Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Libertés - Nouvelles arrestations dans les rangs de l’opposition chrétienne - Murr justifie les interpellations par l’existence d’un projet de partition

Depuis mardi, les autorités s’activent : dix-sept jeunes sont déférés devant le tribunal militaire, seize autres sont relâchés et une vingtaine d’autres sont interpellés pour cause de distribution de tracts «faisant part du décès de la liberté au Liban» et pour d’autres actes hautement subversifs. La raison de tout ce branle-bas de combat ? «Des informations parvenues à l’armée sur un climat selon lesquelles certains attendent une attaque israélienne (contre le Liban) et parient sur elle afin de pouvoir entreprendre une action qui pourrait même s’étendre à l’intérieur des services de sécurité. Ils parient aussi sur un démembrement de l’appareil militaire et de sécurité, comme cela s’était produit durant la guerre». Cette explication, c’est le ministre de l’Intérieur, Élias el-Murr, qui l’a donnée, textuellement, à la LBCI hier soir. Et toujours selon M. Murr qui est par ailleurs ministre de la Défense par intérim, «les résultats des interrogatoires commencent à dévoiler l’existence d’un projet de partition dans le pays et d’un pari effectif sur une prochaine frappe israélienne». Le ministre a insisté : «Il existe un pari sur un climat prochain de partition et (d’établissement) d’une fédération par tous les moyens». Il a indiqué que c’est l’armée qui a pris contact avec lui mardi dans l’après-midi pour lui communiquer ces informations et qu’il a donné ses instructions aux militaires «pour qu’ils accomplissent leur devoir tout en tenant compte de la procédure juridique en vigueur». M. Murr a affirmé avoir exprimé le souhait que les interpellations soient effectuées durant la journée et non pas la nuit. Et le résultat a été, comme on le sait, l’interpellation de près de 250 personnes du CPL et des FL à laquelle il faudra ajouter l’arrestation, hier, d’une vingtaine d’autres dont sept partisans du PNL : Eddy Chamoun (avocat), Joseph Daou, Habib Bassil, Raymond Najjar, chef du comité estudiantin, Charbel Jarjoura, Antoine Zeynoun et Hadi Tawil. Entre-temps, 16 ont été relâchés, quinze femmes et un homme qui souffre d’un problème de tension artérielle. Il s’agit de Lina Ghorayeb, Diana Haddad, Rania Kawkabani, Randa Murr, une des cousines du ministre de l’Intérieur, Violette Harb, mère de Tony Harb, chef du comité estudiantin du CPL, Roula Sacre, Mona Chkeibane, deux jeunes filles de la famille Lteif, six autres des FL mais dont l’identité n’a pas été révélée et Éléftéri Athanasios. Les partisans du PNL ont été arrêtés dans l’après-midi au siège même du parti où ils tenaient une réunion préparatoire au sit-in d’aujourd’hui à l’Ordre des avocats en présence de membres des comités estudiantins des FL, du CPL, du PCL et de la base Kataëb. L’armée avait déployé une unité autour du vieux bâtiment de la rue du Liban où un petit groupe de leurs camarades distribuait des faire-part nécrologiques annonçant la mort de la liberté au Liban. Selon un témoignage recueilli sur place, les soldats ont sommé les jeunes de cesser de distribuer les tracts avant d’arrêter, quelque temps plus tard, sept d’entre eux dont cinq qui sortaient du siège du PNL et deux qui venaient d’y arriver. Aussitôt, le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, le député Pierre Gemayel, le chef du parti Solidarité Émile Rahmé et M. Massoud Achkar se sont rendus, rue du Liban, pour exprimer leur solidarité avec le PNL et dénoncer la nouvelle vague d’interpellations. S’adressant aux jeunes rassemblés dans la salle des réunions, M. Gemayel a laissé entendre que la bataille qu’ils mènent pourrait être longue, assurant que le mouvement «populaire, parlementaire et partisan engagé» pour rétablir l’indépendance et la souveraineté libanaise se poursuivra : «De nouvelles personnes seront arrêtées mais ce sera peut-être là un développement qui conduira à un dénouement plus rapide». M. Gemayel leur a aussi demandé de ne pas donner aux autorités des prétextes pour les arrêter. Dans son interview à la LBCI, le ministre de l’Intérieur a insisté sur le fait que les interpellations ont eu lieu sur décision du parquet de la Cour de cassation, ajoutant que l’armée est «au-dessus de tout soupçon» et mettant en garde contre «des surenchères politiques». Après avoir indiqué que le projet dévoilé «aurait mis le pays en danger», M. Murr a rejeté tout lien entre les interpellations et la tournée du patriarche au Chouf, soulignant l’appui du chef de l’État à la réconciliation entre druzes et chrétiens au Chouf et affirmant que c’est l’armée qui «protège» ces réconciliations. Attaquant indirectement les courants politiques qui étaient présents durant la tournée du patriarche au Chouf, il a indiqué que «ce qui a inquiété l’armée, c’est la présence de parties dont l’historique en matière de démocratie et de libertés n’a pas toujours été rassurant pour l’institution militaire ou pour le peuple». M. Murr a affirmé qu’il annoncera à l’opinion publique les résultats de l’enquête et exprimé l’espoir que le dossier sera prêt aujourd’hui afin qu’il soit soumis «clairement» au Conseil des ministres et que «le gouvernement assume la responsabilité des évènements». Notons que le procès des personnes arrêtées depuis dimanche s’est ouvert hier devant le tribunal. Dix-sept d’entre eux sont accusés de «diffamation du chef de l’État et d’atteinte à la réputation de l’armée syrienne et des institutions publiques». Le tribunal militaire s’est toutefois déclaré incompétent pour juger une collégienne de 16 ans qu’il a déférée devant la Cour de cassation.
Depuis mardi, les autorités s’activent : dix-sept jeunes sont déférés devant le tribunal militaire, seize autres sont relâchés et une vingtaine d’autres sont interpellés pour cause de distribution de tracts «faisant part du décès de la liberté au Liban» et pour d’autres actes hautement subversifs. La raison de tout ce branle-bas de combat ? «Des informations...