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Actualités - CHRONOLOGIES

Le Pakistan contraint de choisir entre l’Occident et les taliban - Musharraf offre son entière coopération

Le président pakistanais Pervez Musharraf a offert hier son entière coopération aux États-Unis après avoir évoqué le «terrorisme dans la région» avec l’ambassadeur américain, ont annoncé des sources officielles. L’ambassadeur Wendy Chamberlin, qui présentait ses lettres de créance à cette occasion, a déclaré que l’entretien de 45 minutes avait été «franc et direct». «Nous partageons une identité de vues, le président a promis de coopérer», a-t-elle déclaré aux journalistes à l’issue des entretiens. Selon des sources officielles, le rendez-vous était prévu de longue date mais ils ont pris une nouvelle envergure du fait des attentats. Le Pakistan, l’un des trois seuls pays à reconnaître le régime fondamentaliste des taliban qui contrôlent près de 95 % du territoire afghan est amené aujourd’hui à revoir sa position s’il veut conserver les bonnes grâces, notamment financières, de l’Occident. Voisin du Pakistan, l’Afghanistan héberge Oussama ben Laden, qu’il considère comme son «hôte». Les États-Unis ont clairement exprimé leur mécontentement au vu des liens très étroits qui existent entre le Pakistan et le régime de Kaboul. Ils ont tenté à plusieurs reprises d’obtenir qu’Islamabad fasse pression sur les taliban pour obtenir l’extradition d’Oussama ben Laden, officiellement accusé d’être responsable des attentats de 1998 contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar es-Salaam (224 morts). «Nous n’avons pas encore déterminé qui est responsable de l’attaque (...) mais nous avons pensé qu’il serait utile de souligner aux dirigeants pakistanais, à tous les niveaux, que nous cherchons et que nous attendons leur pleine coopération, leur aide et leur soutien», avait déclaré mercredi le secrétaire d’État américain, Colin Powell. Les services de renseignement pakistanais, souvent considérés comme un «État dans l’État», sont régulièrement accusés d’alimenter la machine de guerre taliban par des conseils techniques, des armes et des fournitures. Islamabad rejette ces accusations tout en admettant qu’il est de son intérêt stratégique de maintenir des liens étroits avec son voisin occidental. Musharraf a déjà déclaré que les taliban ne sauraient être influencés et que l’affaire Ben Laden est un problème bilatéral qui doit être réglé par des discussions entre Kaboul et Washington. Le président George W. Bush avait pour sa part menacé les «terroristes et ceux qui les protègent», faisant frissonner les milieux politiques d’Islamabad qui se sont brusquement sentis visés. Pour un diplomate occidental, «c’est la dernière chance pour le Pakistan de montrer qu’il ne flirte pas avec l’extrémisme fondamentaliste», tant en Afghanistan qu’au Cachemire, où des commandos d’extrémistes ne cessent de harceler les troupes indiennes. Derrière la façade pro-occidentale du régime pakistanais, illustrée notamment par une photo de famille du chef de l’État le montrant avec sa femme et ses chiens de compagnie, une image quasiment blasphématoire pour les musulmans purs et durs, se cache en effet la réalité de mouvements extrémistes d’une violence absolue, comme le confirment les très nombreux assassinats de chiites (minoritaires) par des sunnites. À Karachi, la capitale économique du sud du pays, il ne se passe guère de jour sans manifestations violentes ou assassinats sectaires. Dans les zones tribales du nord-ouest comme du sud, l’État central ne contrôle guère la situation, et les écoles coraniques, toutes tendances confondues, y fleurissent. Ces «madrassas» du nord-ouest ont été le berceau de tout le mouvement taliban, principalement d’ethnie pachtoune, un groupe réparti de part et d’autre de la frontière pakistano-afghane. Les diplomates occidentaux restaient pour leur part sceptiques hier après les déclarations de Pervez Musarraf apportant son soutien à Washington, soulignant «la complexité des relations de pouvoir» à Islamabad, et se demandent qui l’emporterait entre un président ouvertement pro-occidental dans une république islamique et des services de renseignements omniprésents. «Quel est le pouvoir réel de Pervez Musharraf et quel est le pouvoir réel des services de renseignement. Qui contrôle qui ?», se demandait hier l’un d’entre eux.
Le président pakistanais Pervez Musharraf a offert hier son entière coopération aux États-Unis après avoir évoqué le «terrorisme dans la région» avec l’ambassadeur américain, ont annoncé des sources officielles. L’ambassadeur Wendy Chamberlin, qui présentait ses lettres de créance à cette occasion, a déclaré que l’entretien de 45 minutes avait été «franc et...