L’incarnation de la dignité humaine

La francophonie est une manière d’être un homme parmi les hommes, un moyen d’affirmer son esprit et son âme. Elle favorise l’accès à d’autres cultures et au monde extérieur. Le langage est le seul facteur distinguant l’homme des autres êtres vivants. Ouverte sur l’Europe depuis longtemps, la langue française ne peut plus être considérée, au XXIe siècle, en termes «hexagonaux». Plus de quarante pays répartis sur cinq continents, comprenant près de 200 millions d’habitants, ont le français en partage. Ces États assurent la présence de cette langue dans toutes les parties du monde et contribuent à en faire un des grands outils de la communication internationale. La francophonie est plus forte que son poids démographique et que sa diversité géographique. L’une des langues officielles des Nations unies, elle joue un rôle de pacification, d’unification et de cohésion qui permet et facilite les contacts entre les différentes populations. En outre, elle constitue une langue de développement dans plusieurs pays. L’une des langues des affaires et du commerce au niveau international, elle favorise le progrès économique et permet la défense de toutes les identités culturelles. Elle semble être la force de demain et sert à éviter la pauvreté et l’illettrisme. Une réalité avec une âme «Cet humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre, cette symbiose des énergies dormantes de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire», telle est la célèbre définition de la francophonie, selon le poète et l’homme d’État Léopold Sedar Senghor. Elle se base sur l’affirmation commune de la foi dans la dignité de la personne humaine et dans la volonté de respecter les droits de l’homme. La francophonie est plus qu’un mot et une idée. C’est une réalité avec une âme. Le contraire de l’uniformité, elle a connu une évolution diachronique et synchronique. Étant la diversité et la rencontre de plusieurs cultures, elle incarne la chance de l’humanisme de demain. Elle représente un idéal de solidarité entre les hommes, de respect des cultures, de justice, de paix, mais aussi de progrès. C’est un défi à la mesure de notre temps. Une ambition digne des générations futures. La francophonie demeure fidèle à la promesse et à l’utopie vraie que lui assignait Stéphane Mallarmé, il y a déjà un siècle. «Non pas reproduire et subir le monde, mais devenir, tenter d’être, le grand livre auquel le monde est fait pour aboutir». Cependant, avec le développement d’une culture de masse américanisée, dont les supports techniques deviennent les nouveaux objets d’un «culte» planétaire, cette tentative serait-elle vouée à l’échec ?