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Actualités - BIOGRAPHIES

L’esprit dans lequel elle a vécu continue d’imprégner son couvent de Jrebta

À Jrebta, sur les hauteurs de Batroun (Liban-Nord), se dresse le couvent Saint-Joseph que la bienheureuse Rafqa, qui doit être canonisée demain, dimanche, avait fondé avec une poignée de compagnes. Tout est prêt dans ce couvent pour célébrer la canonisation de celle qui est considérée, depuis longtemps déjà, elle l’était même de son vivant, comme une sainte personne. L’esprit dans lequel a vécu sainte Rafqa continue d’imprégner l’endroit dans lequel elle a terminé ses jours en 1914, dans des souffrances qui ne lui ont jamais pesé puisque qu’elle les avait appelées de ses vœux. «Prière, sacrifice et austérité», tels étaient les trois principes qu’elle répétait toujours aux religieuses qui étaient en sa compagnie. Et elles les suivent toujours. C’est en 1897 que Rafqa, en compagnie de cinq autres religieuses, a été transférée du couvent Mar Semaan (Saint-Siméon) à Aïto (près de Zghorta au Liban-Nord), au couvent, alors nouvellement construit, de saint Joseph à Jrebta, dont elle est devenue l’une des principales fondatrices. L’idée de construire ce couvent était celle du père Gnatios Doumit : il le destinait à sœur Ursula Doumit du couvent de Aïto, qui n’était autre que sa propre sœur et à qui on avait prescrit de vivre plus près de la côte en raison de ses rhumatismes. Les cinq sœurs qui devaient prendre place dans ce couvent ont insisté pour que Rafqa les accompagne malgré sa maladie, car elles éprouvaient pour elle une immense affection et avaient confiance en la bénédiction que leur procurait sa présence. En arrivant au couvent, Rafqa souffrait déjà de divers maux et était devenue presque aveugle, ayant perdu un œil par la faute d’un médecin. Deux ans plus tard, c’était la cécité totale. Une hémorragie interne est venue s’ajouter au lot, faisant perdre à Rafqa beaucoup de poids. Cela l’empêchait-elle de se mêler à ses sœurs ? «Nullement puisque, ignorant ses multiples handicaps, elle insistait pour aider aux tâches quotidiennes : vaisselle, couture…», raconte sœur Martha du couvent Saint-Joseph. «D’un point de vue spirituel, elle était continuellement en prières. Bien qu’elle fût la plus éduquée et imprégnée d’une très grande spiritualité, Rafqa n’en était pas moins très humble, s’effaçant volontiers devant les autres». Bientôt, Rafqa devait également perdre l’usage de ses membres, devenant progressivement handicapée. Ce n’est qu’en 1927, après que sa dépouille eut été transportée de son tombeau initial, dans le cimetière du couvent, à l’église, que les médecins, examinant ses restes, ont compris qu’elle était atteinte de tuberculose des os. C’était à l’issue de ses premiers miracles. «De son vivant, nul ne l’a entendue se plaindre, raconte sœur Martha. Au contraire, elle riait de son état et avait beaucoup d’humour. C’est elle qui remontait le moral des sœurs quand elle devinait, à leurs voix, qu’elles avaient des soucis. Et les sœurs s’étonnaient : comment une personne aveugle et handicapée pouvait-elle être si sereine ? Comment pouvait-elle les consoler à elles, qui étaient en mesure de voir, alors qu’elle-même était aveugle ?». L’un des traits dominants de Rafqa était de dédier ses prières aux blessures de Jésus-Christ, elle qui avait voulu se rapprocher de lui par ses maux. Une grosse blessure à l’épaule et qui a saigné durant cinq ans sans interruption lui faisait souvent dire : «Avec tes blessures, Seigneur !». À ceux qui la plaignaient, elle soulignait, non sans humour : «Je suis plus heureuse que la reine d’Angleterre, avec toutes ces sœurs qui m’assistent et qui m’aiment». Sœur Martha se base sur des témoignages selon lesquels «bien que le corps de Rafqa se soit dégradé de façon significative, son visage est demeuré extraordinairement radieux et paisible, sans que ses souffrances physiques ne s’y reflètent». Des lueurs près de son tombeau C’est le 23 mars 1914, qui tombait un lundi des cendres, que sœur Rafqa a cendu l’âme. Elle a été enterrée près