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Actualités - CHRONOLOGIES

Réactions - Moukheiber appelle à une « concrétisation rapide » du communiqué de Bkerké - L’opposition manifeste son soutien total au deuxième appel des évêques

Le «deuxième appel» des évêques maronites en faveur de l’application de la clause de Taëf concernant la présence syrienne au Liban a continué à susciter hier des réactions dans les milieux politiques libanais, notamment ceux de l’opposition. Le ministre de l’Information Ghazi Aridi a estimé que «le pays a été surpris» par le communiqué des évêques maronites «parce qu’il est venu à contre-courant». Estimant que la position du Conseil des ministres sur ce communiqué était claire et suffisante, il a toutefois mis l’accent sur le fait «qu’il n’y aura pas de polémique» sur les questions soulevées dans le communiqué. «Après tout ce qui s’est produit, nous avons appelé à la fin des polémiques. Que chacun dise ce qu’il veut, mais nous souhaitons qu’il n’y ait pas de polémique dans ce sens, de cette manière et de cette ampleur afin que nous puissions faire face à nos principaux problèmes», la menace israélienne et la crise économique, a-t-il précisé. Il a enfin appelé à l’unité des rangs pour lutter contre le marasme économique, «en passant outre à toutes les autres questions». De son côté, le président du Rassemblement de la République (RPR), le député Albert Moukheiber, a applaudi au communiqué, «qui a décrit la réalité de la situation libanaise, laquelle porte les stigmates de 25 ans de mainmise syrienne sur le pays». M. Moukheiber a cependant appelé à ce que les opinions exprimées dans le communiqué «se concrétisent rapidement», en souhaitant «qu’elles ne restent pas lettre morte». «Nous avons lu dans la presse des critiques timides, par certaines parties, du communiqué, mais ce texte, qui réclame le rétablissement des libertés, a libéré l’esprit de la majorité des Libanais», a-t-il poursuivi. «Nous avons également pris connaissance des propositions selon lesquelles il faudrait avoir recours aux négociations avec la Syrie pour qu’il soit répondu aux revendications fermes des évêques. Nous refusons de telles propositions, parce qu’il est honteux et aberrant que le Liban négocie son indépendance, sa souveraineté et sa liberté. Ce sont les principes sacrés du Liban, sur lesquels nous rejetons tout débat», a-t-il souligné. Selon le président du RPR, deux solutions sont envisageables pour en finir avec la question de la présence syrienne au Liban : «Soit que le gouvernement libanais demande à la Ligue arabe, dont le Liban est membre, de prendre une décision demandant à la Syrie de retirer ses troupes du territoire libanais parce qu’une telle présence constitue une violation de la souveraineté et de la liberté du pays, soit que le Liban, en tant que pays membre de l’Onu, réclame l’application de la résolution 520 du Conseil de sécurité (...)». M. Moukheiber a enfin indiqué que sa déclaration «ne peut être taxée de dure envers la Syrie, et elle reste en deçà de ce que les Libanais supportent en raison de l’état des choses dont nous nous plaignons». «C’est en vain que nous nous sommes adressés à plusieurs reprises au président de la République syrienne Bachar el-Assad et au gouvernement libanais», a-t-il conclu. Soutien total du PNL Pour sa part, le Parti national libéral (PNL) a accordé son «soutien total» aux positions des évêques maronites, «qui expriment véritablement les aspirations des Libanais en quête d’un Liban souverain, libre et indépendant et de l’établissement des meilleures relations avec la Syrie dans le respect de ces constantes nationales». Déclarant partager les angoisses des évêques concernant «la perte d’identité et de personnalité du Liban à travers les accords qui sont conclus au mépris de l’équilibre des forces», le PNL a affirmé que les prélats «ont bien fait de rappeler qu’il existe une volonté de démoraliser les Libanais et de les pousser soit à se résigner devant le fait accompli, soit à émigrer». Rejetant les thèses selon lesquelles «il convient