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Actualités - CHRONOLOGIES

SONDAGE - L’Internationale pour les informations fait le point sur les 200 jours du gouvernement - 61,7 % des Libanais ne croient pas en l’avenir

Deux cents jours après sa formation, le gouvernement actuel a déçu une bonne partie des Libanais, qui continuent toutefois à appuyer la présence de Rafic Hariri à sa tête. C’est en tout cas ce qui ressort d’un sondage réalisé par la société Internationale pour les informations (qui avait déjà publié un rapport accablant sur la corruption). Mais le plus grave c’est que 61,7 % des personnes interrogées n’ont pas confiance dans l’avenir. Un constat terrible à méditer par tous ceux qui se plaignent de l’émigration massive des jeunes… Il n’est certes pas facile de réaliser un sondage au Liban, tant la population et les opinions y sont diversifiées. Mais si on y met le paquet et surtout si on fait appel à une société crédible et non pas aux fameux sondages téléphoniques, il est possible d’avoir ainsi le pouls de la population ou en tout cas un aperçu du climat général. La société Internationale pour les informations, spécialisée dans les sondages et les enquêtes sur le terrain, a choisi un échantillonnage varié couvrant les six mohafazats et différentes classes sociales, 58,2 % du sexe masculin et 42,8 % de femmes dont 54,2 % personnes mariées. Les âges varient entre 18 et plus de 45 ans et les revenus entre 500 et 2 000 dollars américains. 42,1 % des personnes interrogées ont fait des études universitaires, 28,6 % des études secondaires, 19,4 % des études complémentaires, 5 % ont été dans les classes primaires, 2,7 % ont une formation technique et 2,3 % possèdent des doctorats. Les personnes sondées ont répondu à 63 questions tournant autour de l’économie et de la politique. 59,9 % des personnes interrogées ont ainsi appuyé la présence de Rafic Hariri à la tête du gouvernement pour diverses raisons. 39 % estiment qu’il n’y a pas de remplaçant, 34,7 % l’appuient pour ses capacités personnelles, 17,4 % pour ses relations extérieures et 6,9 % pour son programme politique et économique. Il est intéressant de noter à cet égard que 82,8 % des druzes interrogés ont appuyé Hariri alors que du côté sunnite, il n’a obtenu que 67,5 % des suffrages et 47,3 % des maronites. 33,6 % des personnes interrogées ont estimé que les tournées de Hariri à l’étranger ne donnent pas des résultats positifs, alors que 29,7 % les considèrent utiles et 31,6 % ne s’en soucient pas. La corruption à l’origine de la crise économique 44,2 % des personnes interrogées affirment que leur situation économique s’est dégradée depuis la formation de l’actuel gouvernement, alors que seulement 3,4 % considèrent qu’elle s’est améliorée et 52,4 % pensent qu’elle n’a pas changé. Pour 39,9 % des personnes interrogées, la corruption est à l’origine de la crise économique. 14,3 % en attribuent les causes à l’action des précédents gouvernements, 12,1 % à la guerre, 8,1 % à la politique financière, 7,8 % aux dépenses pour la reconstruction de l’infrastructure et 7,1 % à la présence israélienne. Il faut noter dans ce domaine que 34,2 % qualifient de mauvaise la façon dont le gouvernement lutte contre la corruption et 32,3 % considèrent que le meilleur moyen de réduire le déficit budgétaire est que l’État récupère ses fonds perdus. Récupérer Chebaa La question des hameaux de Chebaa et le meilleur moyen de les libérer ont donné des résultats mitigés qui montrent une certaine confusion populaire dans ce domaine. Ainsi, 49,5 % des personnes interrogées ont appuyé leur libération par les armes, alors que 40,2 % ont préféré les moyens diplomatiques. Par contre, la nécessité de récupérer cette portion de territoire, indépendamment des moyens choisis, fait quasiment l’unanimité