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Actualités - CHRONOLOGIES

ÉLECTRICITÉ - Après les réclamations des employés, les retentissements du scandale de la « liste » - Hariri ordonne une enquête pendant que les employés - lancent un ultimatum au gouvernement

Le premier fait du week-end dernier est la confirmation de ce que l’on annonçait dès samedi matin : la balle était désormais dans le camp des employés de l’Électricité du Liban (EDL), qui étaient en grève depuis plus de trois jours. Ils ont accepté de suspendre leur mouvement pour une semaine, et ce à la suite d’un accord avec leur ministre de tutelle, Mohammed Abdel-Hamid Beydoun. L’accord, qui devra être présenté jeudi prochain au gouvernement par le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, prévoit des compensations financières à la supression des avantages acquis. Réunis avant-hier en assemblée générale, les employés avaient ainsi débattu de la proposition de Mohammed Abdel-Hamid Beydoun – celle de suspendre leur grève en contrepartie d’un amendement de l’article 75 du budget – après s’être réunis, vendredi soir, pendant plus de cinq heures avec ce dernier. Le syndicat des employés a ainsi publié un communiqué à l’issue de son assemblée générale, soulignant son refus total de voir ses droits acquis menacés. Ainsi que sa décision de revenir à l’escalade dès vendredi prochain et de ne plus cesser la grève avant que ses demandes ne soient satisfaites. Quoi qu’il en soit, il est évident que le week-end dernier – oubliant le mouvement social, ses bruits et ses fureurs et les réclamations syndicales – s’est concentré plutôt sur les retentissements du scandale politico-financier. Un scandale en bonne et due forme, né de la publication il y a deux jours, par les employés de l’EDL, d’une liste dénonçant plusieurs hommes politiques, anciens, en exercice ou décédés, plusieurs administrations publiques et autres entreprises privées dont un grand nombre d’hôpitaux, qui fraudent, tous, l’EDL. La colère de Berry Après que sept personnes dont le nom figure sur la «liste» eurent nié les faits qui leur sont reprochés, les démentis ont continué, samedi, à affluer. À tout seigneur tout honneur, le président de la Chambre Nabih Berry. Qui a menacé de poursuivre les auteurs de cette liste en diffamation. Et dont le bureau de presse a publié un vigoureux démenti, niant l’existence de factures d’électricité impayées – du moins concernant son domicile. Étant donné que la liste parlait de deux ardoises : l’une de 17 176 000 LL, sans autre précision et qui doit concerner la présidence de la Chambre, et l’autre de 9 286 000 LL, précédée de la mention «domicile». Et pendant ce temps, Mohammed Abdel-Hamid Beydoun fustigeait «ces pratiques qui visent à discréditer la classe politique et à porter atteinte aux principaux dirigeants du pays». Et parmi les autres démentis – souvent particulièrement véhéments et caustiques, figurent ceux du député Ali Osseirane. Qui rappelle que «les responsables au sein de l’EDL sont parfaitement au courant que le paiement des sommes dues au domicile de l’ancien président Adel Osseirane est en voie de règlement et qu’il n’en reste plus qu’une petite partie. Malgré le fait que ce que l’État nous doit concernant des expropriations équivaut au double», a-t-il accusé. Même son de cloche pour le député de la Békaa Sami el-Khatib. Qui a déclaré que «le paiement de ses factures, tant d’électricité que d’eau, ne connaissent pas un jour de retard». Quant à l’hôpital de l’ancienne députée Nohad Souhaid – l’hôpital Saint-Antoine – également accusé de fraude, il a publié un communiqué précisant que l’établissement était «en train d’acquitter ses factures à crédit, suivant un certain échéancier, et ce malgré le fait que l’État doit une somme considérable à l’hôpital». Les établissements de feu Haïkal el-Khazen ont mis le doigt sur les difficultés liées à la crise économique, précisant que le paiement des factures d’électricité s’effectuait également suivant un échéancier. Quant à l’ancien député Rochaïd el-Khazen, il s’est étonné de la présence de son nom sur la liste, indiquant que s’il avait des impayés à régler à l’EDL, ils doivent certainement concerner des entreprises industrielles qu’il possède – mais rien de personnel. «Dans tous les cas, et même si c’était le cas, je ne paierai pas. Je n’ai aucune confiance en leur façon de dépenser l’argent qui arrive dans les caisses de l’EDL», a-t-il dit, faisant allusion au gaspillage dont est