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Actualités - CHRONOLOGIES

Un tournant dans la politique syrienne au Liban ?

«On saura dans les jours qui viennent si les motifs de ces mouvements sont surtout politiques ou militaires». Ce commentaire d’un diplomate européen en poste à Beyrouth résume à lui seul le flou qui entoure encore le redéploiement des troupes syriennes entamé dans la nuit de mercredi autour de Beyrouth. Commençons par la version officielle. Un communiqué du département de l’orientation de l’armée a annoncé hier que «des unités des forces arabes syriennes au Liban vont effectuer un redéploiement dans les prochains jours à Yarzé, à Baabda, et dans d’autres régions de Beyrouth et du Mont-Liban». Le redéploiement se fera «en coordination entre les commandements militaires concernés au sein des armées libanaise et syrienne», poursuit le communiqué sans autre précision. Pour le ministre de la Défense, Khalil Hraoui, il s’agit de mesures purement militaires qui ont déjà été appliquées dans le passé sans être publiquement annoncées. Autant dire que l’opération de redéploiement n’a aucune portée politique. Or les propos que le chef du gouvernement Rafic Hariri a tenus hier après-midi au début de la réunion du Conseil des ministres montrent que ce retrait n’est pas que technique. Se félicitant de ce «pas positif», il a déclaré en effet que «cette initiative confirme la profondeur des relations entre le Liban et la Syrie». M. Hariri a réaffirmé d’autre part la «nécessité» de la présence syrienne au Liban. Et d’ajouter que «grâce à la coordination et à la coopération entre les deux pays, les forces armées libanaises seront désormais en mesure d’assumer complètement leurs responsabilités». Le chef du gouvernement conclut son intervention en déclarant : «Cette coopération fructueuse et constructive est le résultat des relations libano-syriennes bâties sur la confiance et sur la consolidation des intérêts des deux pays. Nous remercions enfin nos frères syriens pour tous les efforts qu’ils ont déployés et qu’ils continuent à déployer pour aider le Liban à renforcer sa sécurité et sa stabilité». La portée politique On est donc loin de l’interprétation strictement «technique» que le ministre de la Défense a cherché à donner à cet événement. Car il s’agit d’un événement et, selon certains observateurs, il s’agirait même d’un «tournant» dans la politique syrienne au Liban. Damas aurait tout simplement attendu que s’apaisent d’abord la campagne et les manifestations contre sa présence. De fait, depuis le retour du patriarche maronite Nasrallah Sfeir des États-Unis, et à partir du mois d’avril, les choses ont commencé petit à petit à se tasser, et le redéploiement entamé hier a été présenté comme étant le résultat du dialogue entrepris avec le président de la République, le général Émile Lahoud. En outre, indiquent des sources biens informées, le président Bachar el-Assad voudrait donner une image positive de la Syrie peu avant sa visite en France. L’initiative du redéploiement est d’autant plus importante qu’elle intervient à quelques mois de la conférence de Paris II. Sans compter qu’elle pave la voie à l’application de la clause de l’accord de Taëf concernant la présence syrienne au Liban. De quoi relancer l’économie libanaise qui s’essouffle faute de confiance de la part des investisseurs. Les mêmes sources prévoient enfin une réunion du Conseil supérieur libano-syrien après le retrait des forces syriennes de certaines régions du pays, réunion au cours de laquelle les relations bilatérales seront examinées en profondeur, notamment l’étape qui devrait succéder au redéploiement. Reste un point essentiel : les différends entre Libanais, et le litige Lahoud-Berry en particulier, devraient être réglés par les Libanais eux-mêmes en l’absence de toute intervention ou de toute médiation syrienne. N’est-ce pas la moindre des choses au moment où Damas prend l’initiative du redéploiement de ses troupes ?
«On saura dans les jours qui viennent si les motifs de ces mouvements sont surtout politiques ou militaires». Ce commentaire d’un diplomate européen en poste à Beyrouth résume à lui seul le flou qui entoure encore le redéploiement des troupes syriennes entamé dans la nuit de mercredi autour de Beyrouth. Commençons par la version officielle. Un communiqué du département de...