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Actualités - CHRONOLOGIES

Rencontre - Les étudiants participent à une réunion administrative sur le projet de loi municipale - Murr aux jeunes : Aidez-moi à vous aider

Impliquer directement les étudiants dans les projets de lois, les consulter, mais aussi les amener à réfléchir sur les sujets qui les intéressent, c’est le pari du ministre de l’Intérieur Élias Murr. Hier, alors qu’au Parlement on se remettait à peine du séisme provoqué par le discours de Bassem el-Sabeh et qu’à Furn el-Chebbak les jeunes continuaient à protester contre le projet de fusion de l’UL, le ministre avait invité des étudiants représentant les universités du Liban pour discuter du projet de loi sur les municipalités. Très vite, la rencontre s’est transformée en un débat sur les problèmes de l’heure, Murr expliquant que son ministère n’est pas contre les étudiants et ceux-ci écoutant avec intérêt un responsable les traiter avec respect. Depuis sa nomination au ministère de l’Intérieur, il y a bientôt sept mois, le ministre Murr avait décidé d’avoir le maximum de contacts avec les jeunes, par le biais notamment de commissions spécifiques, afin surtout de briser la tradition qui veut qu’entre le ministère de l’Intérieur et les jeunes, la guerre soit déclarée en permanence. Le rendez-vous avait donc été fixé il y a plus de dix jours et l’idée directrice était de remettre aux étudiants le projet de loi sur les municipalités afin qu’ils puissent l’étudier et émettre leurs suggestions. Le ministère de l’Intérieur avait donc demandé aux dix principales universités de choisir deux étudiants chacune pour participer à la première réunion avec le ministre en présence de chefs de municipalité et de mohafez. Les dix-huit étudiants choisis pour participer à la réunion ne semblaient nullement déplacés dans l’immense salle de conférences du ministère. Au contraire, on aurait presque dit que ce jour-là, les responsables administratifs semblaient de trop dans la salle. Le ministère n’est pas votre ennemi Très à l’aise dans leurs tenues décontractées, les jeunes ont attentivement écouté le ministre avant de poser leurs questions, tournant essentiellement autour de leurs problèmes actuels : la liberté de manifester, la souveraineté, le désir d’être consultés etc. Avec un mélange de patience et de fermeté, Élias Murr a répondu à toutes les questions, expliquant aux jeunes que son ministère n’est pas leur ennemi, mais qu’il est indispensable pour eux de coordonner avec lui. «S’il arrive le moindre incident, si un étudiant est blessé, c’est moi qui serai responsable. C’est pourquoi, avant toute manifestation, il faut s’adresser au ministère et demander une autorisation. Il s’agit d’une simple formalité, destinée à permettre aux forces de l’ordre d’assurer la protection des manifestants». Est-il sûr que si les étudiants demandent une autorisation, celle-ci leur sera accordée ? «Puisque nous sommes en train de veiller à la sécurité de manifestations non autorisées, ne pensez-vous pas que nous sommes prêts à donner des permis à ceux qui les demandent ? Certes, il n’est pas question d’autoriser une manifestation en faveur de la légalisation de l’ecstasy parce que la société libanaise n’est pas encore prête à ce genre de débat, ou en faveur des raves party (j’en ai d’ailleurs interdit une qui devait se tenir au centre-ville) pour les mêmes raisons. Mais nous sommes ouverts à tout le reste». Les électeurs de demain Murr a encore rappelé que la veille (jeudi), un sit-in dans l’enceinte de la branche de l’UL à Fanar était prévu. Mais lorsque les étudiants ont voulu sortir dans la rue, le responsable de la sécurité est entré en contact avec lui pour prendre les nouvelles instructions et le ministre lui aurait demandé de ne pas intervenir bien que, selon lui, les étudiants souhaitaient provoquer les forces de l’ordre. Devant les étudiants attentifs, Murr a insisté sur la nécessité d’avoir le sens des responsabilités et d’assumer ses choix. Un jeune lui a alors demandé si réclamer la souveraineté est un acte irresponsable et le ministre a répondu vivement : «Ne faites pas de surenchère. Je veux autant que vous les libertés et la souveraineté et si je ne les voulais pas, j’aurais pris des mesures pour interdire les manifestations. De même, rien ne m’oblige à vous inviter à participer aux débats sur les projets de lois. Si je le fais, c’est parce que je suis convaincu que c’est utile. Vous représentez une tranche importante de la population et j’estime injuste de ne pas vous consulter dans les questions qui vous touchent. La loi sur les municipalités, censée donner plus de pouvoir aux élus locaux, vous concerne puisque vous serez demain les principaux électeurs…». Les étudiants ont bien reçu le message et au nom de ses camarades, l’un d’eux a même remercié Élias Murr pour son initiative, rappelant que le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur n’a jamais pris cette peine. «Monsieur le ministre, ce qui nous pousse à vouloir partir, ce n’est pas la crise sociale, mais la marginalisation qui nous frappe», lui a-t-il lancé, et Murr a opiné de la tête : «En ce qui me concerne, je ferai en sorte que vous soyez consultés aussi fréquemment que possible. Mais vous devez aussi m’aider. S’il arrive le moindre incident, je ne pourrai pas empêcher le Conseil des ministres d’interdire les manifestations et si je m’en vais, un autre ministre me remplacera…». Murr a ensuite annoncé sa détermination à ouvrir une fois par mois les portes de son ministère aux universitaires afin que ceux-ci se familiarisent à tour de rôle avec son fonctionnement. Il a même suggéré de permettre aux étudiants de s’installer aux barrages avec les forces de l’ordre. Il a aussi parlé de la sécurité routière, de la ceinture de sécurité, mais pas un mot sur la bombe Sabeh et les écoutes téléphoniques. Son ministère est pourtant directement concerné puisque, selon le nouveau projet de loi, c’est au ministère de l’Intérieur que devraient se faire les écoutes téléphoniques. Le ministre préfère attendre mercredi la réponse du gouvernement et si celle-ci ne le satisfait pas, il lancera alors sa propre bombe.
Impliquer directement les étudiants dans les projets de lois, les consulter, mais aussi les amener à réfléchir sur les sujets qui les intéressent, c’est le pari du ministre de l’Intérieur Élias Murr. Hier, alors qu’au Parlement on se remettait à peine du séisme provoqué par le discours de Bassem el-Sabeh et qu’à Furn el-Chebbak les jeunes continuaient à protester...