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Actualités - CHRONOLOGIES

SALON ART DÉCO - Exposition au Pavillon italien - Le verre de Murano : des techniques ancestrales

Pour la deuxième année consécutive, le Musée pour les arts décoratifs et le design de la fondation italienne Sartirana Arte présente, au Salon Art déco et technologie (qui se tient, jusqu’au 3 juin, au Beirut Hall, Sin el-Fil, de 16h à 22h), une partie de sa collection de verre de Murano. Quelque quatre-vingts pièces décoratives réalisées entre 1908 et 2000 par des maîtres verriers réputés pour l’incomparable qualité esthétique de leurs créations. Ces héritiers d’une tradition ancestrale de fabrication du verre – dont certains utilisent encore les hauts fourneaux datant de la Renaissance – cultivent cette recherche permanente de styles et de formes nouvelles qui a fait la réputation de Murano. Les vases, coupes, appliques, centres de tables, chandeliers, bibelots ou même poignées de portes exposés au Salon Art déco montrent cette diversité artistique et cet esthétisme raffiné qui s’est perpétué depuis «les premières délicates expériences (au début du XXe siècle) de Giacomo Cappellin et de Vittorio Zecchin liées à des suggestions de style renaissance, hybridées avec les nouvelles formes de l’art nouveau et de l’Art déco», indique M. Giorgio Forni, le directeur du Musée des arts décoratifs et du design de la fondation Sartinara, qui a donné hier une conférence (avec d’autres experts italiens et en présence de l’ambassadeur d’Italie) sur «Les routes du verre : dialogue des cultures et des civilisations». «Au début des années vingt, le Milanais Paolo Venini débarque à Venise avec son bagage de nouveaux produits chimiques et de nouvelles connaissances scientifiques. Il appela à son historique fournaise les noms les plus illustres de l’architecture et du design de l’époque, tels Tommaso Buzzi, Carlo Scarpa, Gio Ponti, Fulvio Bianconi et les frères de Santillana…», signale encore M. Forni, à propos des pièces exposées. Mais la route qui amena le verre à Murano remonte à bien plus loin que le siècle dernier. Historique On estime que la fabrication du verre date de 2500 avant J-C. La tradition fixe la naissance du verre comme matériel utilisé par l’homme en Égypte. Au départ, il est produit à des fins décoratives. Puis vers 1500 avant J-C, les premiers objets utilitaires en verre sont fabriqués par moulage autour d’un noyau de sable et d’argile. Ce n’est qu’au 1er siècle de notre ère que le soufflage va apparaître à Tyr. «Beyrouth est donc l’antique berceau de cet art», affirme Giorgo Forni. Cette technique qui consiste à cueillir le verre en fusion au bout d’une longue canne creuse, dans laquelle l’artisan souffle pour donner sa forme à l’objet, s’étend progressivement en Occident et s’implante, notamment en Gaule et en Italie. Un document écrit par un moine bénédictin, Dominico Fiolano, qui fabriquait des fioles à usage domestique, confirme les origines de l’art soufflé vénitien au premier millénaire. Au XIe siècle, Venise va devenir par la qualité de ses productions le centre européen de l’art du verre. Mais suite à des incendies, dus aux hauts fourneaux qui ravagèrent la ville, un décret de la sérénissime exila, au XIIIe siècle, les maîtres verriers à Murano, une île à quelques kilomètres de Venise. Secrets de fabrication Les maîtres verriers de Murano s’illustrèrent durant la Renaissance par la finesse décorative, l’extraordinaire transparence de leur production. Ils développèrent également deux techniques particulières : la filigrane (qu’on obtient par l’union de réseau de fins bâtonnets de verre opaque au verre transparent durant le travail à chaud) qui donne les motifs tressés, élaborés en filet ou en forme de spirale, et la «Murrina» qui permet d’obtenir des tissus vitraux polychromes en assemblant des «tesselles» de verre de différentes couleurs et en les soudant à chaud. Ce ne sont là que deux techniques parmi les nombreuses autres, transmises de génération en génération par un recueil des secrets de l’art du verre. Ce manuscrit transcrit du latin au XVe est d’ailleurs conservé dans un musée de Venise. Toujours fidèles aux préceptes de fabrication traditionnels, les maîtres verriers de Murano ont toujours su adapter la souplesse de leur matériau aux nouvelles sources d’inspiration. De l’extrême finesse et transparence classique, aux lignes inspirées des objets de fouilles, en passant par les verres polychromes, les bleus de cobalt, les mosaïques, les dorés, les pièces sculptées en relief, les motifs figuratifs ou abstraits… Les verres de Murano restent véritablement des créations uniques, qui méritent souvent d’être classées œuvre d’art. Certaines pièces de cette exposition du moins.
Pour la deuxième année consécutive, le Musée pour les arts décoratifs et le design de la fondation italienne Sartirana Arte présente, au Salon Art déco et technologie (qui se tient, jusqu’au 3 juin, au Beirut Hall, Sin el-Fil, de 16h à 22h), une partie de sa collection de verre de Murano. Quelque quatre-vingts pièces décoratives réalisées entre 1908 et 2000 par des...