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Actualités - CHRONOLOGIES

INSTALLATION - Cinq figures pseudo-animales escaladent un mur de 8 mètres - L’hommage à la vie, d’Alain Vassoyan

Pour Alain Vassoyan, la vie est faite de renouvellements. Ce n’est donc pas un hasard si cet artiste utilise pour ses sculptures divers matériaux recyclables. Fresque, sculpture, installation ? L’animal urbain ou «néo-Coelacanthus» qui s’étale sur huit mètres sur le site de l’Orange Mécanique, Sin el-Fil, est sans doute les trois à la fois. Cette œuvre a été réalisée en trois mois à partir d’objets de récupération, de plâtre, de ciment, de fibres de verre et de fer soudé. Cinq figures pseudo-animales, à mi-chemin entre le fossile vivant et l’insecte vertébré, sont représentées d’une manière presque linéaire, dans leur trajectoire évolutionnelle : d’une état organiquement primitif vers une structure plus élaborée. Ce mouvement existentiel est un hommage à la vie. Picasso disait : «Je ne cherche pas, je trouve». Alain Vassoyan croit dur comme fer à cette philosophie. Exemple : un des animaux exposés a hérité d’un râteau en guise et place de la dentition. «Ce râteau, je l’ai volé à un des ouvriers du chantier. Pour camoufler l’objet, je l’ai peint en bleu.» Dans une casse d’autos à Chatila, il a déniché un guidon de voiture. Il n’est pas non plus rentré bredouille du Souk el-Ahad. Ainsi, il montre et dit à quel point la sculpture est un engagement et peut être un acte de responsabilité. Car redonner une seconde vie aux objets jetés, c’est à la fois révéler son monde, un monde singulier, mais aussi être écologiquement correct. En 1996, il débarque de Montréal avec un diplôme en histoire de l’art. C’est cette même matière qu’il enseigne à l’Alba, tout comme l’histoire des civilisations et le modelage. «C’est en étant prof qu’on apprend vraiment, dit-il. On vise à donner le meilleur de soi-même. On se perfectionne, on fait des recherches. Pour arriver à intéresser les étudiants, il faut d’abord s’intéresser soi-même à la matière». Il ajoute : «L’enseignement a pris beaucoup de mon temps». Le sculpteur arrivait quand même à concocter quelques œuvres. Mais le besoin de mettre la main à la pâte le tenaillait d’une manière obsessionnelle. L’occasion s’est présentée sous la forme d’une demande faite par May Hibri, propriétaire de l’Orange Mécanique, pub-restaurant en phase de reconstruction. «Elle m’a montré ce grand mur de 8 m de large qu’il fallait transformer en sculpture monumentale. Ce fut un choc épouvantable». Il faut le comprendre, il est habitué à faire des œuvres miniatures. Il n’a pas dormi ce soir-là. L’idée de tout laisser tomber l’a même effleuré. Cependant, comme cela est souvent le cas, le matin lui a porté conseil. Il n’allait quand même pas décevoir son amie. C’est un défi et il allait le relever. Il a réussi à surmonter les difficultés techniques. Cela lui a pris quand même un mois et demi pour trouver un moyen d’accrocher ses sculptures. Il a dû avoir recours à l’aide d’un ouvrier pour couper et façonner le fer. « Il y a mis tellement d’énergie et de bonne volonté. Je suis certain qu’il a tout à fait assimilé le concept de ce travail». «Cette œuvre murale dans un pub en chantier est synonyme des thèmes de l’évolution, de la continuité et du mouvement», affirme pour sa part May Hibri, qui envisage de faire de l’Orange Mécanique ( OM pour les habitués) un pub musée des avant-gardes où les jeunes artistes pourront exposer leurs œuvres. «L’animal urbain» va sans doute être perçu comme drôle, étrange, bouleversant, scandaleux, ou autre... Mais qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Comment la regarder ? Tout l’intérêt de l’art est justement là : dans le questionnement qu’il suscite et le travail du regard qu’il génère.
Pour Alain Vassoyan, la vie est faite de renouvellements. Ce n’est donc pas un hasard si cet artiste utilise pour ses sculptures divers matériaux recyclables. Fresque, sculpture, installation ? L’animal urbain ou «néo-Coelacanthus» qui s’étale sur huit mètres sur le site de l’Orange Mécanique, Sin el-Fil, est sans doute les trois à la fois. Cette œuvre a été...