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Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - « Majnoun fia’a oula » de Fadi al-Takchi, au palais de l’Unesco - Comédie satirique - sur la dérive économique

Une œuvre de jeunesse, pleine de fougue et de révolte. Le théâtre au service d’une dénonciation sociale virulente mais non sans humour. Même si à la fin de la pièce cet humour est d’une profonde noirceur. Signée et mise en scène par Fadi al-Takchi, Majnoun fia’a oula (Fou au premier degré) est une œuvre théatrale groupant des thèmes sociaux et politiques exlusivement libanais et qui, sans être tout à fait caricaturés, n’en parlent pas moins, sans ambage de notre déplorable et angoissant quotidien. Chômage, factures gonflées par rapport à des salaires minables, désœuvrement, esprit de débrouillardise qui frise la roublardise, futilité et vanité des femmes, discours pompeux des gouvernants aux gabegies grotesques, voilà une trame bien familière, hélas, pour la plupart des Libanais. Dans un décor simple – une table, un canapé, deux fauteuils et quelques tableaux, un couple en prise avec ses dettes et ses déboires sociaux. D’où une conjugalité qui commence à être branlante. Et voilà que Monsieur, incorrigible idéaliste et de surcroît dramaturge à défaut d’un travail plus sérieux (!), se pique de… nationalisme ! Or, le ton ambiant est au gain facile et aux historiettes à fesses qui rapportent des sous ! Fou notre homme de lettres ? Sans nul doute dans un univers où toutes les valeurs ont disparu… Ce qui lui vaut une pluie de tracas (qui va de la facture de l’électricité aux emprunts bancaires en passant par un cuisant refus d’être produit pour ses inepties) sans oublier que sa femme, sa sœur et ses pseudo-amis lui claqueront la porte au nez et il finira clochard en chantant «koullouna lil watan»… Pessimiste, cette œuvre où le dialogue est mordant même s’il abuse de la démagogie ? Non, pas tout à fait, mais il révèle plutôt l’état d’esprit d’une population presque aux abois, aux horizons bouchés et à la crise économique étouffante. Mais que l’on se penche donc sérieusement sur cette requête et que l’on entende ce cri d’alarme ! Puisque même le théâtre, reflet de la société, le répercute auprès des spectateurs qui rient à peine de leur triste sort… Direction d’acteurs (Tony Njeim, Tony Nseir, Antoinette Rached, Caroline Lebbos) un peu sage et conventionnelle, parfois à la manière «abousalimienne», avec des intermèdes musicaux, pour un texte tirant à boulets rouges sur une réalité inadmissible et fustigeant sans ménagement les revers d’un système social défaillant. À écouter plus pour les doléances d’un peuple que pour découvrir le paradoxe des comédiens.
Une œuvre de jeunesse, pleine de fougue et de révolte. Le théâtre au service d’une dénonciation sociale virulente mais non sans humour. Même si à la fin de la pièce cet humour est d’une profonde noirceur. Signée et mise en scène par Fadi al-Takchi, Majnoun fia’a oula (Fou au premier degré) est une œuvre théatrale groupant des thèmes sociaux et politiques...