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Actualités - INTERVIEWS

Interview express - Des contacts avec le Hezbollah, pas de dialogue avec Berry et Hariri - Pour Habib Sadek, la société civile est à la base du « projet de sauvetage »

Les dossiers du dialogue, de la réconciliation nationale, du redéploiement de l’armée syrienne et des rapports avec Damas, autant de thèmes qui vont au-delà de l’actualité quotidienne et qui font rarement l’objet d’une réflexion de la part de certains responsables. Dans l’espoir d’aider à la relance du débat sur ce plan, nous nous proposons d’interroger diverses personnalités influentes sur ces thèmes. Nous donnons aujourd’hui la parole à Habib Sadek, ancien député du Liban-Sud, qui a joué, au sein du Forum démocratique (FD) dont il fait partie, un rôle-clé dans la reprise du dialogue. Le «document du Forum démocratique» avait élargi le groupe de Kornet Chehwane aux personnalités musulmanes. Kornet Chehwane, Forum démocratique : convaincu de la nécessité du dialogue et de l’importance de ces deux documents émanant de ces deux groupes qui en forment l’assise, Habib Sadek remarque que tout cela est encore «insuffisant». Selon lui, c’est un véritable «projet de sauvetage» du Liban qu’il incombe à l’État et à la société civile de préparer par le dialogue. «Ce dialogue nécessite un programme complet, avec un mécanisme, des objectifs et des acteurs déterminés», affirme-t-il. «Malheureusement, il s’est avéré que les responsables n’ont pas un programme complet pour le dialogue. Seule la volonté est là, ce qui est évidemment insuffisant», souligne-t-il en rappelant que le président de la République avait accordé audience au FD. «Cette réalité nous a poussés à multiplier les contacts pour la poursuite du dialogue, parce que la situation au Liban est critique», ajoute-t-il. Il pense en effet que si le dialogue en lui-même est, du point de vue légal et constitutionnel, de la responsabilité de l’État et des autorités concernées, il appartient toutefois aux diverses composantes de la société civile d’inciter l’État à le poursuivre, avec l’entente nationale comme perspective ultime. «Si les autorités ne remplissent pas leurs devoirs, il revient à la société civile d’organiser ce projet et de l’imposer par les voies démocratiques», estime M. Sadek. Interrogé sur l’avenir du dialogue, il se garde de porter un jugement sur l’action du président de la République et revient à la charge : «Il est de notre devoir de continuer à y œuvrer et nous allons le faire». Rééquilibrer les relations bilatérales Habib Sadek inclut dans le dialogue dont l’État assume la responsabilité la question des relations libano-syriennes. «Ces relations comportent des failles qui se répercutent négativement sur chacun des deux pays. Or il est dans leur intérêt de régler ce problème pour améliorer les conditions de la confrontation avec Israël», affirme-t-il. Que pense-t-il du redéploiement accompli par l’armée syrienne début juin ? «Il s’agit d’une action positive, mais sa valeur est dans sa continuité, prévue dans l’accord de Taëf. Or jusqu’à présent, il n’y a pas eu de suivi». L’ancien député du Liban-Sud n’est pas pour autant d’accord avec les thèses qui réduisent la portée de ce redéploiement. «Nous acceptons les interprétations de tous les courants politiques, mais nous avons aussi notre opinion. Nous réclamons le redéploiement syrien sur base de l’accord de Taëf et nous insistons sur le fait qu’il doit se poursuivre». «Les propos tenus par le président Bachar el-Assad, selon lesquels il y a des failles au niveau des relations qui sont de la responsabilité des deux pays, ont levé l’interdit qui pesait sur le dialogue concernant le rééquilibrage des relations», insiste-t-il. «Tout ce qui s’est produit montre que nos revendications concernant le redéploiement étaient fondées», ajoute-t-il. Le FD entretient d’excellentes relations avec le Parti socialiste progressiste (PSP) et son chef, le député Walid Joumblatt. L’intervention de Habib Sadek – la seule d’un homme politique – au cours de la rencontre entre les jeunes des différents courants politiques organisée par le PSP à Baakline, atteste de la place importante qu’occupe l’ancien député dans l’actuel mouvement pour le dialogue. Qu’en est-il de ses relations avec le Premier ministre Rafic Hariri, surtout après la participation remarquée des jeunes du Courant du Futur à la rencontre de Baakline ? La réponse est nette, presque sèche : «Il n’y a pas de dialogue entre le FD et le Premier ministre. Ni avec le président Berry d’ailleurs». Et le Hezbollah ? «Il y a un contact. Il y a eu une réunion entre nous, que nous n’avons pas révélée au grand jour. Nous avons discuté de plusieurs questions et nous nous sommes entendus pour poursuivre le contact». Et de mettre l’accent sur la compréhension dont a fait part le Hezbollah pour les positions du FD. Habib Sadek conclut sur l’importance des jeunes, qui, au-delà de leurs horizons socio-politiques différents et de leurs appartenances confessionnelles, doivent se rencontrer pour sauver le Liban. Il cite à ce propos le gouverneur de la Banque mondiale, James Wolfensohn, sur le Liban : «Si le navire coule, personne ne pourra s’en sortir par ses moyens».
Les dossiers du dialogue, de la réconciliation nationale, du redéploiement de l’armée syrienne et des rapports avec Damas, autant de thèmes qui vont au-delà de l’actualité quotidienne et qui font rarement l’objet d’une réflexion de la part de certains responsables. Dans l’espoir d’aider à la relance du débat sur ce plan, nous nous proposons d’interroger diverses...