n’avoir d’autres informations que celles répercutées par les médias». Selon son oncle, «le sort de Ziad est inconnu et par conséquent il est toujours porté disparu. Nous ne sommes pas encore certains de sa mort et nous refusons donc de recevoir les condoléances. Nous nous contentons de répondre aux questions des amis qui s’enquièrent de la situation». Il a ajouté à l’AFP : «S’il est vrai qu’il se trouvait à bord de l’un des avions, c’est sûrement en sa qualité de passager ordinaire, car Ziad n’est pas un islamiste. Il sort et vit comme tout le monde et est établi en concubinage avec sa fiancée». Et Jamal Jarrah de préciser : «Ziad est venu au Liban en février pour être aux côtés de son père qui devait subir une opération à cœur ouvert». Notons enfin qu’un des proches du jeune homme, qui a requis l’anonymat, a confirmé également à l’AFP que Ziad se trouvait bien aux États-Unis le jour des attaques. «Ziad a parlé au téléphone avec son père depuis la Floride, quatre heures avant les attentats», a-t-il affirmé. «Ziad, qui réside depuis quatre ans en Allemagne, (…) parlait normalement lors de la conversation», a précisé ce proche avant d’ajouter : «Il n’a plus appelé depuis les attentats».
Le Libanais Ziad Samir Jarrah fait-il effectivement partie des auteurs suspects des détournements et des attentats à New York et à Washington comme l’indique le FBI ? Le bureau de presse du Premier ministre Rafic Hariri a affirmé samedi que «le Liban, tant au niveau du gouvernement que du peuple, n’a absolument rien à voir avec ce qui s’est passé aux États-Unis, mais il...