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Actualités - REPORTAGES

NAVIRES - À bord de l’un des fleurons de la marine française - Pour la frégate « Tourville », Beyrouth - est une escale de prestige

Mission Odyssée 2001 : deux mois en Méditerranée. Dans le cadre de cette mission méditerranéenne, la frégate française «Tourville» a effectué récemment une courte escale à Beyrouth. Cette escale libanaise ainsi que le passage en Méditerranée s’inscrivent pleinement dans le sillage de la politique générale de la marine française visant à déployer ses bâtiments dans une région déterminée pour des durées significatives en favorisant la coopération avec les marines des pays amis. Partie de Brest le 11 avril, la frégate sera de retour à son point de départ le 26 juin. À l’occasion de l’escale beyrouthine, «L’Orient-Le Jour» a voulu faire découvrir à ses lecteurs cette frégate dotée d’un système d’armes antisous-marins des plus modernes et complété par des moyens de lutte antinavires et d’autodéfense antiaérienne. C’est en Méditerranée orientale que le bâtiment a pour mission essentielle d’entretenir ses capacités opérationnelles, de côtoyer les marines alliées en dehors de la zone Atlantique qui est la zone habituelle d’action et, bien sûr, de représenter la France sur mer et sur terre. Beyrouth, le point le plus à l’ouest de ce périple, est qualifié comme étant une destination prestigieuse et particulièrement attendue par l’équipage en raison des liens historiques qui unissent le Liban et la France. La frégate devait rejoindre dans le courant de ce mois le point «Shark Hunt» à Naples pour un exercice franco-américain de lutte antisous-marine. Les opérations «Trident d’or» et «Tapon», prévues respectivement à Toulon et en Espagne, devaient regrouper, ce mois-ci, des bâtiments de plus de 10 nations dans le monde, complétant ainsi la mission Odyssée 2001. L’escale à Beyrouth a été pour l’équipage une occasion de visiter les dispensaires de l’Ordre de Malte, parrain du Tourville depuis le 2 mars 1974, de manière à relier l’un de ces dispensaires, spécialisé dans la prise en charge du handicap moteur des enfants, avec le centre Mathieu Donnart de Brest. De nombreuses capacités de lutte D610. C’est son matricule. À bord, Ils sont plus de 287 personnes à travailler en équipe. C’est une grande famille, un village qu’il faut organiser et administrer. 287 personnes en mission, au service de la patrie, de la France. Tout est une question d’organisation. 22 officiers, 53 officiers mariniers supérieurs, 132 officiers mariniers, 65 quartiers-maîtres et 15 contrats courts marines. Chacun a un rôle bien spécifique à remplir. Plus de 10 services contribuent à la formation et à l’encadrement du personnel. Parmi eux, on trouve l’équipe de la lutte antisous-marine, ainsi que celle qui lutte au-dessus de la surface, l’équipe des manœuvriers, celle qui s’occupe de la navigation et de tout ce qui relève de la détection au radar, celle des commissaires et de la logistique ainsi que celle qui relève du service dit «de pont». Comment s’organise la lutte antisous-marine ? Pour faire face à d’éventuels sous-marins ennemis, le Tourville est équipé d’un système cohérent de senseurs et d’armes intégrés qui donne au bâtiment les moyens de diriger le dispositif antisous-marin d’une force navale. On trouve un sonar (appareil de détection sous-marine) multifonction dit «poisson» comprenant trois sonars à fréquences différentes ayant tous pour objectif la détection d’éventuels sous-marins. Les deux hélicoptères Lynx, armés de torpilles à autodirecteur, sont également utilisés. En 1994, le Tourville a subi une importante refonte. Profondément modernisé, c’est un bâtiment de combat puissant que possède la marine française. Action ! La simulation d’une opération contre un bâtiment «ennemi» permet d’illustrer quelque peu les capacités et potentialités de cette frégate. Qu’on en juge par cette opération fictive. Le sonar DUBV du Tourville détecte un objet immergé se rapprochant dangereusement du bâtiment. «Il faut l’identifier !», s’écrie le capitaine de frégate. «C’est un sous-marin. Un sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire ! Amiral, il est à plus de 10 nœuds ! Contact émetteur-récepteur impossible. Quels sont les ordres ?». L’amiral doit vite réagir. Il a eu le feu vert des autorités gouvernementales. Ce sont les dernières nouvelles. On a plus de temps à perdre. «Lancez l’attaque ! On n’a pas le choix». C’est l’amiral qui est maître à bord. Tout passe par lui. Les deux berceaux lance-torpilles L5 antisous-marines