de séparer le politique de l’économique», le PNL a estimé que de telles thèses représentent «un complot visant à entraîner le Liban dans le gouffre pour lui ôter toute volonté de résistance». Il a par ailleurs souligné que «le Liban peut surmonter tous ses problèmes si l’occasion lui est donnée de le faire et que le peuple libanais aspire à une réconciliation nationale globale, à condition qu’on lève la tutelle qui lui est imposée et qu’on lui permette de choisir librement ses représentants, sans interventions ni promesses», des positions déjà présentes dans l’appel des évêques. «Prétendre que nous voulons le contraire traduit les mauvaises intentions de ceux qui œuvrent à fomenter les discordes entre les Libanais et à jouer sur les contradictions». Le PNL a dénoncé à ce propos «ceux qui prennent la situation régionale et les slogans lancés contre la Syrie comme prétexte pour justifier le maintien de leur hégémonie et la consécration de l’état de fait qui a anéanti le Liban et ses forces». Appelant «l’État libanais à entamer rapidement un dialogue avec les autorités syriennes pour assurer le retrait de leurs forces du Liban et mettre définitivement fin à la tutelle qu’exerce la Syrie sur le pays», le PNL s’est prononcé pour le rééquilibrage des relations bilatérales. «Nous refusons l’équation selon laquelle l’interdiction faite au Liban de réclamer le retrait syrien serait interprétée comme une acceptation par ce dernier de l’état de fait alors que la demande renouvelée sans cesse du retrait serait utilisée comme argument pour le maintien de ces forces au Liban, sous prétexte que la Syrie refuse de ployer sous la pression», a enfin indiqué le PNL, invitant le pouvoir à choisir entre le divorce total avec la rue et l’établissement de nouvelles relations basées sur la confiance. «Des relations dont la première preuve de confiance serait la prise de sanctions contre les auteurs des rafles et des ratonnades début août, fussent-ils des politiciens ou des responsables sécuritaires», a-t-il conclu. Un malaise omniprésent À l’issue d’un entretien avec le patriarche maronite Nasrallah Sfeir à Dimane, le président de la Ligue maronite Hareth Chéhab a estimé que «les positions du patriarche expriment le point de vue d’une grande partie des Libanais et que le deuxième appel ouvre à nouveau la voie à un dialogue sincère et constructif». «Le climat est aujourd’hui au dialogue», a-t-il insisté, appelant à la lecture du communiqué «dans le même esprit et la même sincérité qu’ont voulus ses auteurs». Il a par ailleurs appelé «le président de la République à parrainer ce dialogue pour aboutir à l’unité des rangs». Également reçue par Mgr Sfeir hier à Dimane, Mme Solange Béchir Gemayel a apporté son soutien au communiqué des évêques, estimant «qu’il représente un cri de douleur partagé par chacun de nous». «L’appel exprime un malaise général omniprésent dans la rue. Il s’agit d’un appel sincère et clair aux dirigeants pour qu’ils sachent se comporter sagement, de manière patriotique, avant que nous ne regrettions tous le Liban», a-t-elle ajouté. Enfin, le conseil régional d’Australie et de Nouvelle Zélande de l’Union libanaise culturelle dans le monde a publié un communiqué commun avec les sections de Sydney du courant aouniste, des Forces libanaises, du PNL et du parti Kataëb, dans lequel ils ont estimé que l’appel des prélats «a mis le doigt sur la plaie et a une nouvelle fois mis les points sur les «i» pour en finir avec l’occupation syrienne». «Cela va nous servir de point de départ pour évoquer le dossier libanais auprès des autorités australiennes», a conclu le communiqué, en proclamant son appui entier aux récentes positions du patriarche Sfeir.
Le «deuxième appel» des évêques maronites en faveur de l’application de la clause de Taëf concernant la présence syrienne au Liban a continué à susciter hier des réactions dans les milieux politiques libanais, notamment ceux de l’opposition. Le ministre de l’Information Ghazi Aridi a estimé que «le pays a été surpris» par le communiqué des évêques maronites...