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Actualités - CHRONOLOGIES

La discrimination omniprésente en Afrique du Sud

Sept ans après la fin de l’apartheid, le racisme reste la cause de multiples discriminations au quotidien en Afrique du Sud, mais les relations raciales ne sont plus la préoccupation dominante d’une population d’abord inquiète du chômage et de la criminalité. De graves incidents de l’année écoulée trouveront sans doute écho à la conférence mondiale contre le racisme de Durban, comme le meurtre par six rugbymen blancs d’un jeune braconnier noir, ou le supplice d’un employé noir, mort après avoir été traîné pendant 5 km derrière une camionette par son patron blanc. Ou encore, tout récemment, l’histoire de cette femme blanche afrikaner à qui des agresseurs ont gravé la lettre «K» (pour kaffir : nègre) sur le sein gauche parce qu’elle avait servi des clients noirs dans sa boucherie. Mais, selon une enquête publiée le 23 août par l’Institut des relations raciales (SAIRR), la question du racisme vient dorénavant seulement en neuvième position dans les préoccupations des Sud-Africains, loin derrière le chômage et la criminalité. Viennent aussi devant le racisme la question du logement, de l’eau, de l’éducation. Et aussi, bien sûr, la santé, dans le pays au monde le plus touché par le sida, avec 4,7 millions de séropositifs (une personne sur neuf). La moitié des Sud-Africains considèrent que les relations raciales se sont améliorées, tandis que 25 % considèrent qu’elles se sont détériorées. Seulement 5 % considèrent que la race est la cause des problèmes dans les relations avec les autres. L’auteur de l’enquête, menée dans la perspective de Durban, souligne que «l’expérience quotidienne du pays n’est pas submergée par les frictions raciales». Car les cas extrêmes masquent aussi les progrès silencieux de l’intégration : des quartiers et lieux de loisirs devenant plus mixtes, des écoles intégrées où enfants noirs, blancs, métis, indiens grandissent ensemble, et des classes moyennes se découvrant, au-delà des différences raciales, des aspirations communes de prospérité, de confort et de sécurité. Une méconnaissance de l’autre Plus enfouie encore, repoussée au second plan par la polarisation Noirs-Blancs, la xénophobie a émergé comme un trait fort de l’Afrique du Sud post-apartheid, cet eldorado de l’Afrique australe. Où des dizaines de milliers de Noirs africains, réfugiés ou immigrés économiques, font régulièrement l’expérience de la discrimination, du rejet ou de violences. Une enquête récente de l’Institut de justice et de réconciliation du Cap a par-dessus tout identifié une méconnaissance et une incompréhension entre groupes raciaux : 56 % des Noirs jugent les Blancs non dignes de confiance, 33 % des Blancs pensant la même chose des Noirs. Et 81 % des Noirs disant n’avoir jamais partagé un repas avec un Blanc. «Connaître l’autre n’est pas nécessairement l’apprécier (...) mais il est difficile de n’être pas méfiant à l’égard d’un groupe avec qui on n’a eu que très peu de contact personnel et d’expérience», analysent les auteurs de l’étude. Il y a quinze ans encore, il était illégal d’épouser un membre d’une autre «race». Il y a dix ans, chaque Sud-Africain était enregistré à sa naissance suivant un groupe racial, qui déterminerait son lieu d’habitation, sa scolarité, ses déplacements. «Bien sûr qu’il reste beaucoup de racisme» en Afrique du Sud, déclarait fin 2000 l’ancien primat anglican Desmond Tutu, presque amusé de l’évidence. «Nous avons tous été conditionnés, blessés par le passé. Mais le racisme est une chose qui s’apprend, on ne naît pas raciste. S’il s’apprend, il peut se désapprendre. La guérison prendra du temps, mais elle surviendra».
Sept ans après la fin de l’apartheid, le racisme reste la cause de multiples discriminations au quotidien en Afrique du Sud, mais les relations raciales ne sont plus la préoccupation dominante d’une population d’abord inquiète du chômage et de la criminalité. De graves incidents de l’année écoulée trouveront sans doute écho à la conférence mondiale contre le racisme...