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Actualités - CHRONOLOGIES

FAITS-DIVERS - Quand le mensonge mène loin... - Marie-Line, qu’on avait cru enlevée, dormait tranquillement chez une amie

«Et ce soir je vais dormir chez Abdallah», a lancé Marie-Line Chélala, 5 ans, à Lina Nehmé, la mère de sa camarade de classe Elige qui l’a hébergée dans la nuit de mardi à mercredi. Abdallah est lui aussi un camarade de classe de la fillette, à la maternelle de la Paradise School de Jounieh. Marie-Line, qui a disparu à la sortie de l’école mardi dernier, n’aurait pas été enlevée, volée, ou même violentée. Marie-Line Chélala aurait tout simplement menti comme le font beaucoup d’enfants de son âge. Et par un étrange concours de circonstances, elle a réussi à ameuter toute la République. 18 heures hier, Marie-Line vient d’arriver à la maison. C’est tout le quartier qui l’accueille en émoi. Sur les escaliers, qui la mènent au modeste appartement de ses parents à Tabarja, elle est portée de bras en bras. «Mais qu’est-ce que tu nous as fait ?», ses grands-parents paternels, les amis de ses parents et les voisins lui posent, en la cajolant, la même et unique question. Marie-Line, qui a passé la matinée à la caserne de Sarba et chez ses grands-parents maternels, ne semble pas pour autant perturbée. En tout cas, elle n’a pas l’air d’une enfant véritablement traumatisée. Où et comment a-t-elle passé la nuit dernière ? Elle raconte sa version des faits. «C’est le père d’Elige, qui habite Ajaltoun, qui est venu nous chercher à l’école. Elige m’a obligée à monter avec elle en voiture. Je voulais me débarrasser d’elle mais je n’ai pas pu», dit-elle. Chez sa camarade, elle a mangé du poulet et des frites à déjeuner. Elle a joué avec Lina la mère d’Elige et Anthony le frère de son amie de classe et qui a trois ans. Et Roni le père d’Elige ? «Il est venu tard à la maison», répond Marie-Line. «La maman d’Elige nous a raconté l’histoire du Petit Chaperon rouge, puis on a construit deux maisons et un chemin de fer pour qu’un train passe», indique la fillette en vous regardant avec ses grands yeux verts. Pourquoi n’a-t-elle pas téléphoné à la maison ? «Ils n’ont pas le téléphone». N’a-t-elle pas vu ses images à la télévision ? «Non, on n’a pas regardé les nouvelles», répond Marie-Line, qui avait tout simplement envie mardi soir de dormir chez son amie de classe. Oui, ses parents lui ont manqué, surtout le soir. «Alors la maman de ma camarade est venue dormir sur un matelas dans la chambre avec Elige et moi et elle a gardé la lumière allumée parce que je n’aime pas dormir dans le noir», raconte la fillette. « Je savais que j’allais la retrouver à l’école » Sûre d’elle, elle pose pour la photo, s’enquiert des boucles de ses chaussures assorties à la robe fleurie et au ruban que sa mère vient de lui poser dans les cheveux. D’ailleurs, elle n’a plus envie de répondre aux questions qu’on lui pose depuis ce matin quand elle est arrivée à l’école avec Elige et Roni le père d’Elige sa camarade, qui a l’habitude d’accompagner sa fille tous les matins à la Paradise School. Marie-Line ira jouer chez les voisins qui ont une fille de son âge. Tania et Fady, les parents de la fillette, n’ont pas dormi depuis plus de 24 heures. Les yeux creusés par la fatigue, la maman de l’enfant affirme ne pas avoir perdu espoir même durant la longue nuit de mardi à mercredi. «Je savais que j’allais la retrouver à l’école», dit-elle. À aucun moment n’a-t-elle pensé au pire ? Si, peut-être mercredi à l’aube quand elle a remis aux Forces de l’ordre les habits sales de sa fille. «Il fallait que les chiens de police les reniflent afin que les bêtes soient ensuite lâchées aux alentours de l’école, pour retrouver la trace de Marie-Line», raconte Tania qui a refusé