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Actualités - INTERVIEWS

Entretien - Membre du comité exécutif du parti de N. Lahoud, le Mouvement du renouveau démocratique - Joseph Bahout : Sortir des schémas traditionnels grâce aux jeunes Libanais

À l’heure où les jeunes, toutes catégories confondues, songent à quitter le Liban pour de meilleurs horizons, Joseph Bahout, politologue de formation, est convaincu que les «cadres» de demain ont un rôle important à jouer d’ores et déjà sur la scène socio-politique, au sein de la société civile. Professeur à l’USJ durant sept ans, il est membre du comité exécutif du parti que vient de fonder Nassib Lahoud, le Mouvement du renouveau démocratique (MRD). Pour M. Bahout, «il n’est pas nécessaire de revenir sur le constat effarant de la situation des jeunes». «Il ne faut pas se résoudre au fatalisme de cette situation», explique-t-il. Selon lui, les jeunes, dans toutes leurs composantes, constituent le secteur stratégique sur lequel il convient d’œuvrer. Joseph Bahout croit ferme, au niveau du MRD, à la nécessité de réserver une place de choix à une politique «pour les jeunes», notamment à travers «l’aménagement d’espaces d’expression pour leur faire sentir qu’ils sont dès à présent une catégorie productive». Conscient «qu’il n’y a pas une minute à perdre» à l’heure où «l’hémorragie» gagne du terrain, il met l’accent sur le fait «qu’il n’y a pas d’espoir pour ces jeunes hors d’un espace d’expression socio-politique à travers lequel ils pourraient s’adresser au monde entier». D’où le besoin, selon lui, de leur assurer cette possibilité «d’être des citoyens du monde tout en restant au Liban», seul moyen de les convaincre qu’en restant, «ils ne sont pas en train de payer le prix de la médiocrité, du sous-emploi, de l’écart technique et sociétal par rapport au reste du monde et de l’absence des libertés». Au niveau structurel, M. Bahout insiste sur la nécessité «de ne pas reproduire les schémas qui font fuir aujourd’hui les jeunes de tout mouvement organisé. Il va falloir inventer une structure qui s’occupe particulièrement des jeunes, pas en les considérant comme une force d’appoint pour les luttes d’appareils au sommet, à l’image des partis traditionnels, mais en restant à leur écoute». Concrètement, il s’agira de faire participer les jeunes à l’ensemble des activités sectorielles du parti, tout en leur permettant d’agir au niveau du secteur d’activité qui leur est propre». «Nous ne chercherons pas à créer notre propre boutique dans les universités, mais à nous mettre en connexion avec un ensemble de forces qui ont envie de collaborer avec nous», ajoute-t-il. Il dresse par ailleurs un constat négatif des mouvements militant actuellement au niveau de la jeunesse, exprimant «son admiration pour les jeunes qui refusent de baisser les bras», mais déplorant que, «depuis la fin de la guerre, les thèmes qui les mobilisent n’aient guère évolué». «Les étudiants continuent malheureusement à reproduire les luttes qui se passent au niveau de la sphère macropolitique. Mais il faut reconnaître qu’ils sont soumis aux mêmes contraintes que tous les autres groupes sociaux du pays, au niveau de la difficulté du travail collectif, de l’absence de libertés publiques et du travail de sape qu’effectuent les services de sécurité. À partir de là, il est difficile d’en demander plus aux étudiants, sauf peut-être au niveau de la créativité». Il note toutefois que «les jeunes ont progressivement brisé les tabous en place depuis la fin de la guerre. Ils ont repris possession de l’espace public et ont relancé les manifestations par le biais d’un thème quasi exclusif, celui de la présence syrienne», en certifiant que, «bientôt, d’autres thèmes viendront s’ajouter à celui-là». «Ils ont également cassé le tabou concernant la création de structures ou l’organisation d’actions collectives. Nous ne souffrons pas seulement de l’absence de souveraineté et de la présence étrangère, mais aussi du très fort discrédit qui frappe la classe politique et l’action politique», poursuit-il. Joseph Bahout est d’ailleurs confiant dans la «réhabilitation de l’action politique contre la violence, comme moyen de changer les choses, contre le nihilisme, en réinvestissant le champ du possible qui est la politique». «On redécouvre l’utilité des structures politiques et de l’action politique, sur un autre mode que celui des partis traditionnels qui ont contribué à frapper la politique de discrédit dans le temps», estime-t-il. Et de souhaiter «que les jeunes soient capables de nous alerter en permanence sur le fait que nous collons ou pas à l’évolution de notre société», la seule manière constructive de juger de l’évolution du parti, selon lui. Un conseil franc et dynamique adressé aux principaux intéressés.
À l’heure où les jeunes, toutes catégories confondues, songent à quitter le Liban pour de meilleurs horizons, Joseph Bahout, politologue de formation, est convaincu que les «cadres» de demain ont un rôle important à jouer d’ores et déjà sur la scène socio-politique, au sein de la société civile. Professeur à l’USJ durant sept ans, il est membre du comité exécutif...