Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Conseil des ministres - Aridi refuse la fermeture de la MTV - Le cabinet approuve « pour la forme », sans être convaincu

C’est un Conseil des ministres long, très franc et par moments houleux qui s’est tenu hier au siège de la présidence du Conseil, en présence de tous les ministres, à l’exception du Dr Karam Karam... Au terme de six heures de débats, un compromis boiteux s’est dégagé, sur lequel certains ministres, et notamment ceux du bloc de M. Walid Joumblatt, ont émis des réserves. Un compromis réaffirmant dans le communiqué final, d’abord, que le Conseil des ministres est le dépositaire de tout le pouvoir exécutif, et que tous les organismes officiels doivent lui rendre des comptes. Suivi d’un hommage au rôle des forces de l’ordre «dans le maintien de la paix civile et la défense de la dignité nationale», et aux «instances judiciaires chargées de faire appliquer la loi à tous sans distinction». Pour les observateurs, le communiqué final, dont les phrases disent tout et rien à la fois, laisse supposer que la crise provoquée par les rafles de ces deux derniers jours n’est pas résorbée, et qu’il faudra encore bien des réunions et des jours, pour tirer au clair ce qui s’est produit. Par ailleurs, il y a eu bel et bien de sévères critiques adressées aux forces de sécurité, mais aucune indication ne permettait de croire, hier soir, que la libération des cadres et dirigeants des courants FL ou aouniste était imminente. Le Conseil des ministres a donné l’occasion aux membres du bloc de M. Walid Joumblatt de lancer une très forte attaque contre les services de renseignements de l’armée et et de critiquer sévèremnt la manière cavalière dont ils ont traité non seulement la population, mais également le gouvernement. En effet, la plupart des ministres ont avoué ne pas avoir été mis au secret des mesures prises, des arrestations et des interrogatoires qui ont eu lieu. En général, ce sont toutes les ingérences des SR de l’armée dans la vie administrative et politique qui ont été dénoncées, notamment par le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, qui a protesté contre l’une de ces ingérences au niveau du ministère des Affaires étrangères. Le chef du gouvernement, approuvé par le ministre de la Justice, a également été très critique à l’égard de ce qui s’est produit à l’Ordre des avocats et au Palais de justice. On souligne aussi, de source ministérielle, que dans le communiqué final du Conseil des ministres, c’est le rôle de principe de l’armée qui est solennellement réaffirmé, ainsi que les grandes constantes de l’État et l’alliance avec la Syrie, mais pas du tout les rafles et brutalités qui se sont produites. Du reste, M. Aridi devait le dire en fin de séance que s’il avait approuvé les choses «pour la forme», il n’avait pas été convaincu «pour le fond». Au demeurant, premier à prendre la parole, M. Marwan Hamadé, qui était arrivé au siège du Conseil des ministres en brandissant une Constitution, a lu le passage qui attribue au gouvernement réuni la responsabilité du pouvoir exécutif et le contrôle sur toutes les institutions de l’État. Exposé de Murr et de Hraoui Le Conseil des ministres a été marqué par un exposé détaillé des ministres de l’ Intérieur et de la Défense, MM. Élias Murr et Khalil Hraoui, au sujet des motifs justifiant les mesures qui ont été prises et des premiers résultats des interrogatoires menés par les SR et la justice militaire. Toutefois, selon un ministre proche du chef du PSP, «les arguments avancés n’avaient rien de convainquant». En fin de séance, souligne ce ministre, aucun membre du gouvernement ne semblait convaincu du bien-fondé des justifications avancées, sinon les ministres concernés, le vice-président du Conseil et les ministres proches du PSNS et du parti Baas. Et, bien entendu, du président de la République. Ce dernier semblait obsédé par deux points en particulier : couvrir politiquement ce qui s’est produit ainsi que les rafles de ces deux derniers jours, et obtenir la fermeture de la MTV, contre laquelle le CNA avait dressé un réquisitoire détaillé (voir par ailleurs). Sur le premier point, le chef de l’État semble avoir obtenu gain de cause, les raisons étant nombreuses, par ailleurs, pour lesquelles le chef du gouvernement souhaitait absolument éviter une crise de pouvoir ou une confrontation directe. Le chef de l’État a fait valoir, en particulier, que les Forces libanaises et le courant aouniste étaient des mouvements interdits, et que l’armée n’avait donc pas besoin d’une autorisation de l’autorité politique pour les arrêter. «Mais alors, pourquoi n’avait-on pas agi auparavant, pourquoi maintenant ?», ont demandé des ministres. Une question qui n’a pas reçu de réponse. Toutefois, sur le second point, et en dépit des nombreuses réserves exprimées par le ministre de l’Information à l’encontre des médias audiovisuels, les ministres appartenant au bloc de M. Walid Joumblatt ont refusé net l’idée d’une fermeture de la MTV, tout en se promettant de régler avec cette télévision quelques comptes. M. Aridi devait s’élever contre la manière dont le rapport du CNA était parvenu au Conseil des ministres sans qu’il en soit informé. «C’est une erreur que je refuse, a-t-il dit. Comment voulez-vous que je défende ce qui s’est passé, alors que je n’avais même pas été mis au courant de ce qui allait se produire ?». Par ailleurs, M. Aridi a fait part de nombreuses infractions à la loi sur l’audiovisuel et a affirmé que des fréquences sont en train d’être utilisées sans autorisation, au point que certaines d’entre elles menacent l’aviation civile. Au chef de l’État et aux ministres qui ont justifié les agissements des SR de l’armée, le président du Conseil, qui se trouvait au Pakistan quand l’ordre des rafles a été donné, n’a pas manqué de souligner qu’il refuse d’être placé devant le fait accompli et que si la couverture politique du gouvernement est nécessaire pour une action quelconque entreprise par les SR de l’armée, c’est avant que cette action ne prenne place qu’elle doit être obtenue, et non après. Le ministre de l’ Information, M. Ghazi Aridi, a confirmé en fin de séance que le gouvernement n’avait pas connaissance des mesures qui allaient être prises. Il y a lieu de noter que les quatre ministres membres ou proches du mouvement Amal, MM. Mohammed Beydoun, Michel Moussa, Ali Abdallah et Mahmoud Hammoud, ont gardé le silence et ne sont intervenus que très rarement au cours des débats ainsi d’ailleurs que M. Négib Mikati qui, en arrivant, avait déclaré à la presse que «le silence est d’or». Les ministres ont écouté attentivement M. Sleiman Frangié expliquer que la répression a contribué à renforcer le courant de l’opposition aux dépens des modérés, même chez lui à Zghorta. Selon une source ministérielle, beaucoup ont convenu que «les mesures prises ont montré un manque total de sens politique, en provoquant une radicalisation des mouvements de l’opposition». C’est dans cet esprit que des ministres comme Pierre Hélou et Georges Frem ont approuvé de nombreuses prises de position, critiquant ce qui s’est produit.
C’est un Conseil des ministres long, très franc et par moments houleux qui s’est tenu hier au siège de la présidence du Conseil, en présence de tous les ministres, à l’exception du Dr Karam Karam... Au terme de six heures de débats, un compromis boiteux s’est dégagé, sur lequel certains ministres, et notamment ceux du bloc de M. Walid Joumblatt, ont émis des réserves....