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Actualités - ANALYSES

Vie politique - Débat sous contrôle et préparatifs des nominations - L’idylle estivale se poursuit au top niveau

Le roi est mort, vive le roi. La troïka du partage n’est plus, vive le triumvirat des sages. Pourvu que cela dure. Et qu’on n’aille pas chanter ensuite la complainte de la belle qui n’a dansé qu’un seul été. Pour le moment, l’entente entre les présidents Lahoud, Berry et Hariri est parfaite. Comme en atteste leur récente rencontre vespérale à Baabda. Une concertation qui vise un double objectif : garder sous contrôle le débat parlementaire en cours, pour contrer tout éventuel dérapage de contestation inopinée. Ensuite, préparer le train de nominations administratives, en base des critères de compétence, capacité et probité. Une règle de trois qui est une première dans ce pays. Les loyalistes, qui se retrouvent enfin sur une même longueur d’onde, entonnent en chœur le grand air de l’harmonie. Ils affirment que les désignations prouveront la solidité, la transparence des liens entre les présidents. Qui n’ont plus en tête, d’après leurs proches, que le sauvetage socio-économique. M. Hariri se félicite tout particulièrement de cette coopération, qui se fait au bénéfice de son plan de redressement. Il déclare en privé, et en substance, que «certains n’arrivent pas à croire que les relations avec le président de la République et avec le président de la Chambre soient devenues excellentes. C’est pourtant vrai. Et les distillateurs de rumeurs de discorde en seront pour leurs frais». Après cette rime riche, le milliardaire affirme que les nominations ne causeront aucune faille dans la grande muraille de la nouvelle solidarité étatique, pour la bonne raison qu’elles ne donneront pas lieu à un partage de postes. Ce qui élimine tout risque de conflit. Selon ses visiteurs, le président du Conseil fait peu de cas des attaques dont il continue à faire l’objet. Car non seulement il trouve que son plan de sauvetage est bon, mais encore il estime que les ministres font convenablement leur travail, chacun dans son domaine, sans lui chercher noise. Il est donc content de son équipe, ce qui est également une première car, dans le passé, il s’est toujours heurté à une forte fronde ministérielle. En spécialiste averti, M. Hariri accorde une attention particulière aux chiffres. Et, toujours d’après ses visiteurs, il se frotte les mains de ce que la souscription à la dernière émission d’eurobonds (bons du Trésor) prévue pour donner 400 millions de dollars en a rapporté plus de 750. À l’en croire, c’est là un signe de confiance aussi bien dans les perspectives économiques du Liban que dans l’action de son gouvernement. On peut certes objecter que le pompage de devises n’est pas très propice à l’activité économique de production. Et que, s’il y a signe de confiance, c’est surtout dans la régularité du Liban en tant que débiteur et en tant que poule aux œufs d’or pour les liquidités. Mais l’essentiel, sans aucun doute, reste que le pays se donne les moyens de souffler un peu, et de respirer la bouffée d’oxygène qui rend euphoriques les dirigeants. Dont c’est le rôle, après tout, de propager un climat d’optimisme apte à rassurer la population et à doper les investissements. Quoi qu’il en soit, dans le domaine économique, les observateurs locaux mais aussi les chancelleries attendent les nominations administratives. De leur qualité, de leur technicité, de leur dépolitisation dépend en partie la tenue, donc le succès de Paris II. En effet, si le pouvoir devait reprendre les mauvaises habitudes troïkistes de partage du gâteau, les donateurs potentiels le prieraient de reprendre sa copie. Car il n’aurait pas réalisé la réforme qu’ils jugent nécessaire pour être sûrs que les fonds accordés seraient bien utilisés. Sans compter que les Occidentaux ne sont déjà pas loin de se faire tirer l’oreille. À cause du refus persistant du Liban, jumelé, d’envoyer son armée au Sud. Condition qui paraît indispensable au monde libre, pour assurer la stabilité de la région, comme de ce pays même. Sur un tout autre plan, la rencontre de jeudi soir à Baabda entre les trois présidents a permis de couper court aux rumeurs diffusées par certains opposants concernant la confirmation (encore une première) par la Chambre de la loi révisant le code de procédure pénale. Texte voté à une majorité de 81 suffrages, alors qu’il avait été renvoyé par le chef de l’État au Parlement. Ce qui a fait dire aux contempteurs du pouvoir que la Chambre avait infligé un véritable camouflet au régime. Le président Berry s’est donc expliqué sur ce point, qui a été vite dépassé, l’entente passant avant tout.
Le roi est mort, vive le roi. La troïka du partage n’est plus, vive le triumvirat des sages. Pourvu que cela dure. Et qu’on n’aille pas chanter ensuite la complainte de la belle qui n’a dansé qu’un seul été. Pour le moment, l’entente entre les présidents Lahoud, Berry et Hariri est parfaite. Comme en atteste leur récente rencontre vespérale à Baabda. Une...