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Actualités - CHRONOLOGIES

DROITS DE L’HOMME - Sit-in pacifique contre la loi 302/94 - Les députés favorables dans leur immense majorité - à l’abolition de la peine de mort

«Soixante-quatorze pour cent des députés sont en faveur de l’abolition immédiate ou progressive de la peine de mort». Ce chiffre, avancé hier lors d’un sit-in pacifique observé, à proximité du Parlement, par l’Association des droits humains, est le résultat d’un sondage effectué par ce groupement auprès de 94 députés afin de se forger une idée claire de leur avis concernant la peine de mort. Certains députés avaient refusé de répondre et d’autres n’ayant pu être contactés. Un sondage à la fois rassurant et prometteur. Attachés à des œillets blancs, les rouleaux de papier comportant les résultats du sondage sont toutefois restés à leur place au fond des paniers dans lesquels ils étaient rangés. Les manifestants qui devaient se rassembler devant le Parlement se sont vu interdire l’accès de la place de l’Étoile. La conférence de presse qui y était prévue a été annulée et les résultats n’ont pu être communiqués aux députés. «Je suis heureuse d’annoncer que 90 % des députés sont en faveur de l’abolition de la loi 302/94 (qui ôte aux juges la possibilité d’invoquer les circonstances atténuantes), 75 % d’entre eux sont pour l’abolition totale ou progressive de l’exécution capitale et 39 % acceptent de geler les condamnations à mort déjà prononcées», indique Mme Ougarit Younane, responsable de l’Association des droits humains. À l’annonce de ces chiffres, une lueur d’espoir a brillé dans les yeux des parents des prisonniers condamnés à mort. «Mon fils est innocent !» criait une mère éplorée tenant à la main la photo de son fils, Yehia (27 ans). «Son innocence a d’ailleurs été prouvée le 25 mai 2000, le jour de la libération du Liban-Sud, a-t-elle assuré. Pourquoi veulent-ils le punir pour un crime qu’il n’a pas commis ? Neuf années passées dans les geôles ne suffisent-elles pas ?» ne cessait-elle de répéter. Et sa fille de renchérir : «On nous a assuré que mon frère est innocent mais ils ne peuvent pas le libérer à cause des pressions politiques. Malgré tout, ils ont décidé de le condamner à mort pour insuffisance de preuves. C’est aberrant !» Lutter contre le crime avec efficacité Mme Younane explique, par ailleurs, que l’association qu’elle représente et tous les mouvements qui appuient cette campagne initiée en 1997 ne réclament pas uniquement l’abolition de la loi 302/94, mais aussi celle de la peine capitale en général. «Cela ne veut pas dire que nous appuyons ceux qui ont été condamnés à la peine de mort, mais nous voudrions que le gouvernement assume ses responsabilités afin de lutter contre le crime avec efficacité et dans le respect de la justice», a-t-elle déclaré. «Nous espérons que les députés poursuivront leur travail dans ce sens car l’abolition de la peine capitale fera honneur au Liban, a-t-elle poursuivi. Il est inacceptable que notre pays figure parmi les nations qui ont signé la charte internationale des droits de l’homme alors qu’il continue à appliquer la peine capitale». Ayant rejoint les manifestants avant de retrouver leurs collègues à la Chambre, les députés Nayla Moawad, Antoine Ghanem et Marwan Farès ont à leur tour insisté sur l’importance de l’abolition de la fameuse loi. Mme Moawad a expliqué qu’une telle initiative accordera une marge de manœuvre au juge, qui ne sera plus obligé uniquement d’innocenter ou de condamner l’accusé. «Il pourra désormais prononcer son verdict selon sa conscience et sur base des documents à lui soumis», a-t-elle précisé. De son côté, M. Ghanem s’est interrogé sur le sort des personnes qui ont été jugées en fonction de la loi 302. Quant à M. Farès, il a souhaité que le Liban soit le 109e pays à abolit la peine de mort. Il a également invité le gouvernement à calculer une année d’incarcération sur base de neuf mois et non de douze, à l’instar des pays développés. Les défenseurs du point de vue adverse étaient présents, eux aussi, sur les lieux. Distribuant des tracts réclamant l’exécution des criminels d’Henri Saïbi, et de Milan et Imad Selman, ils lançaient à l’adresse de qui voulait l’entendre que seule la peine de mort assurera un équilibre social et que la réduction de la peine est une récompense octroyée au crime. Au son d’une musique de Nida’a Abou Mrad, qui avait présenté avec les membres du groupe «La musique arabe» un chant sur le thème de la peine capitale, la foule s’est dispersée en entonnant avec le chœur : «Il faut abolir la peine de mort et juger l’homme avec miséricorde».
«Soixante-quatorze pour cent des députés sont en faveur de l’abolition immédiate ou progressive de la peine de mort». Ce chiffre, avancé hier lors d’un sit-in pacifique observé, à proximité du Parlement, par l’Association des droits humains, est le résultat d’un sondage effectué par ce groupement auprès de 94 députés afin de se forger une idée claire de leur avis...