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Actualités - REPORTAGES

L’orientalisme et l’archéologie

C’est un sujet assez ardu que l’on m’a demandé de traiter Gabriel Bounoure, bien que conseiller culturel auprès du mandat français et ensuite auprès de l’ambassade de France, n’avait que des relations indirectes avec les archéologues qui ont travaillé qu Liban et en Syrie à l’époque où il s’y trouvait. Elles étaient quand même cordiales et suivies. Il sollicitait souvent ces savants à l’occasion d’un colloque, d’une série de conférences à l’École des lettres, ou lorsqu’il voulait affiner une traduction du français à l’arabe ou vice versa ; car cet érudit, ce poète et cet homme de lettres prônait déjà le dialogue des cultures et la connaissance, surtout la reconnaissance des uns par les autres. Il y voyait un facteur de stabilité génératrice de paix civile. Gabriel Bounoure a fasciné mon enfance, et ce pour plusieurs raisons. Appartenant à une famille d’hommes de lettres, j’ai vécu ma tendre enfance entouré de poètes, d’historiens et d’archéologues. Mon père, professeur de littérature arabe et d’histoire des civilisations à l’Université Saint-Joseph et directeur de l’École normale dans les années quarante, faisait partie de plusieurs cercles et clubs littéraires qu’il animait. Ses amis étaient Charles Corm, Hector Khlat, Georges Schéhadé, Abdallah Alayli, Said Akl etc., pour ne citer qu’eux. Alors, il était tout à fait normal que le nom de Bounoure, qui prenait des consonances orientales à mes jeunes oreilles, soit devenu pour moi extrêmement familier. J’ai un jour demandé à mon père qui était ce monsieur Bounoure. Il m’a répondu textuellement : «C’est notre conseiller culturel» ; libanais, j’ai su aussi plus tard qu’il avait beaucoup contribué avec mon père à la création de l’École normale supérieure, noyau de la future Université libanaise fondée en 1953. C’est avec Fouad Boustany et les ministres de l’Éducation nationale de l’époque dont le plus agissant était Gébran Tuéni qu’il élabora les programmes du baccalauréat libanais. Il aida plus tard la jeune Université libanaise naissante à la mise au point des programmes des sections de lettres françaises, de géographie, d’arts et d’archéologie avec la collaboration de l’émir Maurice Chéhab, alors directeur du service des antiquités. Gabriel Bounoure avait plusieurs cordes à son arc, homme de culture, mais aussi orientaliste dans l’âme, il avait pressenti, comme Colbert l’avait fait avant lui, l’intérêt, pour la France, de connaître à fond la langue et les cultures des peuples du Proche-Orient. Colbert avait fondé une école d’interprétariat à l’Istanbul, lui jeta les bases de la future École des Lettres dont une section s’occupait de traduction. Il fut aussi parmi les quelques personnalités d’influence qui pesèrent pour que soit créée au Liban la commission internationale pour la traduction des chefs-d’œuvre sous l’égide de l’Unesco à l’occasion de son deuxième congrès tenu à Beyrouth en 1948. Les piliers de cette commission étaient Fouad Boustany, Abdallah Machnouk, Edmond Rabbath, Michel Asmar… Plus d’une cinquante d’ouvrages furent traduits : Aristote, Pascal, Rousseau, Montesquieu vers l’arabe et Averroés, Ghazaly, Ibn Khaldoun vers le français.
C’est un sujet assez ardu que l’on m’a demandé de traiter Gabriel Bounoure, bien que conseiller culturel auprès du mandat français et ensuite auprès de l’ambassade de France, n’avait que des relations indirectes avec les archéologues qui ont travaillé qu Liban et en Syrie à l’époque où il s’y trouvait. Elles étaient quand même cordiales et suivies. Il...