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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - Michel Eddé rend hommage à Khatchig Babikian - Un homme juste et de bonne volonté au service du Liban et de sa communauté

Un vibrant hommage a été rendu à l’ancien ministre Khatchig Babikian, par M. Michel Eddé, dans le cadre d’un colloque sur la francophonie libanaise qui s’est déroulé au centre culturel d’Antélias, sous le thème : «Culture et humanisme». Un hommage (suivi des témoignages de MM. Jacques Tchoukhadarian, Abdellatif el-Zein et Dikran Djinbachian), non seulement au francophone qui avait occupé les fonctions de vice-président de l’association internationale des parlementaires de langue française, depuis l’année 1982, et jusqu’à son décès en 1999, mais aussi au politicien qui avait prouvé son engagement envers le Liban et la communauté arménienne, avec dévouement rigueur et discrétion. La conférence s’est déroulée en présence des proches de M. Babikian et de personnalités politiques et religieuses, notamment l’archevêque de Beyrouth des arméniens-orthodoxes, Kegham Khatchérian, ainsi que le représentant du catholicos Aram 1er, l’archevêque Vartan. Brossant un rapide portrait de l’étudiant surdoué qui parlait sept langues, et évoquant la carrière exceptionnelle de l’homme politique, député de Beyrouth durant quarante-deux ans et membre de sept gouvernements successifs, l’ancien ministre, Michel Eddé, a présenté Khatchig Babikian comme «un précurseur, un pionnier et un bâtisseur, qui a marqué de son empreinte la vie parlementaire, administrative, économique et culturelle de notre pays». Si le parlementaire s’est illustré par «ses talents remarquables d’orateur, sa grande capacité de travail, ses dons d’organisation, sa rigueur et son total dévouement à la chose publique», le militant a œuvré sans relâche pour «une plus grande participation et représentation des femmes dans la vie publique». Quant au ministre, qui avait compris «qu’il ne pouvait y avoir un État de droit sans une administration efficace et intègre et une justice au-delà de tout soupçon», il est devenu «un spécialiste et une référence dans le domaine de la réforme administrative». Une place de taille dans le monde francophone Considérant le français comme la seconde langue des Libanais, Khatchig Babikian s’est illustré dans le domaine de la francophonie, «pour maintenir et préserver une place privilégiée pour le Liban au sein de cette organisation». Une place qui a permis au Liban «d’enrichir sa personnalité, de mettre en relief sa spécificité et de devenir un exemple de convivialité». Michel Eddé a salué, par la suite, «l’engagement permanent de M. Babikian au service de son Église, de sa communauté, de l’entente islamo-chrétienne», ainsi que son action «au service des déshérités et des exclus», une action qui «découle d’un engagement chrétien auquel il a été fidèle durant toute sa vie». Abordant finalement l’amitié qui le liait personnellement au regretté disparu, et les points de vue communs sur le système politique que les deux hommes partageaient, M. Eddé s’est remémoré une rencontre avec le catholicos de Cilicie Karékine Sarkissian, où il avaient tous les trois souligné l’importance du «système politique de la représentation des familles spirituelles en vigueur au Liban». Un système qui avait permis aux Arméniens «de préserver leur culture, leur langue, leur tradition et leur mémoire». Un système qui avait fait des Arméniens des citoyens libanais à part entière, tout en les préservant de l’anéantissement culturel. Faisant la distinction entre le système confessionnel, qui est en fait, le clientélisme, et le système de représentation des familles spirituelles, qui consiste en une répartition équilibrée des charges de l’État entre les communautés, les deux hommes politiques avaient alors convenu que «la suppression de la représentation des familles spirituelles conduit automatiquement à une tentative d’hégémonie de la part d’un groupe donné, et à une élimination de l’autre». Ce qui ne peut que mener à la suppression de la convivialité, raison d’être du Liban. M. Eddé a évoqué, à ce propos, le regretté cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine «qui a eu le courage de reconnaître, il y a plusieurs années déjà, qu’il ne fallait plus réclamer l’abolition du confessionnalisme parce que cela mettait en danger la stabilité du Liban». M. Eddé a conclu en résumant le sentiment qu’il éprouve à l’égard du disparu, par ces mots : «Khatchig était un juste et un homme de bonne volonté». Authentiquement arménien, authentiquement libanais L’ancien ministre Jacques Tchoukhadarian a pris la parole, à son tour, parlant du vide créé par l’absence de Khatchig Babikian, qui n’a pu être comblé, car, dit-il, «rares sont les hommes de son envergure que l’histoire accorde à l’humanité». Un homme dont la compagnie était un régal pour ses amis et qui fut le pionnier des habitations populaires au Liban, pour assurer un hébergement aux familles arméniennes nécessiteuses. Un homme qui put arracher, à Taëf, le droit de la communauté arménienne du Liban à participer au pouvoir. Résumant la vie de Khatchig Babikian en cinq titres, M. Tchoukhadarian le décrit comme «une figure marquante de la scène politique, comme un diplomate de renom qui a représenté le Liban au sein de la communauté internationale, comme un homme de culture, comme un homme de dialogue, et finalement comme un homme authentiquement et entièrement Arménien, authentiquement et entièrement Libanais». Il a conclu en disant : «Le peuple arménien est fier d’avoir eu un Khatchig Babikian». Improvisant son discours, le député Abdellatif el-Zein a parlé de l’amitié qui le liait à Khatchig Babikian, «un homme dont la réussite a été le leitmotiv durant toute sa vie, un homme pour qui la foi en le Liban était un devoir sacré, car il considérait que chaque Libanais devait croire que le Liban était et resterait toujours le pays de la coexistence, de la civilisation, le pays de la culture et du savoir». Le représentant du parti Tachnag, Dikran Djinbachian, a enfin témoigné de l’admiration que portait la communauté arménienne à Khatchig Babikian, qui avait adopté une attitude de «neutralité positive» durant le conflit libanais, devenant «le chantre infatigable du dialogue, de l’entente et de l’unité nationale». Une admiration qui était renforcée par sa connaissance parfaite de la langue arabe et sa culture qui en imposaient aux autres, mais aussi par l’engagement du ministre disparu à l’égard de sa communauté, dans le respect de la justice, du droit et de l’équité. «C’est un motif de fierté pour le parti Tachnag, c’est aussi un motif d’immense tristesse de l’avoir perdu si prématurément», a conclu M. Djinbachian.
Un vibrant hommage a été rendu à l’ancien ministre Khatchig Babikian, par M. Michel Eddé, dans le cadre d’un colloque sur la francophonie libanaise qui s’est déroulé au centre culturel d’Antélias, sous le thème : «Culture et humanisme». Un hommage (suivi des témoignages de MM. Jacques Tchoukhadarian, Abdellatif el-Zein et Dikran Djinbachian), non seulement au...