des autres sœurs défuntes. Mais son premier miracle ne devait pas tarder à avoir lieu. «Des lueurs à l’origine mystérieuse ont été observées illuminant son tombeau dès les premiers jours, raconte sœur Martha. À cette époque, la mère supérieure, mère Ursula Doumit, souffrait d’un cancer de la gorge. Quelques jours après la mort de sœur Rafqa, mère Ursula est si fatiguée qu’elle interdit aux sœurs de la déranger la nuit. Or, une sœur frappe plusieurs fois à sa porte, lui demandant de se procurer de la terre près du tombeau de Rafqa, de la mélanger à des aliments et de l’avaler». Le lendemain, mère Ursula s’enquiert auprès des sœurs sur l’identité de celle qui l’avait dérangée la veille malgré son interdiction. «Il ne s’agissait d’aucune d’entre elles, poursuit sœur Martha. Soupçonnant la vérité, la mère supérieure envoie chercher de la terre près du tombeau de la sœur décédée. Après l’avoir mélangée à du lait et avalée, elle constate la disparition de l’excroissance au niveau de sa gorge. Elle est guérie». Était-ce parce qu’elle était malade que Rafqa a voulu guérir les autres après sa mort et qu’elle est devenue la patronne des souffrants ? Toujours est-il que sa réputation de sainteté s’est vite répandue. Plusieurs personnes ont eu recours au même procédé que la mère supérieure, qui leur recommandait la discrétion, et ont obtenu la guérison. C’est le 17 novembre 1985 que le pape Jean-Paul II a proclamé la béatification de sœur Rafqa. Le miracle qui avait alors été examiné par Rome avait été opéré sur une patiente cancéreuse au dernier stade de la maladie, répondant au nom de Sabat al-Bathaoui. Elle devait rentrer passer le peu de temps qui lui restait chez elle, alors que les médecins lui avaient ôté tout espoir de vie. En route, Sabat a demandé à sa famille de lui faire visiter le tombeau, comme elle l’appelait alors, avant de rentrer chez elle. Les médecins ont constaté sa guérison quelque temps plus tard. Mais c’est le miracle qui a guéri Céline Sami Rbeiz, le 23 novembre 1985, qui a vraiment mené à la canonisation de Rafqa. Céline n’avait que deux ans, mais elle était frappée d’un cancer mortel et les médecins ne lui donnaient plus longtemps à vivre. Un peu de terre du couvent de la bienheureuse Rafqa lui a été procurée par une voisine. La mère de Céline lui a alors fait avaler ce peu de terre avec des douceurs, presque de force, parce que l’enfant refusait de rien mettre dans la bouche. Peu après, la petite Céline jouait près du lit après avoir vécu pratiquement handicapée… Le miracle a été confirmé par l’Église le 1er juillet 2000. «La foi en sainte Rafqa ne s’est jamais démentie, dit sœur Martha. Aujourd’hui, nous avons entendu parler d’un nouveau miracle raconté par une dame de 71 ans aux États-Unis, appelée Mariana Karam, qui assure avoir été guérie, après avoir prié à sainte Rita et à la bienheureuse Rafqa, d’un cancer du poumon qui devait lui être fatal. Son médecin n’en revenait pas». Et puis il y a les autres, tous les autres, qui déclarent avoir été guéris par leur foi en la nouvelle sainte. Comme ce jeune homme de 22 ans qui souffrait d’un cancer métastasé de la colonne vertébrale. Ses parents visitent le couvent de la sainte à la fête de la Vierge, le 15 août 2000. Ils ramènent un peu de terre à leur enfant, inconscient, à l’hôpital. Le 18 août, il voit en rêve une religieuse en noir, accompagnée de personnages en blanc. Sur la religieuse s’enroulait sa propre colonne vertébrale et du sang s’écoulait sous ses pas. Le jeune homme souffrait en fait, à ce moment-là, d’une hémorragie interne. La religieuse lui demande alors de raconter ce qu’il a vu. La guérison qui a suivi a été constatée par des médecins au Liban et aux États-Unis.
À Jrebta, sur les hauteurs de Batroun (Liban-Nord), se dresse le couvent Saint-Joseph que la bienheureuse Rafqa, qui doit être canonisée demain, dimanche, avait fondé avec une poignée de compagnes. Tout est prêt dans ce couvent pour célébrer la canonisation de celle qui est considérée, depuis longtemps déjà, elle l’était même de son vivant, comme une sainte personne....