Humeur - La ceinture de grande sécurité

Après les extincteurs obligatoires, la plaque d’immatriculation «dernier cri», la ceinture de sécurité obligatoire débarque enfin au Liban. Surprenant spectacle, en ce matin du mois de juin… Des conducteurs apparemment soumis, ligotés sur leur siège, une ceinture – de bonne conduite – dessinant enfin les limites à ne pas dépasser. Plusieurs jours que cela dure, le spectacle n’en demeure pas moins fort surprenant. Dans leur camisole où ils semblent enfermés de force, n’allez surtout pas croire qu’ils le font de leur propre gré, les automobilistes sauvent les apparences. Un court moment, car il suffit de les regarder conduire et se conduire pour constater que les apparences ne sont guères sauves et que, dans le fond, rien n’a changé. Malgré la ceinture o-bli-ga-toire, les papiers et autres poubelles sont encore balancés par-dessus bord, les 24 heures du Mans se déroulent de jour comme de nuit devant nos yeux paniqués et agressés, les insultes pleuvant lorsqu’il s’agit de respecter un feu rouge, les priorités sont relatives et le respect des lois inexistant. On peut même tuer pour passer le premier. Boucler sa ceinture, c’est très beau, mais cela ne peut faire oublier le défilé quotidien de voitures à la mécanique douteuse, des voitures dangereuses et si vieilles que leur réparation paraît quasi impossible, sans feux arrière, sans clignotants, sans doute n’existaient ils pas lorsque la voiture fut conçue, et bien sûr… sans ladite ceinture de sécurité ! Alors, à la vue de ce show saisissant et tous les jours renouvelé, une seule question se pose : Combien de temps encore les Libanais en quête de savoir-vivre vont-ils la boucler ?