coutumière, selon lui, la compagnie nationale. Des démentis qui sont également parvenus de la part des anciens députés Marwan Abou-Fadel et Talal Merhebi. Les hôpitaux et la réaction de l’EDL Le président des syndicats de propriétaires d’hôpitaux Fawzi Adaïmi a également fait part de sa grande surprise après la publication de son nom. Précisant lui aussi que le réglement des factures se faisait suivant un échéancier et que l’échéance du 1er juillet (de 7 303 000 LL) avait été réglée le 11 de ce mois. Et que, concernant son domicile, «la dernière facture avait été payée le 4 juin dernier». Demandant aux auteurs de la liste d’enquêter réellement auprès de la direction de l’EDL avant de lancer leurs accusations. «Des accusations qui méritent d’être l’objet de poursuites judiciaires», a accusé Fawzi Adaïmi, qui s’est déclaré prêt à brandir tous les reçus, tous les justificatifs. Et qui a, dans le même temps, demandé aux employés de la compagnie nationale de demander à l’État pourquoi il tarde temps à régler son dû aux hôpitaux, «un dû dont le montant s’élève à plus de 4 milliards de livres libanaises, rien qu’en ce qui concerne mon hôpital. Cela sans parler des intérêts. Et c’est pareil pour tous les hôpitaux», a-t-il conclu. Justement, celui de l’ancienne députée Nohad Souhaid – l’hôpital Saint-Antoine – également accusé de fraude, a publié un communiqué précisant que l’établissement était «en train d’acquitter ses factures à crédit, suivant un certain échéancier, et ce malgré le fait que l’État doit une somme considérable à l’hôpital». Pour sa part, l’EDL a publié le communiqué suivant : «Il nous est apparu que certains médias ont reçu, par fax, des listes truquées comportant les noms de personnes n’ayant pas réglé leurs factures à la compagnie. Il nous importe de faire savoir que l’EDL n’a rien à voir avec ces listes. Elle demande à l’ensemble des médias de ne se baser que sur des sources exactes, provenant exclusivement de l’EDL, et de ne pas publier des listes qui ne leur parviennent que dans un but : nuire et médire». La direction générale de l’EDL a par ailleurs déclaré que ses équipes techniques ont achevé la réparation des pannes nées des trois derniers jours de grève – et ce sur l’ensemble du territoire libanais. «Nos bureaux seront ouverts pendant 24 heures pour toute réclamation, et afin de répondre à toute urgence. Et nous rappelons à tous les Libanais le numéro des urgences de l’EDL : le 145», précise le communiqué, dans un évident souci d’apaisement, une mini-campagne de charme. Addoum : « Que toute la lumière soit » Conséquence directe de la publication de la liste et des démentis d’une partie de la classe politique incriminée : la réaction du Premier ministre Rafic Hariri – dont le nom de l’un de ses fils figure sur cette même liste. Il a ainsi ordonné l’ouverture d’une enquête. Quant au procureur général de la République, Adnane Addoum, il a demandé que «toute la lumière soit faite sur la véracité des informations publiées et aussi sur la carence du département chargé du recouvrement à remplir efficacement sa mission», a indiqué l’AFP citant une source judiciaire. Trois inspecteurs ont ainsi été saisis de ce dossier. Ils ont entendu dès avant-hier samedi le directeur de l’EDL Georges Moawad. Ils devront également interroger le président du syndicat des employés Émile Geha. Ainsi, le procureur général financier Khalil Rahal a convoqué ce dernier à une audition, et ce dès aujourd’hui lundi. Après avoir insisté sur «la nécessité de placer l’ensemble des documents et des factures à la disposition de la justice», prévenant du danger d’occulter l’un ou l’autre d’entre eux. Quant au président de l’Inspection centrale Fouad Haïdamous, il s’est entretenu avec le président du conseil d’administration de l’EDL Fouad Hamdane, ainsi qu’avec Georges Moawad et de nombreux responsables au sein de la compagnie. Il leur a demandé des précisions au sujet des listes qui ont été publiées et de lui transmettre les documents privés, relatifs à cette liste «des mauvais payeurs», ainsi qu’aux sommes qui leur sont réclamées, et ce en début de semaine prochaine.
Le premier fait du week-end dernier est la confirmation de ce que l’on annonçait dès samedi matin : la balle était désormais dans le camp des employés de l’Électricité du Liban (EDL), qui étaient en grève depuis plus de trois jours. Ils ont accepté de suspendre leur mouvement pour une semaine, et ce à la suite d’un accord avec leur ministre de tutelle, Mohammed...