Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINIONS

Débat, de bas en bas

C’est fou ce que peut faire une caméra télé. Tu prends le député le plus taré, limite mutant grave, enrichi Alzheimer, mâtiné encéphalopathie, tu places devant lui l’objectif magique, et le voilà qui s’agite comme le gnome à qui l’on titille le fion dans la pub pour piles électriques. La kermesse annuelle du budget n’aura pas échappé aux clichés classiques : langue de bois débitée en troncs de cèdre, index relevé des donneurs de leçons, rires gras et curetage de nez ramenant un ongle en deuil… La caméra est impitoyable. Comme il se doit, le débat de l’Assemblée a inspiré quelques puissants commentaires du genre : «L’ennemi israélien tapi aux frontières», ou encore : «L’armée syrienne est indispensable à notre bonheur». Autre gamberge inédite : «Le complot mondial ourdi contre le Liban». Pas négliger non plus les pensées profondes du genre : «Faut augmenter les recettes et diminuer les dépenses», ce qui ne mange pas de markouk, sans oublier le très original : «État de droit et des institutions». Au milieu de ce tissu d’âneries, comment rater le très pathétique : «On espionne mon téléphone» de Bouboule, aussitôt relayé par le pitoyable : «Ta gueule, c’est le mien qu’on épie» d’Istiz Nabeuh. Ou encore le sourire flegmatique du Homard de Tripoli qu’on n’espionne plus, lui, depuis lurette et dont, visiblement, toute cette affaire lui en touche une sans faire bouger l’autre. Et puis, cette histoire de communications internationales piratées. La rançon de l’ignorance ! Quand on sait que, de nos jours, avec une parabole aussi grande qu’une tasse à café, tu peux même parler avec Dabelyou Bush pendant qu’il barbote dans ses ablutions, tu ne confies pas ce secteur sensible aux bouseux publics des PTT. On l’aura compris, ce débat débile aura permis au cheptel des 128 de s’interroger sur ce qu’ils sont censés savoir, avec le sentiment qu’ils ne savent pas grand-chose et qu’ils ne savent pas vraiment dans combien d’années ils sauront quelque chose. Ce qui, pour un député libanais, est déjà énorme de le savoir.
C’est fou ce que peut faire une caméra télé. Tu prends le député le plus taré, limite mutant grave, enrichi Alzheimer, mâtiné encéphalopathie, tu places devant lui l’objectif magique, et le voilà qui s’agite comme le gnome à qui l’on titille le fion dans la pub pour piles électriques. La kermesse annuelle du budget n’aura pas échappé aux clichés classiques :...