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Actualités - CHRONOLOGIES

Nassib Lahoud : Quatre impératifs - pour sauver l’économie

Attendue comme chaque année, l’intervention de Nassib Lahoud, lors de la première journée du débat budgétaire à la Chambre, a, une fois de plus, constitué un point d’orgue de la séance. Fidèle à lui-même, le député du Metn a brossé un tableau lucide de la situation financière et économique du pays, développant une vision globale des problèmes et soulignant les insuffisances des politiques adoptées. S’il se dit contraint de désapprouver le projet de budget présenté par le gouvernement pour l’exercice en cours, il prend soin de ne pas limiter ses critiques à la seule équipe ministérielle. C’est toute la classe dirigeante qu’il interpelle afin de sauver, tant qu’il est encore temps, ce qui peut l’être. De fait, en dépit de la noirceur du bilan qu’il dresse, M. Lahoud croit encore dans les chances d’un Liban stable et prospère. Pour cela, quatre impératifs doivent être pris en compte: résorber le déficit budgétaire, aller de l’avant dans les privatisations, privilégier les secteurs productifs et, par dessus tout, améliorer l’environnement politique. Pour Nassib Lahoud, ce projet de budget, comme ses prédécesseurs, «a pour principale caractéristique d’illustrer, en profondeur, tant le problème que connaît le Liban depuis la fin de la guerre et son aggravation continue, que la lenteur et l’insuffisance des remèdes préconisés». Mais ce n’est pas tout: il y a aussi «les entraves que posent délibérément certains piliers du pouvoir soit pour s’affirmer, soit tout simplement pour empêcher les autres de réussir». Cette dernière affirmation n’est pas pour déplaire au Premier ministre. M. Lahoud enfonce le clou : «Chaque fois que des initiatives sérieuses sont prises, même lorsqu’il s’agit de rectifications symboliques et mineures au sein de l’administration ou dans les services publics, on voit se dresser les obstacles face à elles». Toujours est-il que le budget examiné est «incapable», en lui-même et «à l’ombre du contexte politique négatif», d’apporter des solutions aux problèmes du déficit budgétaire et du surendettement, pas plus qu’à la récession, estime le député. «En supposant même que le gouvernement réussisse à ne pas dépasser les 50 % de déficit – ce qui est douteux étant donné que les dépenses effectives sont appelées à franchir le cap des 11 000 milliards de livres, selon certaines estimations, alors que les recettes doivent rester en deçà des 4 500 milliards – la dette devrait encore augmenter de 3,5 milliards de dollars, pour atteindre en fin d’année 28 milliards, soit près de 165 % du PIB», a-t-il souligné. Face à un tel surendettement, M. Lahoud souligne que le Liban devrait tout faire pour éviter d’en arriver au point où il serait contraint de recourir à l’un des deux remèdes habituellement préconisés: le réchelonnement de la dette sous supervision internationale, assorti de réformes structurelles extrêment dures, ou la rectification «spontanée» et «aveugle» par les lois du marché. Dans les deux cas, insiste le député, la note serait «très douloureuse» et impliquerait une chute dramatique de la production et un rétrécissement du marché du travail, tous deux synonymes de paupérisation croissante et d’émigration. «Éviter ces solutions extrêmes est nécessaire et possible, mais exige d’apporter des solutions complexes, multiples et de longue haleine», estime-t-il. Relevant que la réduction de la sphère étatique est une condition nécessaire à l’ébauche de toute réforme, M. Lahoud déplore le retard pris par les dirigeants pour comprendre cette réalité. «Il n’est pas question d’accepter que les catégories défavorisées et moyennes soient contraintes de payer le prix de ce retard», avertit-il. Mettant en doute la politique de transformation de la dette intérieure en dette extérieure, il en conteste tout autant le principe que la réalité. Il juge d’une part «contraire à l’intérêt national» de contracter des emprunts à long terme en devises, sauf pour financer des projets productifs. Il relève d’autre part qu’au cours des trois dernières années, si le montant de la dette extérieure a triplé, en passant de 2 375 milliards de dollards à 7 250 milliards, la valeur des emprunts en livres est loin d’avoir diminué, puisque, dans le même temps, elle passe de 20 000 milliards à 28 000 milliards. Enfin, abordant le volet politique, M. Lahoud se félicite du credo du gouvernement en faveur de la défense des libertés et du renforcement de la justice – «deux conditions nécessaires à l’assainissement du climat d’investissements» –, tout en invitant le cabinet à joindre le geste à la parole. «Il faut sévir, en toute clarté et de manière permanente, et non pas dans le secret et de façon saisonnière, contre toute atteinte», lance-t-il. «Reste la stabilité politique, mais pas n’importe laquelle. Pas cette fausse stabilité qui consiste à museler, éloigner et marginaliser, mais celle qui repose sur la démocratie et le véritable consensus politique», souligne M. Lahoud. S’il reconnaît la «priorité à accorder au danger israélien», il considère que «cela n’annule pas la nécessité d’assainir les rapports» avec Damas et, d’autre part, «nous impose de ne pas nous mettre à dos d’autres parties», comme par exemple l’Onu.
Attendue comme chaque année, l’intervention de Nassib Lahoud, lors de la première journée du débat budgétaire à la Chambre, a, une fois de plus, constitué un point d’orgue de la séance. Fidèle à lui-même, le député du Metn a brossé un tableau lucide de la situation financière et économique du pays, développant une vision globale des problèmes et soulignant les...