PHOTOGRAPHIES - Collection de Badr el-Hage à Beiteddine - Bilad el-Cham (1840-1910) : - vision décolorée d’un paradis révolu

Bilad el-Cham 1840-1910. Le Liban, la Syrie et la Palestine en 250 photographies. Avec en prime, le premier daguerréotype de Baalbeck, datant de l’hiver 1839, pris par Fredéric Goupil – Fesquet. La belle sélection de clichés que donne à voir le collectionneur Badr el-Hage, à partir de samedi 7 juillet au palais de Beiteddine, appartient à cette catégorie de documents qui fixent l’histoire. Chronique instantanée d’un passé. D’un vaste pays brodé d’une mosaïque ethnique, où les premiers photographes et pèlerins européens ont promené leurs caméras dans les paysages de la Terre Sainte, pour traduire les espérances d’une population, ses désirs et ses croyances. Très peu de sites subsistent de l’époque. La beauté des lieux a été altérée par les guerres, les intempéries et foulée aux pieds par le modernisme. Il ne reste que des photos souvenirs. Celles-là parlent. Elles disent toute la fascination exercée par l’Orient sur l’Occident. Elles racontent l’atmosphère des petites villes d’autrefois, faite d’une grande simplicité et d’un zeste de nonchalance. Ici, les étals d’encens, d’épices et de tissus. Là, une cour étroite, percée de deux accès en ogive. Plus loin, l’ancienne demeure d’un riche marchand, toute baignée d’histoire. Entre 1840 et 1910, Ducamp, Charlier, Dumas, Salzman, Lockroy, Isaacs, mais aussi Bonfils, Saboungi, Yisai Garabédian et Sleiman Hakim saisissent pour l’éternité un ancien Beyrouth, un vieux Damas, Jérusalem, ses quartiers, ses minarets et ses dômes. En bref, une région qui prenait le temps de vivre, avant d’être happée dans la spirale du chaos. Ce pèlerinage historique et sentimental est ponctué de monuments ou paysages célèbres que les premières missions archéologiques ont également captés sur pellicule. Signalons enfin, que Badr el-Hage, à qui Fouad Debbas a transmis «le virus du collectionneur», a amassé depuis 1979 quelque 800 photographies anciennes sur Bilad el-Cham. La qualité et la rareté de ses acquisitions ont largement contribué à l’enrichissement de l’ouvrage de Fouad Debbas, Des photographes à Beyrouth 1840-1918, publié dans la «collection passion» dirigée par Élias Sanbar. C’est d’ailleurs cette même collection qui sort l’album d’el-Hage intitulé Des photographes à Damas, 1840-1918. Bilad el-Cham du 7 au 30 juillet. Le temps d’une lecture. Le temps de se rappeler un chapitre de l’histoire.