Liban-Sud - Le rapport d’Annan place le Liban en situation d’« assiégé », - estime le président de la Chambre - Finul : Lahoud et Berry sur la même longueur d’onde

Le président de la République Émile Lahoud et le chef du Parlement Nabih Berry sont convenus de la nécessité de maintenir les effectifs de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) à un niveau satisfaisant. C’est ce qui a été annoncé hier par la présidence de la République à l’issue d’un entretien à Baabda entre MM. Lahoud et Berry. Le chef du Parlement devait par ailleurs revenir à la charge en soulignant que la réduction des effectifs des Casques bleus préconisée par l’Onu plaçait le Liban en «situation d’assiégé». Selon le communiqué de Baabda, le chef de l’État et M. Berry «sont convenus de la nécessité de maintenir un nombre suffisant de Casques bleus leur permettant de remplir entièrement leur rôle et de mettre en application les missions dont ils ont la charge en vertu des résolutions internationales». Cette position a été communiquée au représentant du Liban aux Nations unies Sélim Tadmori pour qu’il en fasse part au secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, poursuit le texte de la présidence. Par ailleurs, selon des propos rapportés par des députés qui ont été reçus hier par M. Berry place de l’Étoile, ce dernier a réitéré ce qu’il avait dit lundi devant la presse, en estimant notamment que la recommandation de M. Annan de réduction progressive des effectifs de la Finul, d’abord à 4 500 en juillet prochain, puis à 3 600 en janvier 2000 et enfin ultérieurement à 2 000, «ne constitue pas seulement une catastrophe pour la politique du gouvernement libanais, mais aussi pour la paix dans toute la région». Appelant «l’État libanais à œuvrer avec sérieux pour obtenir que la recommandation du secrétaire général de l’Onu soit reconsidérée», M. Berry a souligné, toujours selon ses visiteurs, que «la seule explication plausible à cette recommandation est que le Liban a été placé en situation d’assiégé». «Sachant que les Américains font pression pour l’envoi de l’armée au Liban-Sud afin qu’elle garde les frontières d’Israël, il convient de souligner que la confirmation de leur soutien à la recommandation de l’Onu – s’ils n’en sont pas eux-mêmes les auteurs – met en danger la sécurité du Liban, d’où le péril qui menace la paix dans la région», a poursuivi M. Berry, faisant allusion aux déclarations faites la veille par l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth David Satterfield. Ce dernier avait indiqué que son pays jugeait «approprié» le rapport de M. Annan et qu’il s’attendait à ce qu’il soit entériné bientôt par le Conseil de sécurité. Pour le chef du Parlement, cette question devrait être examinée par le Conseil des ministres de ce jeudi. «Il est clair, à la lecture du rapport du secrétaire général, que les missions confiées aux Casques bleus vont être modifiées. Cela signifie-t-il que la résolution 425 a été appliquée ? Que les fermes de Chebaa ne sont pas couvertes par cette résolution ? Le Parlement attendra les réponses à ces questions demain (aujourd’hui)», a-t-il dit. Lundi, M. Berry avait implicitement reproché au Premier ministre Rafic Hariri d’avoir échoué lors de sa récente tournée à obtenir le maintien des effectifs de la Finul au niveau de 4 500 hommes. Il a en outre réaffirmé hier que parmi les raisons qui le poussaient à s’opposer à toute réduction des effectifs de la Finul, le fait que cela aurait un impact économique négatif au Liban-Sud. «Des centaines de familles vivent de la Finul», a-t-il dit. À ce sujet, M. Berry devait reconnaître, devant les députés, que «le danger le plus menaçant aujourd’hui au Liban réside dans la crise économique». «Nous devons tous nous atteler à améliorer la situation», a-t-il déclaré.