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Actualités - BOOK REVIEWS

CORRESPONDANCE - Terre à terre mais indispensable - L’aspirateur, objet de tous les désirs

WASHINGTON-Irène MOSALLI Comme il n’y a pas de sot métier, il n’y a pas d’objet sot. Le plus ordinaire, le plus terre à terre peut avoir son heure de gloire. Et quoi de plus terre à terre qu’un aspirateur. Pour savoir si bien mordre la poussière et rendre moult autres services domestiques, le balai électrique a mérité de la recherche. Tout récemment, la Librairie des sciences, de l’industrie et des affaires de New York avait programmé une conférence consacrée à l’historique de l’aspirateur. L’auteur de cette causerie, nommé Robert Kravitz, est un féru et un érudit en matière de «Vacuum Cleaner», dont il a évoqué l’origine et le développement avec précision et délectation. New York n’était qu’une étape de la tournée qu’il effectue dans les plus importants instituts du pays pour évoquer ce sujet, qui est devenu sa spécialité. Nous lui avons demandé de nous conter son aventure. Âgé aujourd’hui de 51 ans, il se souvient qu’enfant (dans les années 50), le balai électrique était «l’objet de désir» de sa mère. Puis, lui l’a manipulé dans sa période hippie, à San Francisco (années 60), pour arrondir ses fins de mois. Et, comme à force de forger on devient forgeron, il avait fini par se «poser la question du comment et du pourquoi de ce machin ?». Aspiration et non-ventilation Il pose alors son balai et va dépoussiérer les archives des fabricants de cet appareil ménager. Si, dans un récent ouvrage américain intitulé l’Évangile des germes, il est dit qu’au début du xxe siècle, les aspirateurs avaient été mis sur le marché pour lutter contre les microbes supposés vivre dans la poussière, Robert Kravitz lui a préféré remonter plus loin dans le temps. Il débute son histoire en 1870, lorsqu’un soir, dans un restaurant londonien, l’ingénieur Cecil Booth place son mouchoir entre sa bouche et un sofa en velours et aspira bien fort. La face du mouchoir en contact avec le tissu était couverte d’un film de poussière. «C’était là la grande aspiration !», explique Kravitz. Auparavant, on pensait que de puissants ventilateurs pouvaient avoir des capacités nettoyantes, juste en soufflant de l’air. Après son expérience, Booth a réalisé que l’aspiration était la bonne solution et non la ventilation. Booth met alors au point des ventilateurs qui aspirent l’air. Ailleurs à Londres, on voit déambuler dans les rues des machines similaires installées sur de petites voitures tirées par des chevaux. À l’instar des marchands des quatre saisons, leurs conducteurs s’époumonent à dire «l’homme aspirateur ! l’homme aspirateur !». Seuls les riches peuvent se les offrir quelques fois par an. Le high-tech de l’époque Il faudra attendre trente ans plus tard pour que l’aspirateur soit réellement popularisé. C’est la firme Hoover qui a commencé à vendre son «Modèle O», la première version de l’aspirateur sur roulettes et muni d’un sac. D’autres firmes ont suivi, chacune avec son propre prototype. Ces fabricants étaient les high-tech de leur temps, tout comme aujourd’hui Microsoft. Dans les années 40 et 50, les potentiels de prouesses de l’aspirateur semblaient infinis. On leur adjoignait des accessoires à multiples fonctions : pour massage, pour aiguiser des couteaux et même nettoyer le plancher avec de l’eau. Electrolux se vantait de posséder une machine capable d’aspirer un chien ! Et comme les enfants sont d’excellents consommateurs, on a créé un jouet «Vacuum Cleaner». C’est dire l’importance du marketing, déjà à cette époque. En 1950, après avoir vu un épisode de la série télévisée I Love Lucy (où l’on voyait la célèbre Lucy Ball faire du porte-à-porte pour vendre des aspirateurs), la compagnie Hoover a signé un accord avec les producteurs de l’émission pour avoir l’une de ses machines sur le petit écran. Quant à l’avenir du balai électrique, Kravitz le voit comme un sans-fil. Actuellement, ces modèles qui pèsent environ huit kilos opèrent à l’aide de batteries, avec autant d’efficacité que ceux branchés sur une prise de courant. De toute façon, même lorsqu’on n’arrête pas le progrès, on doit continuer quotidiennement les opérations de nettoyage.
WASHINGTON-Irène MOSALLI Comme il n’y a pas de sot métier, il n’y a pas d’objet sot. Le plus ordinaire, le plus terre à terre peut avoir son heure de gloire. Et quoi de plus terre à terre qu’un aspirateur. Pour savoir si bien mordre la poussière et rendre moult autres services domestiques, le balai électrique a mérité de la recherche. Tout récemment, la Librairie des...