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Actualités - ANALYSES

Les zones d’ombre de la cassette-vidéo

Beyrouth rejette la décision de l’Onu de permettre à Israël de visionner la vidéo filmée au lendemain de la capture en octobre des trois soldats israéliens dans le secteur des fermes de Chebaa. Voici comment certaines sources diplomatiques justifient la position du Liban : il ne faut pas que les considérations humanitaires invoquées par les Nations unies prennent le pas sur les considérations juridiques. Or, à la lumière d’une étude approfondie, les mêmes sources relèvent dans ce cadre que le tournage d’un tel film ne fait pas partie de la mission des Casques bleus. C’est ainsi que cet incident soulève une série de questions que pose le Liban : pourquoi le soldat indien, membre de la Finul, a-t-il pris l’initiative de filmer les combattants du Hezbollah en train d’enlever les deux véhicules, une Pathfinder et une Range Rover ? Serait-ce par hobby ? Dans l’affirmative, pour quelle raison a-t-il remis la vidéo au commandement de la Finul qui l’a classée dans ses archives ? Autres interrogations légitimes : qui a informé les dirigeants israéliens de l’existence de ce film, neuf mois plus tard ? C’est grâce à cette information, en effet, que le ministre israélien de la Défense, Benyamin Ben Eliezer, a réclamé cette vidéo des deux responsables onusiens Terjé Roed-Larsen et Staffan de Mistura, le 27 juin dernier à Tel-Aviv. Or MM. Roed-Larsen et de Mistura ont affirmé ne pas être au courant de l’existence de ce film. Il a fallu qu’ils en demandent confirmation au quartier général de la Finul à Nakoura, et au secrétariat général des Nations unies à New York. C’est alors que le ministre Ben Eliezer a réclamé officiellement de Kofi Annan la remise de ce film. Du reste, le secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix Jean-Marie Guéhenno a affirmé n’avoir pris connaissance de l’existence de la vidéo que vendredi dernier. Les sources diplomatiques susmentionnées relèvent toutefois un point positif dans l’attitude de l’Onu : M. Guéhenno a refusé de donner le film aux autorités israéliennes et a juste accepté de le leur visionner ainsi qu’aux responsables libanais. En outre, il a décidé d’oblitérer les visages des personnes qui ne font pas partie du personnel des Nations unies. Il aurait ainsi montré son souci de veiller à la sécurité des combattants du Hezbollah et d’empêcher les services de renseignements de les identifier. En tout état de cause, il est évident que l’Onu est actuellement embarrassée, estiment les mêmes sources. Mais il y a plus grave : selon certaines informations, Israël aurait eu vent de cette cassette vidéo grâce à l’Inde et ce, dans le cadre des relations stratégiques qui lient les deux pays. Si cela est vrai, c’est la sécurité du Sud qui serait alors en danger. Une enquête et des concertations diplomatiques à ce sujet seraient du coup indispensables pour faire la lumière sur cette éventualité. Enfin, le soldat indien qui a filmé l’incident étant déjà rentré chez lui, son gouvernement autoriserait-il les hommes du Mossad israélien à l’interroger pour obtenir un supplément d’informations ? S’attendant à ce que cette crise prenne encore plus d’ampleur, les sources diplomatiques mettent en garde contre ce «nouveau piège israélien qui cache sans doute de nouvelles intentions hostiles».
Beyrouth rejette la décision de l’Onu de permettre à Israël de visionner la vidéo filmée au lendemain de la capture en octobre des trois soldats israéliens dans le secteur des fermes de Chebaa. Voici comment certaines sources diplomatiques justifient la position du Liban : il ne faut pas que les considérations humanitaires invoquées par les Nations unies prennent le pas sur...