avec 81,6 % des voix. Même flottement au sujet de l’envoi de l’armée au Sud : 48,6 % appuient un tel déploiement et 36,2 % s’y opposent. Mais il est intéressant de noter que 68,2 % des maronites appuient l’envoi de la troupe, alors que par exemple, chez les sunnites, ils ne sont que 30,3 % à souhaiter l’envoi de l’armée au Sud. Concernant les rencontres et groupes nés récemment, dans une tentative de donner un nouvel élan à la vie politique, les avis sont encore plus partagés : 29,8 % appuient la rencontre de Kornet Chehwane et 47,8 % y sont opposés. La plupart des avis favorables proviennent des maronites (57,1 %) et des druzes (50,6 %). Les orthodoxes favorables ne sont que 36,9 %, les catholiques 21,4, les chiites 11,6 et les sunnites 11,2 %. Par contre seulement 23,8 % des personnes interrogées appuient le Forum démocratique, alors que 48 % s’y opposent. La plupart des avis favorables viennent des druzes (43,7 %) et dans une moindre proportion des maronites (37,2 %). Il y a plus de chiites favorables (22,6) mais moins d’orthodoxes (17,9) et de sunnites (9,9 %). Le Rassemblement national de sauvetage (présidé par Najah Wakim) attire 27,6 % d’avis favorables et 39 % d’opinions hostiles. Les proportions maronites, chiites et druzes d’avis favorables sont pratiquement égales mais les catholiques ne semblent pas s’y intéresser (4,8 %) et dans une moindre mesure les sunnites (10,9 %). Et le futur ? Il y a eu aussi des questions sur l’unification des livres scolaires (59,6 % estiment que cette unification est vitale pour l’harmonie au sein de la population) et l’enseignement religieux que seulement 29 % des personnes interrogées appuient, alors que 57,2 % s’y opposent. Il est intéressant de noter que la grande majorité des opposants est druze (85,1 %), catholique (83,3 %) et orthodoxe (61,3 %). Comme on peut le constater, la plupart des résultats reflètent les clivages traditionnels, politico-religieux du pays. Mais le plus inquiétant est l’égalité de toutes les confessions dans le manque de confiance dans l’avenir. Là, les Libanais de toutes les confessions se retrouvent pour exprimer leurs doutes et leurs appréhensions : 61,7 % des personnes interrogées ne croient pas en un avenir dans leur pays alors que seuls 12,9 % gardent bon espoir. Plus encore, 31,9 % des personnes interrogées affirment qu’au moins un des membres de leur famille a émigré et 30,1 % attendent une telle émigration pour pouvoir suivre son exemple. Dans ce domaine, les proportions sont égales dans toutes les confessions et les tranches sociales. Seules les tranches d’âge varient, les personnes les plus âgées étant les moins soucieuses de partir. Rappelons que L’Internationale pour les informations avait effectué un sondage similaire pour les cent jours du gouvernement et les résultats étaient alors bien plus optimistes. Même si dans le sondage actuel, le nombre de personnes appuyant Hariri à la tête du gouvernement a augmenté de 3 %. Par contre, la confiance dans un avenir au Liban a encore régressé par rapport à il y a cent jours. Et c’est sans doute la leçon la plus terrible à retirer de ce sondage. Si de plus en plus de Libanais ne croient plus en l’avenir, comment bâtir celui-ci et encourager les jeunes à rester sur place ? Même si ces résultats proviennent d’un sondage avec toutes les lacunes qu’il peut comporter, ils méritent que l’on s’y penche . Et surtout que l’on se décide enfin à réagir.
Deux cents jours après sa formation, le gouvernement actuel a déçu une bonne partie des Libanais, qui continuent toutefois à appuyer la présence de Rafic Hariri à sa tête. C’est en tout cas ce qui ressort d’un sondage réalisé par la société Internationale pour les informations (qui avait déjà publié un rapport accablant sur la corruption). Mais le plus grave c’est...