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Actualités - REPORTAGES

RESTAURATION - Jean Boucher et les toiles de la cathédrale Saint-Georges de Beyrouth - Mission délicate pour Faddoul Khallouf

Dans son atelier de Tours (France), Faddoul Khallouf travaille en ce moment à la restauration d’une des plus importantes œuvres conservées de Jean Boucher, La Nativité (ou l’Adoration des bergers), peinte en 1626. La Nativité de Jean Boucher se trouvait initialement dans une abbaye de Villeloin-Coulangé, en Indre-et-Loire. Cette abbaye a disparu en 1793 lors de la Révolution. Aujourd’hui, on peut admirer cette peinture – qui appartient au ministère de la Culture – dans une église paroissiale de cette même petite commune française de près de 3 000 habitants. «Cette œuvre a subi trois restaurations. La dernière remonte à 1988 ; elle avait été faite à l’occasion d’une exposition Jean Boucher à Angers et à Bouges», indique Faddoul Khallouf, qui continue de faire la navette entre ses deux ateliers de Tours et de Beyrouth. Elle avait déjà été restaurée en 1965, par le service des Monuments historiques ; et une première fois, d’après les archives, au XIVe siècle (fin 1800). «On n’est pas arrivé à savoir laquelle de ces deux premières fois la peinture a été massacrée, mal retouchée, poursuit M. Khallouf. Les anciens repeints ont viré, ce qui fait des taches partout. De plus, la toile a été pliée et la couche picturale a donc été perdue à plusieurs endroits». Début 2001, la direction des Monuments historiques du ministère Français de la Culture ayant décidé de reprendre, scientifiquement, la restauration de la toile, c’est à Faddoul Khallouf qu’elle confie cette tâche délicate. «Je travaille avec mon équipe, précise-t-il. Le nettoyage et le refixage ont été terminés. Le tableau est actuellement en cours de réintégration ; étape que nous avons estimée à 350 à 400 heures de travail. Nous devrions avoir fini fin octobre 2001». Une fois restauré, le tableau retrouvera sa place en l’église paroissiale de Villeloin-Coulangé. «S’il reste dans un taux d’humidité entre 55 % et 65 % et une température stable, il n’y a rien à craindre pour lui avant une centaine d’années», souligne M. Khallouf. Deux projets pour Beyrouth À Beyrouth, Faddoul Khallouf vient d’achever la restauration de 194 tableaux appartenant à l’État libanais. «Il s’agit des peintures qui se trouvaient à l’Unesco, indique-t-il. Des œuvres de peintres libanais uniquement, comme Jean Khalifé, Élie Kanaan et beaucoup d’autres grands noms». Ce qui a permis au ministère de la Culture d’organiser des expositions à l’étranger et de donner à voir, à travers une soixantaine de toiles, une image du patrimoine artistique libanais. Ainsi, à Ryad, au Koweït, mais aussi à l’Unesco à Beyrouth, on a pu découvrir des œuvres bien de chez nous. «Une exposition est également prévue pour le IXe sommet de la francophonie», note M. Khallouf, qui affirme que le ministère de la Culture a encore des tableaux à restaurer, «mais la situation économique ne permet pas de poursuivre ce projet». Par ailleurs, Faddoul Khallouf poursuit la restauration des cinq toiles de la cathédrale Saint-Georges (des maronites) de Beyrouth. Cinq grandes surfaces, de quatre à six mètres carrés chacune. Le Saint Georges par Auguste Delacroix est déjà restauré et accroché. Quatre autres peintures attendent leur tour. «Nous avons commencé la restauration du Saint Maron de Philippe Mourani (début 1900) et du Saint Antoine de Kanaan Dib (1855-1860), affirme Khallouf. Kanaan Dib est le premier peintre libanais connu. Quant à Philippe Mourani, il a reçu le Grand Prix du Salon d’automne de Paris en 1905, pour une toile représentant des bédouines devant le palais de Beiteddine ; toile que j’ai restaurée il y a une quinzaine d’année et qui appartient à un particulier libanais». Restent deux tableaux à restaurer, signés David Corm : un Sacré-Cœur et une Vierge à l’Enfant. «Ce chantier nécessite encore près de deux années de travail, car ces tableaux, volés en 1976, ont été retrouvés dans un piteux état, lacérés au cutter», explique le restaurateur. «Le Saint Antoine a été déchiré en trois morceaux ; la Vierge à l’Enfant a également subi plusieurs déchirures. Par ailleurs, les toiles ont été pliées, ce qui explique les nombreuses lacunes et les pertes de la matière». Mais si la restauration est un travail délicat et fastidieux, Faddoul Khallouf et son équipe ont toute l’expérience et la patience nécessaires. Projets à suivre…
Dans son atelier de Tours (France), Faddoul Khallouf travaille en ce moment à la restauration d’une des plus importantes œuvres conservées de Jean Boucher, La Nativité (ou l’Adoration des bergers), peinte en 1626. La Nativité de Jean Boucher se trouvait initialement dans une abbaye de Villeloin-Coulangé, en Indre-et-Loire. Cette abbaye a disparu en 1793 lors de la...