Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

ASIE - Les travailleurs du sexe s’affranchissent des réseaux traditionnels grâce aux nouvelles technologies - La menace du sida aggravée par la banalisation de la prostitution

Sortant du ghetto des «quartiers chauds», la prostitution se banalise en Asie et les autorités doivent tenir compte de cette évolution des mœurs pour éviter une aggravation de l’épidémie du sida, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un rapport de l’OMS, publié lundi à l’occasion d’une conférence de quatre jours, souligne que de plus en plus de femmes asiatiques des classes moyennes font commerce de leurs charmes à temps partiel, sans se considérer pour autant comme des prostituées et ne prenant pas non plus de précautions contre le virus du sida. Faute d’une dépénalisation de la prostitution par les pays asiatiques, ces «travailleuses du sexe» à temps partiel risquent de devenir de moins en moins réceptives à toute précaution sanitaire, souligne le document. «Un nombre croissant de femmes issues de la classe moyenne font maintenant commerce de leurs charmes, à temps partiel pour la plupart des cas, et considèrent cela comme un revenu complémentaire de leur salaire ou comme un extra si elles sont étudiantes», explique Zhao Pengfei, coordinateur de l’OMS à Pékin au cours de cette conférence. «Ces travailleuses du sexe ne considèrent pas cela comme de la prostitution, par conséquent elles ne se perçoivent pas comme potentiellement en danger (...) pas plus que leurs clients», a-t-il affirmé. Ces observations ont été abordées par Gilles Poumerol, conseiller de l’OMS sur les maladies sexuellement transmissibles (MST) pour le Pacifique occidental. «Le changement dans les comportements sexuels est évident en Asie et cela nous inquiète en raison des menaces que font peser ces comportements à risques», a déclaré aux journalistes M. Poumerol en marge de la conférence. «Le développement croissant de la prostitution ne fait aucun doute. Il y a des preuves qu’elle se modifie en devenant plus occasionnelle, plus diffuse, pratiquée à temps partiel», a-t-il affirmé. 2 à 14 % du PIB Pour la déléguée philippine Carmina Aquino, les nouvelles technologies constituent «un facteur important», dans ces évolutions avec, en particulier, la banalisation des téléphones portables qui permettent à de plus en plus de travailleurs du sexe de s’affranchir des réseaux traditionnels. M. Zhao met moins en cause l’apport des nouvelles technologies dans la prostitution asiatique que les nouvelles contraintes nées de l’exode rural, qui concentre un nombre croissant d’individus loin du cadre traditionnel de leurs villages natals pour les transposer dans la société de consommation des mégalopoles. «L’urbanisation entraîne une croissance du marché en Asie», a-t-il affirmé. «Les hommes souhaitent se procurer des choses qu’ils associent aux styles de vie moderne dans les grandes villes, comme des téléphones cellulaires et des ordinateurs», a expliqué M. Zhao. «Les femmes sont considérées comme une de ces marchandises qui peuvent être jetées après usage, comme des objets», ajoute-t-il. La rentabilité de cette activité est telle que tout contrôle par les gouvernements étrangers est pratiquement impossible, a ajouté M. Zhao. Dans des pays comme la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines ou l’Inde, l’industrie du sexe représente entre 2 et 14 % du produit intérieur brut (PIB). En Thaïlande, il a été établi que la prostitution est trois fois plus rentable que le trafic de drogue. Même le Japon, pourtant riche, n’est pas à l’abri puisque l’industrie du sexe représente tout de même 3 % du PIB. «Et c’est un marché qui va connaître une expansion rapide», affirme M. Zhao. Pour M. Poumerol, il faut que les gouvernements admettent cette réalité et prennent rapidement des mesures afin de décriminaliser cette pratique. Dans beaucoup de pays asiatiques, la police pourchasse encore les femmes qui souhaitent se procurer des préservatifs.
Sortant du ghetto des «quartiers chauds», la prostitution se banalise en Asie et les autorités doivent tenir compte de cette évolution des mœurs pour éviter une aggravation de l’épidémie du sida, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un rapport de l’OMS, publié lundi à l’occasion d’une conférence de quatre jours, souligne que de plus en plus de femmes...