autoguidées se mettent en action. L’un des deux Lynx quitte le Tourville et survole le sous-marin ennemi. Grâce au sonar actif HF et à tous ses systèmes de détection sous-marine, le Lynx guette sa proie. Pendant ce temps, sur le bâtiment, la tension est à son comble : «Amiral, les deux torpilles ont atteint le bâtiment ennemi». Quelques secondes défilent. Tous sont chauffés à bloc. «Achevez le travail !», répond l’officier. Le Lynx, déjà prêt, lance une torpille. Elle touche la cible. Touché, coulé ! Le Tourville sort intact. Ouf ! On était là face à une situation extrême. C’était au service de lutte antisous-marine de régler l’affaire. «On travaille tous en équipe, on doit être toujours tous prêts à toute éventualité. Personne ne doit être tenu à l’écart. Ce n’est pas parce qu’on est manœuvrier que l’on ne doit pas être capable de se servir d’un ordinateur. Mais c’est vrai qu’à chacun sa spécialité», affirme un officier de garde. Dans un premier temps, sur un bâtiment de combat, l’important est de savoir naviguer, savoir se repérer sur une carte, grâce aux différents radars en place. Sur le Tourville, différents radars assurent une bonne surveillance. On trouve le système de navigation «veille surface», le système de «veille aérienne de longue distance» et le système de conduite de tir DRBC. Dans un second temps, il faut savoir se défendre. Sous l’eau comme sur l’eau et contre d’éventuelles attaques aériennes. Pour cela, la frégate dispose d’une tourelle de 8 missiles antiaériens Crotale, de 6 rampes de missiles antinavires, de deux tourelles (canon) de 100 mm, de plusieurs affûts de calibres différents. Tout cet armement relève du service «artillerie». Les manœuvriers, le service « commissaires », à chacun son rôle Le Tourville dispose de six ponts. À la base, on trouve les soutes et toutes les machines de propulsion. Viennent ensuite les différentes couchettes, le pont principal, les bureaux, la cabine de pilotage et de décision. «Le personnel est disposé dans les couchettes en fonction des grades». Et comment s’organise la vie à bord ? «Tous les jours, les matelots rejoignent leur service. Une minutieuse inspection du matériel est exigée. Les artilleurs vérifient si les canons et les tourelles n’ont pas besoin d’un changement de pièces…». Et en mer, est-ce qu’ils ont le droit de tirer ? «Oui, bien sûr. Plusieurs fois par semaines on essaye le matériel, histoire d’être toujours prêt». Et en quoi consiste le travail des manœuvriers, par exemple ? «Les manœuvriers, qui dépendent du service “pont”, gèrent entre autres tout ce qui touche à l’accostage et aux différentes manœuvres du bâtiment près des quais par exemple». Qu’en est-il des infrastructures alimentaires et de l’organisation logistique ? «Les infrastructures alimentaires permettent de servir près de 1 000 repas par jour. Les soins médicaux, la gestion de la solde et de la carrière du personnel sont effectués à bord et sont assurés par le service commissaire, qui s’occupe en fait de tout ce qui est administration et logistique». La vie du bord Après un stage de 5 semaines à l’école de plongée de Saint-Mandrier, les jeunes plongeurs de bord sont affectés dans les différentes unités de la marine nécessitant des plongeurs, et principalement sur les bâtiments de combat où ils deviendront expérimentés. Le Tourville compte actuellement à son bord quatre plongeurs de bord. Leurs missions principales consistent en des visites de coque de jour comme de nuit, en mer ou à quai, dans le but d’examiner les différentes parties de la coque, de déterminer les causes d’un bruit suspect, de rechercher quelque fois des charges explosives déposées par des nageurs de combat. D’autres missions comme les travaux sous-marins sont également exécutées par les plongeurs de bord. On peut par exemple leur demander de brosser le bulbe sonar pendant une longue période à quai, prendre des mesures sur les hélices ou intervenir sur tout autre élément constituant la coque d’une frégate ASM. Les plongeurs s’entraînent aussi à différentes situations lors d’exercices programmés. Les missions des plongeurs ne sont pas toujours faciles, surtout lorsque la plongée se déroule dans des conditions de visibilité nulle.
Mission Odyssée 2001 : deux mois en Méditerranée. Dans le cadre de cette mission méditerranéenne, la frégate française «Tourville» a effectué récemment une courte escale à Beyrouth. Cette escale libanaise ainsi que le passage en Méditerranée s’inscrivent pleinement dans le sillage de la politique générale de la marine française visant à déployer ses bâtiments dans...