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Actualités - ANALYSES

Le scandale des mauvais payeurs remonte au déluge

La fée Électricité se trouve élue miss feuilleton de l’été. Dans le prochain épisode, le parquet devra répondre à des questions en rafales. Quelles sont les institutions, les personnalités qui ne s’acquittent jamais de leurs quittances ? La liste qui circule est-elle exacte ? Et sinon, qui en assumerait la responsabilité ? Le non-recouvrement est-il dû à un mauvais système de perception ? Ou à la contestation par les usagers des relevés de compteurs ? Depuis quand dure le scandale ? Pourquoi n’en a-t-on pas fait état avant ce jour ? Comment se fait-il que les gouvernements successifs n’aient jamais sévi ? Il est, en effet, notoire que cette pratique remonte au déluge. Un jour, le président Élias Hraoui, estimant que la coupe débordait, avait tapé sur la table en Conseil des ministres. Pour dénoncer, toutefois sans les nommer, les ministres, les députés, les pôles influents qui ne payaient pas leurs quittances. Une autre fois, il en a été question lors d’une séance parlementaire. Mais bien vite, un silence complice retombait et nulle enquête n’était ouverte. Aujourd’hui, alors que l’EDL accuse un très lourd déficit que comble le Trésor (donc le contribuable), certains arriérés de particuliers ou de services publics se chiffrent à des dizaines de millions de livres libanaises. Chaque fois qu’il faut racheter du fuel pour faire fonctionner les turbines, l’EDL en appelle à l’État qui lui fournit des avances, des bons de caisse, sans aucun espoir de remboursement. Et cette quittance-là se monte à près de 1 000 milliards de LL (666 millions de $ !) à un moment où le Liban est désespérément en quête d’aides extérieures pour réduire une dette publique qui l’épuise. Le constat s’impose donc de lui-même : s’il y avait une autorité appliquant régulièrement la loi à tous, s’il y avait vraiment un État des institutions, on n’en serait pas là. Car cette histoire d’impayés, on s’en doute, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Dans le domaine électrique même, on ne le sait que trop, il y a des régions entières qui sont branchées gratis. C’est également le cas, on le sait moins, pour les impôts, les taxes immobilières ou autres, le téléphone et l’eau. Les resquilleurs sont légion, certains nantis donnant l’exemple. Sans risques de poursuites judiciaires, comme cela se voit dans les pays évolués. Sur le plan ponctuel, un tel scandale permanent suscite bien évidemment un regain de sympathie de l’opinion en faveur des salariés de l’EDL qu’on veut priver de leurs exemptions de charges. Le sentiment général est qu’avant de rogner ces avantages, il faudrait que le pouvoir fasse cracher au bassinet ses grands créanciers locaux. Ou ceux qui chipotent allègrement dans les fonds publics, du côté des biens domaniaux par exemple. Pour tout dire, l’opinion pense en général qu’il faut commencer par lutter contre la vraie corruption qui met le pays au bord de la ruine. Qu’il faut donc épurer et réformer l’Administration, couper les robinets du gaspillage, notamment les ponts d’or consentis à certains cadres, le nombre d’ambassades inutiles, les primes des officiels. Continuer de même à dégraisser le mammouth comme on l’a fait dans les services de l’information officielle, à Télé-Liban ou à la MEA. Tout cela visant à réduire les dépenses somptuaires, certes. Mais aussi à permettre les privatisations, qui doivent alléger sensiblement la dette publique. Car, dans l’état actuel de pourrissement généralisé, les secteurs privatisables trouveraient difficilement repreneur. L’exemple le plus actuel étant fourni à cet égard par l’électricité où la perception atteint à peine les 50 %.
La fée Électricité se trouve élue miss feuilleton de l’été. Dans le prochain épisode, le parquet devra répondre à des questions en rafales. Quelles sont les institutions, les personnalités qui ne s’acquittent jamais de leurs quittances ? La liste qui circule est-elle exacte ? Et sinon, qui en assumerait la responsabilité ? Le non-recouvrement est-il dû à un mauvais...