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Actualités - CHRONOLOGIES

NAGORNY-KARABAKH - L’absence de paix dans le sud du Caucase pousse les populations à l’exode

Territoires occupés, réfugiés, colonisation forcée et statut politique futur : les démons qui hantent le Proche-Orient sont également présents dans le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux pays qui se vident de leurs populations en l’absence de perspectives de paix. L’urgence d’un règlement du conflit du Nagorny Karabakh, vieux de 13 ans, a été une nouvelle fois rappelée avec force lors de la tournée dans la région du 10 au 13 juillet des représentants des trois pays coprésidents (États-Unis, Russie, France) du groupe de Minsk. Porteurs de nouvelles propositions «affinées», les trois médiateurs américain, russe et français, mandatés par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour trouver un règlement, ont reconnu à Bakou qu’une solution n’était pas encore «à portée de main». Au cours de leur voyage, les trois médiateurs ont rencontré les présidents arménien Robert Rotcharian et azerbaïdjanais Heydar Aliev, ainsi que le président de la République unilatéralement proclamée du Nagorny Karabakh, Arkady Ghoukassian. Mais les membres du groupe de Minsk refusent obstinément de divulguer le détail de leur plan de paix. Défendant le principe du secret total, le médiateur américain Carey Cavanaugh cite volontiers l’exemple des négociations israélo-palestiniennes. Selon lui, plus les détails étaient divulgués, plus les détracteurs se mettaient à crier : «Vous ne pouvez pas faire ceci – vous ne pouvez pas diviser Jérusalem, ni trouver un compromis sur le droit du retour». S’arrêtant à Chouchi, deuxième ville du Nagorny Karabakh, dévastée par la guerre et revendiquée tant par les Arméniens et les Azéris comme haut lieu culturel, M. Cavanaugh s’est exclamé : «Trouver une solution pour cette ville fait penser à Jérusalem ?». Le diplomate américain ne se dit pas moins «inquiet de la colonisation du Nagorny par les Arméniens», ce qui complique la recherche d’une solution pour le statut de ce territoire de quelque 80 000 habitants. Le Nagorny Karabakh a proclamé son indépendance en 1991 avec le soutien d’Erevan, après une guerre de trois ans, qui a fait près de 30 000 morts et un million de réfugiés, en grande majorité des Azéris. Outre le Nagorny Karabakh, l’Arménie occupe des territoires azerbaïdjanais qui correspondent à une fois et demie la taille de la République unilatéralement proclamée. L’Arménie a bénéficié du soutien de Moscou, considéré comme un allié, et qui maintient toujours une présence militaire sur son sol. Au total, près de 20 % de l’Azerbaïdjan est aujourd’hui sous contrôle arménien, une situation intolérable et humiliante pour ce pays musulman, riche en pétrole et proche de la Turquie et de l’Occident. Mais surtout, l’absence d’un règlement et des conditions de vie difficiles poussent les populations des deux pays à émigrer. Si le nombre des candidats au départ ne cesse d’augmenter, c’est en Arménie que la situation est la plus grave. Près d’un million et demi de personnes ont choisi l’exil ces dernières années, ramenant le total de la population à moins de 2 millions, selon des sources concordantes. Les campagnes et les écoles se vident, selon des témoignages recueillis sur place alors que le pays est asphyxié par la fermeture des frontières turques et azerbaïdjanaises. «Ce pays vit sous perfusion internationale et grâce à l’aide de la diaspora», déplore une diplomate occidental. Avec ses 800 000 réfugiés de la guerre, l’Azerbaïdjan souffre aussi malgré une croissance économique de 11,4 % l’an dernier essentiellement due au pétrole. Un million de personnes sur une population de 8 millions ont déjà quitté le pays. «Une paix avec l’Arménie apportera de nouveaux investissements et réduira le coût de construction de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan», fait valoir M. Cavanaugh, un diplomate chevronné de 46 ans qui prône un Caucase méridional sans frontières.
Territoires occupés, réfugiés, colonisation forcée et statut politique futur : les démons qui hantent le Proche-Orient sont également présents dans le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux pays qui se vident de leurs populations en l’absence de perspectives de paix. L’urgence d’un règlement du conflit du Nagorny Karabakh, vieux de 13 ans, a été une...