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Actualités - CHRONOLOGIES

« Carmina Burana » à Baalbeck - Avis partagés

Plutôt sages, ces Carmina Burana présentées ce week-end dans le cadre du festival de Baalbeck. La cantate scénique, sur une musique de Carl Orff, était placée sous la direction artistique et musicale de Walter Haupt, dans une mise en scène de Mihail Tchernaev. Un préconcert Viva Verdi tièdement applaudi par l’assemblée, un entracte de vingt minutes et la soirée était lancée. Près de 60 choristes, des solistes : Ramona Eremia (soprano), Nikolaj Visnjakov (ténor) et Gheorghe Mogosan (baryton), un orchestre de 60 musiciens et 30 acteurs y sont mis à contribution. Dans un décor néo-païen, servi par des effets de lumière et de pyrotechnique, sans oublier les 300 costumes dont certains équipés de feux d’artifice, il s’agissait d’une bonne occasion pour découvrir ou ré-écouter les Carmina Burana, ces chants inspirés des poésies gaillardes satiriques et sans pudeur: satire politique et religieuse, érotisme très direct et charnel, chansons à boire, complaintes sur la vie du clergé pauvre, glorification de l’hédonisme, reniement de l’éthique chrétienne. Mais voilà, par rapport aux thèmes de ces chants, l’adaptation de Haupt se présentait trop sage. Les deux représentations ont attiré près de 10 000 personnes. Ce spectacle, haut en couleurs, a suscité des réactions très divisées, sinon opposées. D’une part, les puristes qui n’ont pas tenu jusqu’à la moitié des 80 minutes de représentation et ont préféré prendre un café dans la buvette, sous la pleine lune. D’autre part, les jeunes surtout, qui ont patienté jusqu’au bout, allant même jusqu’à acclamer, debout, un bis retentissant. Allez comprendre. Les Carmina Burana d’Orff sont divisées en trois thèmes principaux : le printemps et l’été, à la taverne et l’amour. Sur les marches du temple de Jupiter, une tour de fer et de bois de 16 mètres de hauteur. Grâce à un système ingénieux, elle se transforme au fil des différentes scènes. Espace verdoyant, montagne de feu et de fumée, pic glacial et argenté. L’adaptation nous transporte dans une place où une troupe de ménestrels vient faire la fête en interprétant chants de troubadours, carmina. Finalement cette escapade se terminera à la Cour des Miracles par un drôle de mariage et un charivari monstre. Le prologue, Fortuna Impératrix Mundi, est certainement l’épisode le plus célèbre de Carmina Burana. Cet hommage à Fortuna, déesse romaine du destin, est réapparu en conclusion du concert. Dans ce O Fortuna, les chanteurs – qui avaient tendance à s’emballer – révèlent une bonne diction, très détachée, qui rend l’ambiance incantatoire de la séquence. L’acoustique des lieux, où le corps de musique est comme une goutte d’eau dans un océan, ne convient pas aux voix, qui resteront durant toute l’œuvre en retrait par rapport aux instrumentistes. Ou est-ce le contraire ? On ne le sait trop. Il en résulte une version involontairement sage, souffrant parfois de baisses d’intensité. Ce qui expliquerait ce sentiment de déception. Des imprécisions de rythme et de tempo ternissent le fameux In Taberna quando sumus, et les voix des dames manquent de chaleur et d’unité dans Floret silva. Mais ces réserves ne gâchent pas le plaisir visuel . Quant au ténor Nikolaj Visnjakov, son expressivité n’est pas en faute, mais sa voix, sans puissance ni rondeur, ne suit pas. L’atmosphère de liesse dépeinte dans les trois parties de la composition ne devient compréhensible que par rapport à l’image de la roue de la Fortune, point d’articulation du spectacle, qui symbolise les hauts et les bas de l’existence. Il faut par conséquent savourer les moments de bonheur. Des moments que certains spectateurs sont allés chercher ailleurs.
Plutôt sages, ces Carmina Burana présentées ce week-end dans le cadre du festival de Baalbeck. La cantate scénique, sur une musique de Carl Orff, était placée sous la direction artistique et musicale de Walter Haupt, dans une mise en scène de Mihail Tchernaev. Un préconcert Viva Verdi tièdement applaudi par l’assemblée, un entracte de vingt minutes et la soirée était...