avec son mari de porter plainte contre les parents d’Elige Nehmé. Ce matin, les parents de Marie-Line étaient à l’école quand Roni Nehmé est arrivé pour accompagner les deux fillettes. «Il est apparu simplement comme si de rien n’était. Il ne savait simplement pas que Marie-Line avait disparu», raconte Tania qui croit dur comme fer que les deux fillettes, notamment sa fille à elle, ont menti. «Ce sont des gens bien, ils se sont occupés de ma fille. La maman d’Elige a coiffé Marie-Line de deux couettes, elle lui a mis des tartines et une bouteille d’eau dans son panier», relève Tania. Roni Nehmé n’était pas surpris de voir les deux fillettes monter dans sa voiture mardi dernier à 14 heures. La fille aux yeux verts a expliqué qu’elle a déjà prévenu ses parents qu’elle dormait chez Elige. Les Nehmé, qui n’ont pas le téléphone, n’appellent pas pour confirmer les dires des deux enfants de cinq ans. Dans la nuit de mardi à mercredi, tous les camarades de classe de Marie-Line ont été alertés à part la petite Elige, injoignable, parce qu’elle n’a pas le téléphone. Lina, la mère d’Elige est surprise de voir la fillette qui débarque chez elle sans pyjama et vêtements de rechange. «Ma mère travaille à l’ABC, elle n’a pas eu le temps de me donner mes affaires», aurait dit Marie-Line à la maman de sa camarade. L’enquête est close Pour Tania, c’est cette phrase qui confirme les dires des Nehmé et le mensonge de sa fille. «J’ai arrêté de travailler à l’ABC il y a quelques mois, la mère d’Elige que je ne connais pas n’est pas censée savoir des détails sur notre vie», dit-elle. À Ajaltoun, la maison des Nehmé est, elle aussi, modeste. La famille est sortie. Ce sont les voisins qui reçoivent les badauds. Oui, ils ont vu la fillette hier. Elle jouait à la poupée avec Elige. «Elle a même joué avec ma trottinette», raconte la fille de la voisine. «Lina les a prises en photo en m’expliquant que Marie-Line est la camarade de classe d’Elige et qu’elle dort chez eux», raconte Diana la voisine. «La petite fille avait l’air heureuse», dit-elle. Diana et sa famille n’ont pas suivi les nouvelles mardi soir. «C’est ce matin au travail qu’on m’a raconté qu’une fillette de cinq ans a été enlevée. À aucun moment je n’ai fait le lien. En début de soirée quand je suis rentrée à la maison mes enfants m’ont raconté les faits», indique-t-elle. Pour Diana, comme pour les parents d’Elige, Marie-Line qui dormait à Ajaltoun avait alerté ses parents. Dans la nuit de mardi à mercredi, toute la République a été mobilisée pour retrouver une fillette de cinq ans. Elle dormait tranquillement dans la maison de sa camarde de classe à Ajaltoun. Tania et Fady Chélala, Lina et Roni Nehmé, les responsables de l’école Paradise School, plusieurs voisins de Tabarja ont été interrogés. Hier matin, l’école avait fermé ses portes. Seuls les élèves de la maternelle étaient là. Ils étaient les seuls à mener les enquêteurs à une quelconque piste. Tania et Fady n’étaient pas loin de la salle de classe. Ils sont arrivés à 7 heures à l’école. Ils voulaient avoir des nouvelles. La veille, ils avaient eux-mêmes fouillé encore une fois l’école. Ils avaient même cherché leur fille dans les poubelles. Hier soir, Marie-Line a dormi tranquillement dans sa famille. Après avoir passé une nuit blanche et interrogé à plusieurs reprises les témoins, le procureur général du Mont-Liban Jean Fahd a clos l’enquête hier.
«Et ce soir je vais dormir chez Abdallah», a lancé Marie-Line Chélala, 5 ans, à Lina Nehmé, la mère de sa camarade de classe Elige qui l’a hébergée dans la nuit de mardi à mercredi. Abdallah est lui aussi un camarade de classe de la fillette, à la maternelle de la Paradise School de Jounieh. Marie-Line, qui a disparu à la sortie de l’école mardi dernier, n’aurait pas...