Eau, énergie, écologie et politique : une panoplie impressionnante de productions

Nombreux sont les parents et les éducateurs qui se plaignent sans cesse de ce que la jeune génération ne lit plus et n’a donc plus aucun appétit pour la culture, tant elle est sollicitée par tout ce qui est jeux et médias audiovisuels. C’est sans doute vrai. Il reste étonnant de constater combien un travail un tant soi peu motivant peut stimuler un élève et l’inciter à entreprendre des recherches qui nécessitent une capacité de concentration considérable. Le résultat de ces travaux dépasse souvent toutes les attentes. C’est le cas des Travaux personnels encadrés effectués par les élèves de 1re de Notre-Dame de Jamhour qui ont exposé leur production finale au terme de l’année scolaire. Les thèmes choisis en début d’année reflètent souvent une volonté sincère de contribuer concrètement au développement du pays. Les adolescents ont en outre cette qualité qui se perd parfois chez les adultes : ils osent et voient grand. On peut en juger : l’économie de l’énergie, la préservation de l’environnement sont des thèmes sur lesquels se sont penchés plusieurs groupes de la série scientifique. Maquette sophistiquée à l’appui, André, Ali, Élie et Mounir ont montré qu’il est possible de mieux exploiter les ressources naturelles afin d’améliorer la production d’électricité. Ils affirment que «l’aménagement du Litani (qui fournit à lui seul 62 % de l’énergie du pays) peut être poussé beaucoup plus loin». Les explications sont techniques, chiffrées, «kilowattées» à volonté, et le commun des mortels qui, des cours de physique de son adolescence n’a retenu que l’anecdote de la pomme de Newton, hoche la tête sceptique. Le Liban n’a pas de pétrole ? Qu’à cela ne tienne. Jean, Ghassan et Marc lui ont trouvé un substitut pour la production d’électricité : le vent. L’avocat du diable tente de jouer au plus fin en arguant de l’utopie du projet : trop cher ! C’est méconnaître le sens des affaires dont est imprégnée notre progéniture. «Sommes-nous donc plus pauvres que la Mongolie qui a depuis longtemps adopté l’énergie éolienne tellement plus économique que le pétrole ?», rétorquent-ils, car ces jeunes de 17 ans pensent à long terme et, selon eux, l’investissement vaut la peine... Le panier de la ménagère Le dada du genre féminin, c’est plutôt la chimie et la bio. Nadia, Nadine, Rhéa et Nancy se soucient du panier de la ménagère. L’usage des éprouvettes et des pipettes les a échaudées, et elles se méfient comme de la peste de tous les produits soi-disant dépourvus de colorant. Elles chuchotent à l’oreille de l’intéressé un certain nombre de marques prestigieuses qui mentent à ce sujet... Sans compter que les arômes et colorants utilisés peuvent être nocifs pour les malades ou les personnes à faible immunité. Tania, Karim, Samer et Gerges vous raconteront tout sur les vertus thérapeutiques de l’huile d’olive excellente pour les diabétiques ou pour les gens souffrant de faiblesses cardio-vasculaires. Ce groupe vous dira aussi que le Liban est le onzième producteur d’huile d’olive dans le monde, avant Israël (treizième) et les États-Unis (quatorzième !). Un conseil enfin à ces dames qui arpentent les supermarchés et les grandes surfaces : n’achetez que les bouteilles d’huile d’olive sur lesquelles est apposée la mention «Extravierge». Mesdames, sachez enfin (Lina, Diana et Angélique vous l’affirmeront) qu’il faudra vous procurer les parfums les moins alcoolisés quand vous songerez à renouveler votre stock de produits cosmétiques. Le moins d’alcool possible, c’est en effet le critère d’un parfum prestigieux... Les verts L’eau et l’environnement : deux autres thèmes qui font fureur auprès des adolescents. Emmanuel, Sélim, Élias et Jean vous expliqueront ainsi que la pollution de la mer au niveau de Jounieh est la plus forte, après Dora évidemment où la décharge de Bourj Hammoud et les résidus pétroliers font des ravages. Alors pour les bains de mer, on vous recommande les plages de Jbeil et de Batroun qui sont les moins polluées. Chekka reste tout de même à éviter à cause des cimenteries. Et le Sud ? Une lacune dans leurs travaux de recherches. Ils n’y sont pas allés... Les habitants de Hazmieh peuvent être tranquilles et boire l’eau en provenance de l’usine d’épuration de Daychounié. Joe, Alain, Marc et Antoine le prouvent, expériences chimiques à l’appui. Et dire que la source est le fleuve de Beyrouth dont la réputation de pollution n’est plus à faire. Une mise en garde tout de même contre l’usage de cette eau adressée à tous ceux qui n’ont pas d’immunité, comme par exemple les nourrissons... La solution à tous les problèmes du pays en matière d’épuration des ressources hydrauliques ? C’est le groupe d’Antoine, d’Edward et de Roger qui l’a trouvée : le rayonnement ultraviolet largement répandu en Israël. Leurs recherches ont abouti à des résultats surprenants : après un traitement aux ultraviolets, il s’est avéré que les bactéries et les virus contenus dans l’eau étaient détruits à plus de 99,99 % ! En outre, «si on compare le rayonnement ultraviolet à la chloration-déchloration (système adopté au Liban), on se rend compte qu’à coûts comparables le traitement aux ultraviolets est plus efficace pour inactiver le virus», affirme ce groupe qui a donc pensé à tout, y compris à la situation catastrophique des finances de l’État... Enfin, aux amis des plantes, Raymond, Ralph et Ziad conseillent le recours à la lumière violette pour une croissance idéale. Ils en ont fait l’expérience en enveloppant d’un sac mauve des pousses de lentilles qui se sont développées beaucoup plus vite qu’à la lumière blanche. Histoire et politique Les élèves des séries littéraires ont traité, pour la plupart, des phénomènes de société. Elsa, Chantal et Émile ont choisi par exemple le thème suivant : 13 avril 75 : guerre des médias au Liban ? Il est intéressant de constater, dans ce cadre, que les trois sociologues en herbe se sont heurtés à un mur d’indifférence quand il s’est agi de se procurer les archives des médias officiels de l’époque... Quant à Nathalie, Sarah et Myriam, elles ont tenté de répondre à la question de savoir si Béchir Gemayel était un «mythe». Enquête difficile à mener surtout auprès des personnalités hostiles au président de la République défunt...