Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

700 drogués ont déjà bénéficié du programme de réhabilitation - Des méthodes de travail adaptées - à la réalité libanaise

À l’heure où le marché mondial de la drogue est estimé à plus de 500 millions de dollars annuellement, et que le nombre de consommateurs s’élève à près de 200 millions de personnes dans le monde, le Liban en est encore à minimiser le problème et à fermer les yeux sur les cultures de pavot et de cannabis qui refleurissent dans la Békaa. À la veille de la Journée mondiale pour la lutte contre la drogue, Gabriel Debbané, vice-président et cofondateur du regroupement Oum el-Nour pour la réhabilitation des toxicomanes, a exposé les réalisations de l’association mais aussi ses projets, lors d’une conférence donnée au mouvement culturel Ninar. Créée en 1989, l’association prend en charge et héberge gratuitement les toxicomanes pour une période de 18 mois. S’il est indispensable que les toxicomanes suivent, au préalable, une cure de désintoxication, ils doivent avoir la volonté de s’en sortir, et ne pas souffrir de maladies infectieuses, explique Gabriel Debbané. Au début, le travail s’est fait «par tâtonnement, avec le cœur, souligne le vice-président du regroupement, car les spécialistes n’existaient pas, à l’époque, alors qu’une quarantaine de drogués avaient urgemment besoin d’aide». Depuis, l’association a grandi et emploie aujourd’hui une équipe multidisciplinaire constituée de 30 professionnels, qui suivent régulièrement des formations à l’étranger et adaptent leurs méthodes de travail à la réalité libanaise. À l’heure actuelle, 700 toxicomanes de divers milieux et de diverses nationalités ont déjà bénéficié du programme de réhabilitation d’Oum el-Nour, alors que l’association ne peut donner suite à toutes les demandes d’aides, par manque de place. «Car les trois centres du regroupement, dont un pour femmes, ne peuvent englober qu’une cinquantaine de toxicomanes», déplore M. Debbané. Se prendre en charge, réapprendre à vivre sans la drogue Quant au programme de réhabilitation, il est basé sur la création d’un noyau familial autour du toxicomane et sur les valeurs humaines et morales qui accompagnent la thérapie. «À Oum el-Nour, on ne s’occupe pas seulement des drogués, mais on les écoute, on leur apprend à faire face, on les respecte, on les accompagne, on crée autour d’eux une ambiance familiale, et cela a fait des merveilles», constate le vice-président de l’association. Un programme de réhabilitation qui comprend quatre étapes, après la cure de désintoxication, explique M. Debbané. Le toxicomane a tout d’abord besoin de réapprendre à vivre sans la drogue, à supporter le manque et la frustration, à s’occuper de son alimentation et de son hygiène. Une étape qu’il ne dépassera, au bout de 3 à 4 mois que grâce à l’aide d’un accompagnateur, constamment disponible, à sa propre volonté de s’en sortir, et aux thérapies de groupe qui le pousseront, au moyen du dialogue, à aller à la source du problème et à se rebâtir. Progressivement, le toxicomane apprendra à se prendre en charge, mais aussi à s’occuper des nouveaux venus. Il parviendra à prendre des responsabilités, sans cesse plus importantes, et verra sa vie basculer positivement. Durant la dernière phase, qui est la réinsertion sociale, le toxicomane reprend progressivement contact avec le monde extérieur, son travail ou son université, et réapprend à vivre avec sa famille. «Une famille qui fait partie intégrante de la thérapie et qui doit comprendre et accepter son toxicomane, malgré toutes les souffrances que celui-ci lui a occasionnées», ajoute-t-il. Et d’insister sur le rôle primordial des parents et des éducateurs dans la prévention contre la toxicomanie, qui doit commencer en famille, depuis la petite enfance, et continuer à l’école. Car, dit M. Debbané, c’est de toute une éducation qu’il s’agit. Une éducation qui n’a pas forcément été idéale pendant et après la guerre, vu les nombreux problèmes que celle-ci a engendrés, mais qui doit se faire dans le respect des valeurs morales, familiales et spirituelles. Concluant sur l’urgence de développer de nouveaux projets, de bâtir de nouveaux centres, pour répondre aux innombrables demandes d’aides, M. Debbané déplore que les fonds ne soient pas encore disponibles pour mener à bien cette tâche.
À l’heure où le marché mondial de la drogue est estimé à plus de 500 millions de dollars annuellement, et que le nombre de consommateurs s’élève à près de 200 millions de personnes dans le monde, le Liban en est encore à minimiser le problème et à fermer les yeux sur les cultures de pavot et de cannabis qui refleurissent dans la Békaa. À la veille de la Journée...