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Actualités - ANALYSES

Dossier régional - Mais où donc est passée l’exception libanaise ?

Amère nostalgie. Il y a encore dix ans, rappelle un ancien ministre des Affaires étrangères, la ligne officielle, adoptée dès 1978, voulait que le cas du Liban restât nettement dissocié du contentieux régional. Tout amalgame entre la 425 et la 242, alors souhaité par Israël, était prohibé à Beyrouth. Car ces résolutions étaient totalement distinctes au regard du droit international. Rendue en notre faveur par le Conseil de sécurité à la suite d’une invasion qui constituait une agression aussi indiscutable qu’injustifiée, la 425 ordonnait un retrait israélien inconditionnel. Alors que la 242, promulguée à la suite de la guerre de juin 1967 dont la responsabilité était partagée, édictait une restitution des territoires arabes occupés par la négociation. Donc sous des conditions à déterminer et à remplir de part et d’autre. En termes pratiques autant que juridiques, il n’était pas question de rogner les droits du Liban, absolument entiers, en les intégrant dans un processus de marchandage manifestement appelé à s’éterniser. Il fallait, après l’application de la 425, revenir à la convention d’armistice libano-israélienne de 1949. En attendant le règlement du contentieux général, auquel le Liban doit du reste contribuer, comme il en a admis le principe en acceptant de se rendre à Madrid. Une décision que l’on avait eu d’ailleurs du mal à faire avaler à l’époque aux leaderships sudistes. Qui craignaient justement que la 425 ne se retrouvât engluée dans la 242 sous prétexte de pourparlers globaux. L’ancien ministre rappelle également qu’au début, le président Hafez el-Assad de Syrie défendait la thèse libanaise dite de la dissociation. Tandis que Washington, où Reagan régnait encore, pensait qu’un arrangement au Liban-Sud, bien plus facile à réaliser, servirait de coup d’envoi stimulant pour un règlement de paix régional. Quant aux Israéliens, qui n’avaient pas l’intention de se retirer, ils multipliaient les conditions rédhibitoires. Exigeant, en pleine guerre intérieure libanaise, que l’État libanais mît au pas les Palestiniens. Et affirmant que la convention du Caire conclue avec ces derniers sous le président Hélou annulait ipso facto la convention d’armistice de 1949. Quoi qu’il en soit, les choses ont changé avec le temps. Pourquoi ? D’abord, estime l’ancien ministre, parce que progressivement le poids de la présence des réfugiés palestiniens, facteur directement lié au conflit israélo-arabe, et la menace de leur implantation se sont imposées dans la balance. Entraînant un glissement inévitable du cas libanais vers le dossier régional. Sans vouloir entrer dans les autres considérations qui ont pu jouer, comme l’évolution du rôle des décideurs, l’ancien responsable revient à la charge pour affirmer qu’après la libération, le Liban aurait dû se rabattre tout de suite sur la convention d’armistice de 1949. À son avis, le pays aurait ainsi fait confirmer le tracé de ses frontières internationalement reconnues. En évitant toute controverse avec l’Onu sur la ligne bleue. Mais le hic c’est que le recours à cette convention impliquerait le déploiement de l’armée libanaise dans la région frontalière. Ce que le pouvoir en place refuse.
Amère nostalgie. Il y a encore dix ans, rappelle un ancien ministre des Affaires étrangères, la ligne officielle, adoptée dès 1978, voulait que le cas du Liban restât nettement dissocié du contentieux régional. Tout amalgame entre la 425 et la 242, alors souhaité par Israël, était prohibé à Beyrouth. Car ces résolutions étaient totalement distinctes au regard du droit...