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Actualités - CHRONOLOGIES

Portrait du prince en exil

«Le prince habitait une grande et vieille maison, entièrement construite en bois, comme toutes les maisons de Brousse, et recouverte extérieurement d’un mauvais badigeon rougeâtre. Je n’ai jamais rien vu de plus triste que l’aspect de cette maison. Les murailles lézardées, les escaliers vermoulus, les toiles d’araignées suspendues au plafond, les cours désertes, tout présentait l’image de l’abandon et du dénuement… L’émir était alors dans sa quatre-vingt-unième année. Son attitude, la longueur de sa barbe qui, accroupi comme il était sur le sofa, lui couvrait littéralement les genoux ; ses yeux, abrités par de longs sourcils blancs qui rejoignaient ses moustaches ; le feu qui sortait de ses prunelles sans altérer le calme de sa physionomie, donnaient à son image la majesté terrible d’un vieux lion. La conversation roula presque uniquement sur les événements dont Paris venait d’être le théâtre. Le malheur du vieux roi (Louis-Philippe), sa fuite, son exil, la dispersion de sa famille ne parurent pas exciter grandement les sympathies de l’émir… «Nous en eûmes bientôt la preuve ; car lorsque nous lui eûmes dit que le roi s’était sauvé à grand-peine là Londres, il laissa échapper un petit rire strident : Hi !Hi ! qu’il accompagna de ces paroles : “Mach Allah ! Que peut dire le roi Louis-Philippe ? Il avait pris le trône à ses possesseurs légitimes, le peuple le lui a repris !” Et il cite le proverbe arabe : “Ce qui vient par Haram (usurpation et péché) s’en va par Haram !”. «J’exprimais l’espoir que ces événements de France amènerait un changement favorable dans la situation de l’émir. Il sourit doucement : “Je suis vieux !” répondit-il et, dirigeant ses regards du côté de la fenêtre ouverte, il sembla nous montrer le ciel pour nous dire : “Mon espoir est là !”. Ubicini, la Turquie actuelle, 1855.
«Le prince habitait une grande et vieille maison, entièrement construite en bois, comme toutes les maisons de Brousse, et recouverte extérieurement d’un mauvais badigeon rougeâtre. Je n’ai jamais rien vu de plus triste que l’aspect de cette maison. Les murailles lézardées, les escaliers vermoulus, les toiles d’araignées suspendues au plafond, les cours désertes, tout...