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Actualités - ANALYSES

Feu vert au dialogue sur la scène politique

Un premier dénominateur commun : toutes les parties en conflit sur la scène locale conviennent de la nécessité de préserver la paix civile. Qui passe avant même le pain quotidien. Mais pourquoi ce postulat ? La paix civile est-elle vraiment en danger ? Certes non, au stade actuel. Mais comme l’ont montré les gesticulations clownesques des Ahbaches, pour peu qu’on prenne au sérieux les menaces ou les surenchères d’ordre confessionnel, un rien, un incident mineur pourrait mettre le feu aux poudres. Ou enclencher un processus d’escalade incontrôlable. Comme l’a dit M. Roed-Larsen en parlant du Sud, il suffit d’un coup de fusil pour provoquer une explosion aux conséquences incalculables. Et c’est un peu la même chose sur le plan intérieur, où les parties prenantes sont bien plus nombreuses, ce qui démultiplie les risques. Il faut donc calmer le jeu. D’autant que, comme le relève M. Michel Eddé, sans une bonne stabilisation politique, tenter de traiter la crise socio-économique reviendrait à lutter contre des moulins à vent. D’où une évidence : pour apaiser les tensions, ramener le débat à un niveau raisonnable, il faut initier un dialogue généralisé, discuter de tous les points de friction ou de litige. Pressé d’en prendre l’initiative par nombre de pôles, dont M. Walid Joumblatt, le président de la République a manifestement donné le coup d’envoi d’un tel processus en se rendant à deux reprises à Bkerké. Une démarche particulièrement appréciée à l’Est. Où, par un réflexe conditionné bien compréhensible après dix ans d’ostracisme, beaucoup avaient tendance à penser que le pouvoir voulait mettre sous éteignoir l’opinion chrétienne. Les pôles de ce camp admettent donc à présent que leurs soupçons à l’encontre de Baabda étaient injustifiés. Encore que la plupart d’entre eux sont toujours loin d’approuver les choix présidentiels, tant par rapport à la présence syrienne qu’en ce qui concerne l’affaire de Chebaa ou le non-envoi de l’armée au Sud. Mais pour l’heure, toutes les parties ou presque rivalisent de bonne volonté et acceptent d’adoucir le ton, de cesser de polémiquer à seule fin de prouver qu’elles ont raison. Il semble que pour leur part les officiels s’efforcent de faire en sorte que les radicaux de l’Est ne paraissent plus traqués et les jeunes appréhendés sous prétexte d’appliquer la loi, alors que les contre-manifestants de l’Ouest ne sont pas harcelés. C’est donc un peu donnant donnant, le catalyseur de l’opération étant le tandem d’interlocuteurs de pointe que forment désormais Baabda et Bkerké. Qui sont convenus, comme on sait, de se concerter régulièrement, via des émissaires bihebdomadaires. Il n’y aurait donc plus de la part du pouvoir cette politique de deux poids, deux mesures dont le cardinal n’a pas manqué de se plaindre auprès des autorités. L’Est est dès lors rassuré sur ce point qui lui tient à cœur : il ne constitue pour le pouvoir ni un bouc émissaire ni un souffre-douleur. Par contre, les appréhensions concernant aussi bien les relations avec Damas que le défi hezbollahi ne sont pas encore levées. D’autant moins que sur le plan dit du «choix crucial» entre la confrontation et le redressement économique, le régime a clairement opté pour un soutien sans faille, sans retenue, à la résistance active. Alors même que le Sérail, pour sa part, exige que cette dernière se retienne et ne fasse rien sans coordination préalable avec le gouvernement. Toujours est-il que, selon des sources informées, des ministres proches du régime ont reçu pour consigne de multiplier les contacts rassurants à l’Est, loin de tout tapage médiatique. Dans ce cadre, précisent ces mêmes sources, des cadres monastiques maronites ont reçu récemment la visite vespérale d’un officiel, qui s’est prêté de bonne grâce à un feu roulant de questions sur la passivité manifestée par les pouvoirs publics face aux prestations des Ahbaches. Ce ministre a expliqué la portée mineure de ce dérapage, du reste contrôlé par la suite, à preuve que les agitateurs ne se sont plus manifestés. Ajoutant que les autorités avaient réagi en souplesse, pour ne pas verser de l’huile sur le feu et ne pas exacerber les ressentiments de la rue. De son côté, le ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr, s’efforce de mieux éclairer à l’Est l’image du régime, injustement accusé selon lui d’être systématiquement hostile à ce camp... Murr a donc organisé un déjeuner-rencontre qui a groupé MM. Sleiman Frangié, Khalil Hraoui, Jean-Louis Cardahi, Farès Boueiz, Farid el-Khazen, Robert Ghanem, Neemetallah Abi Nasr et Nazem el-Khoury. L’accent a été mis par les convives sur la nécessité de consolider la paix civile par le rapprochement politique.
Un premier dénominateur commun : toutes les parties en conflit sur la scène locale conviennent de la nécessité de préserver la paix civile. Qui passe avant même le pain quotidien. Mais pourquoi ce postulat ? La paix civile est-elle vraiment en danger ? Certes non, au stade actuel. Mais comme l’ont montré les gesticulations clownesques des Ahbaches, pour peu qu’on prenne au...