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Actualités - CHRONOLOGIES

DETTE - L’Argentine n’est pas à l’abri d’une dévaluation

Les mesures annoncées mercredi soir par Buenos Aires ne seront peut-être pas suffisantes pour mettre l’Argentine à l’abri d’un défaut de paiement ou d’une dévaluation, alors que les turbulences qu’affronte le pays deviennent chaque jour plus violentes, avertissent les analystes. La Bourse de Buenos Aires et les obligations argentines ont fait le grand plongeon ces derniers jours, entraînant dans leur chute bon nombre de marchés de pays émergents, alors que se multiplient les interrogations sur la capacité du gouvernement argentin à endiguer la montée de sa dette. L’écart de rendement entre les obligations argentines et les obligations américaines – une mesure des risques que prennent les investisseurs en achetant des titres sud-américains – a atteint hier un nouveau record, à 1 422 points de base, au lendemain d’une intervention solennelle des plus hauts responsables du pays. Buenos Aires s’est donné un peu d’oxygène en parvenant à échanger sa dette qui arrivait prochainement à échéance par des titres à maturité plus longue. Mais le pays a dû accepter il y a deux jours des taux d’intérêt «ruineux» de 14 % pour placer sa dette auprès d’investisseurs devenus très méfiants. Et le gouvernement argentin n’a donc d’autre option que de serrer les cordons de la bourse pour éviter d’avoir à faire appel de nouveau aux marchés. Le président Fernando de la Rua et son ministre de l’Économie Domingo Cavallo ont annoncé mercredi un ensemble de mesures destinées à mettre le pays dans une situation de «déficit zéro» dès la fin du second semestre. «On fait de grandes phrases, mais les résultats seront très difficiles à obtenir», a relevé Juliet Sampson, économiste à Bank of America à Londres. «Les mesures annoncées (mercredi) par Cavallo ne sont en aucune façon suffisantes pour empêcher une crise», a souligné Mme Sampson. «Il a promis l’austérité budgétaire et l’absence de déficit, mais c’est une gageure politiquement parlant, dans la mesure où les responsables provinciaux pourraient bien renâcler devant les coupes que cet objectif implique». Vu la situation de l’économie et le tarissement des recettes fiscales, le gouvernement a très peu de marge pour tenir son objectif, selon elle. Quelque chose va casser et la solution la plus probable est celle d’un défaut du gouvernement argentin sur sa dette. «Un défaut de paiement est devenu une option beaucoup plus crédible cette dernière semaine. Ce serait une évolution déplaisante, mais, au point où nous en sommes, ce ne serait pas une surprise pour nombre d’entre nous», a affirmé Mme Sampson. Jane Foley, économiste chez Barclays Capital, se dit également «très sceptique» sur les mesures annoncées cette semaine. «Nous dirions que le risque d’un défaut sur la dette est toujours là», a-t-elle indiqué. Mais, avertissent certains économistes, la situation pourrait être encore pire si l’Argentine devait dévaluer sa monnaie. «Plus de 70 % de la dette de l’Argentine est libellée en dollar et, s’ils devaient dévaluer, la situation serait intenable», a relevé Mme Foley. D’autres estiment en revanche que l’abandon de la parité fixe, à un pour un, du peso et du dollar, instaurée il y a sept ans, est la seule voie possible : «ils doivent s’en débarrasser», a affirmé Kamal Sharma, économiste à la Commerzbank. «La force du dollar ces dernières années a eu pour conséquence un peso fort, ce qui a conduit à des pressions massives sur l’économie du pays, poussée à la récession». La force artificielle du peso a conduit à une baisse des recettes fiscales, à une augmentation du déficit budgétaire et à une détérioration des comptes courants, a résumé M. Karma.
Les mesures annoncées mercredi soir par Buenos Aires ne seront peut-être pas suffisantes pour mettre l’Argentine à l’abri d’un défaut de paiement ou d’une dévaluation, alors que les turbulences qu’affronte le pays deviennent chaque jour plus violentes, avertissent les analystes. La Bourse de Buenos Aires et les obligations argentines ont fait le grand plongeon ces...