Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

TOURISME - Se libérer de la bureaucratie pour assurer un meilleur service - Un petit train à voie étroite, attraction touristique

Au coup de sifflet les petits wagons secouent, et un grand sourire éclaire le visage d’Evia Liepins, une Américaine de 66 ans qui entame un voyage à travers la campagne lettonne à bord du dernier petit train à voie étroite dans ce pays balte. «Enfant, je voulais sauter de ce train et marcher pieds nus dans la rosée du matin, droit vers le lac», raconte Mme Liepins en visite nostalgique dans son pays natal. Faisant partie d’un réseau de plus de 1 100 kilomètres de chemins de fer à voie étroite en Lettonie, la ligne reliant Gulbene à Aluksne (nord-est), construite en 1903, est l’une des rares qui restent en Europe de l’Est. Ses admirateurs espèrent que les visiteurs nostalgiques comme Mme Liepins, les passionnés des chemins de fer et ceux qui sont tout simplement curieux du monde, réussiront à animer une vague de tourisme historique et à sauver le petit train de la faillite qui le menace depuis que les sources de financement publique se font de plus en plus sèches. La petite locomotive, deux fois moins grande que ses sœurs modernes, tire toujours des wagonnets vert sombre pourvus de bancs en bois qui peuvent accueillir chacun deux passagers bien serrés l’un contre l’autre. Après ce voyage cahoteux à travers les paysages lettons, les passagers ne cachent pourtant pas leur satisfaction. «On pourrait probablement courir plus vite que ce train», rit Mme Liepins. En effet, le petit train atteint rarement sa vitesse maximale de 35 km/h, et parcourt les 33 kilomètres qui séparent les deux villes lettonnes en 80 longues minutes. Le maire de Gulbene, Nikolajs Stepanovs, croit que si le petit train réussit à se libérer des «pattes terribles» des bureaucrates de la compagnie nationale des chemins de fer, il pourra assurer de meilleurs services aux touristes. Pas de temps à perdre La compagnie nationale des chemins de fer doit transmettre cette année la voie étroite à la municipalité et probablement aussi à des investisseurs privés. Il n’y a pas de temps à perdre, dit M. Stepanovs qui doute si la subvention annuelle actuelle (l’équivalent de 175 000 dollars) va être maintenue. Conscient qu’il ne sera pas facile de générer suffisamment de soutien public pour assurer la survie commerciale du projet, il voit une chance dans un festival de musique de Gulbene-Aluksne dont la première édition a bien réussi l’an passé. Des centaines de spectateurs sont attendus ce week-end pour le deuxième festival qui marie la danse et la musique traditionnelles avec la visite du vieux dépôt et de son plus grand trésor: une plaque tournante en état de marche qui, dans un bruit terrible de cliquetis dirige les trains à la remise. Le maire est intéressé à la dimension économique du projet. Il espère que l’arrivée potentielle de touristes va ranimer cette région durement touchée par la pauvreté et le chômage depuis la faillite de kolkhozes. «Ce train pourrait conduire les touristes en dehors de Riga», estime Stephen Wiggs, passionné de l’histoire des chemins de fer et membre de l’organisation britannique New Europe Railway Heritage Trust. «Il y a des coins au pays de Galles où des trains historiques ont rendu la vie aux économies locales», ajoute-t-il. Son organisation a l’intention d’inviter en Grande-Bretagne les passionnés de chemins de fer lettons pour leur montrer les trains historiques locaux et les projets qui sont nés autour. «Nous n’avons rien à apprendre aux Lettons au niveau technique, contrairement aux domaines de marketing, volontariat, quête de fonds et discipline», explique M. Wiggs. La dissonance culturelle entre les Britanniques zélés et les responsables apathiques de la gare centenaire du petit train semble encore trop évidente. Énervé de voir une fenêtre cassée qui laisse les pigeons faire leurs nids dans le bâtiment de la gare, M. Wiggs en veut beaucoup au conseil régional, mais saisit ses propres outils pour réparer lui-même la fenêtre.
Au coup de sifflet les petits wagons secouent, et un grand sourire éclaire le visage d’Evia Liepins, une Américaine de 66 ans qui entame un voyage à travers la campagne lettonne à bord du dernier petit train à voie étroite dans ce pays balte. «Enfant, je voulais sauter de ce train et marcher pieds nus dans la rosée du matin, droit vers le lac», raconte Mme Liepins en visite...